Les troubles spécifiques du langage et des apprentissages La maîtrise du langage et de la langue française constitue un des axes structurants de l’enseignement primaire et, à ce titre, doit bénéficier de toute l’attention des enseignants. En effet, toute difficulté persistante présentée par un élève en ce domaine est susceptible d’induire des conséquences dommageables sur son développement personnel et scolaire et de compromettre l’acquisition du socle commun des connaissances et des compétences. C’est la raison pour laquelle la manifestation de difficultés requiert la vigilance d’un ajustement de l’action pédagogique. C’est dans cette perspective que le présent document a été réalisé. C’est ainsi que dans les pages 5 - 6 - 7 sont développées les informations essentielles à propos de ces troubles qu’il convient de connaître dans des fonctions d’enseignant pour agir de la façon la plus efficiente avec les élèves concernés. Pour certains enfants cependant, cette action conduite dans le cours normal des activités de la classe ou de l’école, s’avère insuffisante ou inefficace. Lorsque l’ensemble des signes d’alerte manifesté par un élève laisse à penser que les difficultés qu’il rencontre peuvent être en rapport avec des troubles spécifiques du langage oral ou écrit, il est indispensable de mobiliser les compétences d’une équipe pluridisciplinaire capable d’approfondir les examens et d’établir, dans les meilleurs délais, un diagnostic fiable. Les enfants porteurs de tels troubles nécessitent en effet une prise en charge précoce et durable. Cette présentation a été réalisée par le professeur BERQUIN coordonnateur du centre de référence des troubles du langage et des apprentissages, structure avec laquelle l’inspection académique entretient un partenariat de qualité. Les troubles spécifiques du langage oral et écrit (dysphasie, dyslexie) sont à situer dans l’ensemble plus vaste des troubles spécifiques des apprentissages qui comportent aussi les dyscalculies (troubles de fonctions logicomathématiques), les dyspraxies (troubles de l’acquisition de la coordination) et les troubles attentionnels avec ou sans hyperactivité. La circulaire interministérielle du 31 janvier 2002 relative à la mise en œuvre d’un plan d’action pour les enfants atteints de troubles spécifiques du langage oral ou écrit définit les stratégies à développer pour identifier les élèves qui sont concernés par ces troubles et les initiatives à mettre en oeuvre pour leur scolarisation. Le premier 4 pages (page 2 - 3 4) présente les pratiques à mettre en œuvre dans les établissements, les écoles, les classes pour scolariser ces élèves avec la plus grande efficience possible. Ainsi la page 3 rappelle les aides pédagogiques à mettre en place. La plupart s’inscrivent dans le cadre d’adaptations pédagogiques relativement aisées à développer dans une démarche de différenciation pédagogique désormais installée depuis plusieurs décennies. La page 4 présente un ensemble de ressources pédagogiques et théoriques sur cette problématique pour éventuellement approfondir la réflexion. La page 2, par le biais d’un tableau, met en évidence les procédures d’intervention auprès de ces élèves autour de la question du repérage, du diagnostic et des prises en charge. A cet égard, la nécessaire mutualisation des diverses professionalités convoquées pour la prise en charge des troubles conduit chaque acteur à clairement identifier le rôle et la contribution de chacun. Cette plaquette témoigne, s’il en est besoin, de l’effort du département en direction des élèves à besoins éducatifs particuliers et plus particulièrement des élèves handicapés. Celui-ci s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer l’offre de formation pour les élèves handicapés, par le déploiement des classes pour l’inclusion scolaire désormais au nombre de 52, des unités localisées pour l’inclusion scolaire au nombre de 26, l’augmentation des emplois d’enseignants référents de scolarité