EXPERTISETIC
Regards croisés d’élus sur l’e-santé
Très attentifs à l’évolution de la qualité de l’ore territoriale de soins,
les élus locaux accueillent majoritairement avec bienveillance la mise
en œuvre de projets et solutions d’e-santé. Deux parlementaires
proches du dossier ont témoigné de leurs attentes et convictions pour
la dernière édition de «Paroles d’élus». Extraits.
cine qui appelle de plus en plus souvent
un avis de second niveau et une chaîne
d’échanges et de concertation entre pro-
fessionnels de santé. Le troisième est relatif
à l’allongement de la durée de vie et à une
augmentation conséquente des maladies
chroniques et du nombre de patients qui
nécessitent un suivi régulier.
Cette conjonction de facteurs se traduit
déjà par un changement de vocation de
l’hôpital. De lieu central de la chaîne de
soin où il était indispensable de se rendre
et de rester; il devient un lieu d’interven-
tion, de ressources et de coordination où
l’on s’eorce de limiter les consultations
physiques de routine et les durées de sé-
jour. Pour alléger le poids des dépenses et
garantir une égalité d’accès au parcours de
soins, la tendance de fond est donc à la
médecine à distance et à l’autonomisation
du patient. Cela, c’est la santé connectée
qui le permet.
JCD: L’enjeu est donc aussi économique
TZ: Naturellement! Et cet enjeu écono-
mique est à double détente. La première,
que nous venons d’évoquer, est de parve-
nir à garantir et pérenniser la qualité des
soins face à une augmentation structurelle
des besoins et à des ressources nancières
contraintes. Selon une récente étude me-
née par Pricewaterhouse Coopers (PwC),
l’Union européenne pourrait réaliser dès
2017 une économie de 99milliards d’euros
- dont 11,5milliards pour la France - en
déployant et encourageant des solutions
de m-santé destinées notamment à la pré-
vention et à l’optimisation du suivi des
maladies chroniques.
La seconde est une compétition interna-
tionale pour développer des lières inno-
vantes de solutions et d’applications de
santé connectée. Sous cet angle, l’étude
de PwC démontre que l’Union européenne
pourrait parallèlement augmenter son PIB
de 93milliards d’euros, toujours grâce à
la m-santé. C’est pourquoi les industriels
du numérique dans la santé, dont Orange
Healthcare, ont récemment interpellé les
pouvoirs publics. Les enjeux sont consi-
dérables, il n’y a pas de temps à perdre.
JCD: Quels sont donc ces freins dont vous
vous inquiétez?
TZ: Si les bénéfices de la m-santé sont
potentiellement très importants, les bar-
rières d’ordre réglementaire sont encore
trop nombreuses dans plusieurs pays euro-
péens. Il faut urgemment intégrer la méde-
cine connectée aux stratégies nationales de
santé. Cela implique de poser un cadre légis-
latif adapté et d’intégrer ces interventions
dans le système de conventionnement des
actes. Souhaitons que les expérimentations
qui sont actuellement en cours en France
dans neuf Régions pilotes débouchent rapi-
dement sur une perspective de généralisa-
Bérengère Poletti,
députée des Ardennes
L’e-santé favorise
l’égal accès aux soins
Au croisement de
deux mondes pro-
fondément diffé-
rents, la médecine et
sa culture millénaire
face aux technologies numériques, la
télémédecine est une nouvelle forme
de pratique médicale entre profes-
sionnels de santé distants, qui repose
sur le partage des connaissances
médicales. Elle présente des intérêts
évidents en termes d’organisation et
de coordination des soins, mais éga-
lement d’aménagement du territoire.
La téléconsultation, la télé-expertise,
la télésurveillance, la téléchirurgie et
la téléformation sont autant de pra-
tiques qui favorisent les avancées mé-
dicales et l’égal accès aux soins dans
un pays comme la France, confrontée
dans beaucoup de ses régions, notam-
ment rurales, à une faible densité de
population et à une démographie
médicale décroissante.
Pascal Terrasse,
député de l’Ardèche
Pour un «cloud com-
puting santé»
Les systèmes d’in-
formation de santé
ne constitueront ja-
mais seuls un remède
miracle.
Un médecin n’est pas un ingénieur et
la médecine est un art que les tech-
nologies ont vocation à servir. Il faut
donc bien dissocier les notions de
processus et de protocole et s’appli-
quer à toujours mettre le premier au
service du second.
C’est sur la base de ces deux principes
qu’industriels, opérateurs et éditeurs
de logiciels doivent imaginer une solu-
tion basée sur une plateforme spéciali-
sée supportant l’ensemble des services
et applications métiers attendus des
professionnels de santé: un «cloud
computing santé» ayant vocation à
orir un accès simplié et économique
à des ressources logicielles, au suivi des
patients, à la prise en charge de situa-
tions d’urgence jusqu’à la gestion.
Retrouvez l’intégralité de ces contributions sur:
www.parolesdelus.com/collection/tome-9-2013
tion avec un modèle économique viable.
Au-delà, nous souhaiterions aujourd’hui
voir se tourner une page: celle d’un foi-
sonnement d’initiatives ministérielles et
d’appels à projets thématiques peu coor-
donnés. Ce que nous attendons, c’est un
cadre d’expérimentation et d’innovation
stable et cohérent, une «doctrine adminis-
trative d’intervention» favorable à l’émer-
gence d’une véritable lière économique
nationale de santé connectée.n
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JOURNALDESCOMMUNESDURABLES
N° 2179 - JUILLET 2014