et à développer la formation des personnels, formation en circonscription pour les nouveaux personnels en charge d’élèves handicapés, formation dans le cadre du PDF enfin formation au CAPA-SH et au 2CA-SH. Je forme le vœu que cet outil permette de soutenir l’action des équipes confrontées à la prise en charge des élèves présentant des troubles spécifiques des apprentissages, pour produire des réponses éducatives et pédagogiques appropriées conduisant l’élève à réinvestir les apprentissages, fort d’une confiance retrouvée et du constat des progrès accomplis. Claude Legrand Inspecteur d’Académie Directeur des Services Départementaux de l’Education Nationale de la Somme 2 Adapter les pratiques pédagogiques La mise en œuvre d’adaptations pédagogiques par les enseignants des écoles, des collèges et lycées est nécessaire pour répondre aux besoins des élèves présentant des troubles spécifiques des apprentissages, pour les amener ainsi à réaliser des progrès, à acquérir les connaissances et compétences nécessaires à un parcours scolaire réussi. Souvent simples à mettre en place, ces adaptations constituent déjà une première réponse appropriée aux besoins des élèves quelle que soit la spécificité des troubles. 1 - Créer un climat de confiance pour restaurer l’estime de soi et donner du temps – Instaurer un dialogue entre l’équipe enseignante et l’élève pour cibler ses besoins particuliers et lui dire qu’ils seront pris en compte ; – Dédramatiser l’échec ; – Encourager l’élève à oser demander de l’aide ; – Faire découvrir à l’élève ses domaines de compétences et les valoriser face au groupe classe ; – Sensibiliser le groupe classe à la question de la différence et lui faire accepter la prise en charge particulière des élèves présentant des troubles spécifiques des apprentissages ; – Développer l’entraide et le tutorat en plaçant l’élève à côté d’un autre qui peut l’aider ; – Se montrer tolérant face à sa lenteur ; – Laisser du temps pour agir, expliquer, commenter, justifier, intégrer, mémoriser, copier. 2 - Proposer des outils et des aides matérielles 3 – Pour faciliter la lecture : soigner et aérer les présentations des documents (police Arial, taille 16, double interligne, espacer les paragraphes, fond en couleur et mettre de la couleur sur les mots clés, autoriser la lecture avec un outil pour suivre les lignes), autoriser la subvocalisation, proposer d’associer la lecture à la version audio du livre ; – Pour faciliter la compréhension écrite : prêter sa voix à l’élève pour lire le texte à voix haute, illustrer les mots abstraits ou les expliciter – Pour faciliter la prise d’indices et la concentration : installer l’élève face au tableau, éviter les distracteurs, cibler des objectifs précis ; – Pour aider à l’organisation : privilégier l’agenda plutôt que le cahier de texte, fournir des fiches outils (frise numérique, tables de multiplication, tableaux de conjugaison...), préférer l’emploi des cahiers plutôt que des classeurs, donner les devoirs à l’avance ; – Pour éviter la surcharge cognitive lors de la copie : accepter un graphisme malhabile, limiter la copie aux notions clés, utiliser un modèle sur le bureau, fournir des photocopies agrandies (style A3) ou les cours sur clé USB ; – Pour aider dans les repérages spatiaux, temporaux : proposer un emploi du temps en couleur, une frise chronologique, des repères de couleurs (pictogrammes, gommettes, symboles...). – Pour faciliter la mémorisation : adapter l’apprentissage des leçons aux compétences de l’élève, faire ressortir les notions essentielles lors des cours, varier les supports pour faciliter l’imprégnation (images, schémas, gestes, documents sonores, moyens mnémotechniques...). 3 - Faciliter la compréhension des consignes – Oraliser chaque consigne écrite et la faire verbaliser par l’élève ; –Donner des consignes claires avec un vocabulaire connu et concret ; – Ne pas donner de double consigne (trop longue à mémoriser) ; – Fragmenter une consigne si elle comporte plusieurs étapes. 4 - Évaluer différemment – Recourir autant que possible à l’évaluation orale ; – Lire les consignes pour ne pas pénaliser l’élève ; – Privilégier des techniques qui minimisent l’écrit (exercices à trous, à barrer, à cocher, à relier, QCM, schématisation...) ; – Laisser l’élève utiliser ses fiches outils pour être rassuré ; – Accorder un tiers-temps supplémentaire ou réduire le nombre de questions ; – Évaluer la matière et non l’orthographe, éviter d’enlever des points en orthographe ; – Formuler des appréciations positives, encourager, surtout éviter les remarques dévalorisantes. 5 - Faciliter le travail à la maison – Alléger la charge de travail à la maison ; – Faire en sorte que l’élève apprenne ses leçons à partir d’un support dactylographié structuré ; – Adapter le travail aux objectifs définis pour l’élève, limiter le nombre de mots à apprendre et le nombre d’exercices à réaliser ; – Accepter les devoirs transcrits par un adulte ou dactylographiés ; – Aider l’élève à organiser son travail (codes, couleurs) ; – Demander que l’élève n’apprenne pas seul face à sa feuille mais avec un lecteur ; sinon, lui fournir les leçons enregistrées pour qu’il puisse les apprendre en les écoutant. 6 - Liaison école-famille – Instaurer une relation de confiance réciproque avec la famille pour maintenir la cohérence des apprentissages ; – Expliciter l’organisation mise en place (aide aux devoirs …) ; – Mettre en place un outil de liaison. Enfin, il convient de noter que d’autres adaptations spécifiques complémentaires pourront être mises en place dans l’éventualité où celles-ci ne suffiraient pas. Des ressources Sites internet - Ministère de l’Education Nationale : www.eduscol.education.fr - INPES : inpes.sante.fr - Laboratoire cogni-sciences de Grenoble : www.ac-grenoble.fr - Orthophonistes : www.orthophonies.fr Des outils d’évaluation - Évaluations sur le site : www. banquoutils.education.gouv.fr - Évaluations nationales - BSEDS 5 et 6 ans : outil de dépistage des difficultés liées au langage écrit : www.bienlire.education.fr - DPL3 : Dépistage et Prévention Langage à 3 ans - QLC : Questionnaire Langage Comportement Chrevrie Muller : www.ac-grenoble.fr - REPERDYS CM1&CM2 : www. reperdys.com - ROC (CM2 – 5ème) : Repérage Orthographique Collectif : www. cognisciences.com Matériel pédagogique et de remédiation Conscience phonologique : - Mallette d’entraînement phonologique : éditions de la Cigale - Conscience phonologique et l’apprenti-lecteur : éditions Chenelière et Mc Graw-Hill 4 Travail autour du code alphabétique : - Lettres à toucher, à voir, à produire et à construire, la clé des sons : Edition Accès. Entraînement visuel : - Mallette d’entraînement visuel : éditions de la Cigale Langage oral : - Malette d’entraînement auditif et de compréhension : éditions de la Cigale Langage écrit : - Françoise Estienne : exercices d’entrainement et de remédiation en lecture, écriture, orthographe. Editions. Masson - Echelle d’acquisition de l’orthographe éditions.Retz - Ludigramm, éditions Grand Cerf - Lexibox, éditions ortho - Elisabeth Calaque: Les mots en jeu. CRDP Grenoble - Progresser en orthographe Dictées codées. Collection Progrès Bibliographie - Mazeau, M. Neuropsychologie et troubles des apprentissages - Masson Habib, M. Le cerveau singulier, Editions.Solal - Delahaie, M. L’évolution du langage chez l’enfant, de la difficulté aux troubles, I.N.P.E.S, 2004. - Khalifa, M. De l’échec scolaire au bonheur d’apprendre, Paris, L’Harmattan, 2008 - Lahalle F. Vivre avec la dyslexie. Histoire de vie, Éditions de INS HEA, 2008 Reid, G. Et Green,S. 100 idées pour venir en aide aux élèves dyslexiques, Editions.Tom Pousse Contacts Inspection académique de la Somme 4, rue Germain Bleuet BP 2607 80026 AMIENS CEDEX 1 Tel :03.22.71.25.00 [email protected] [email protected] Maison Départementale des Personnes Handicapées Centre Administratif Départemental 1 Boulevard du Port CP 70502 80037 AMIENS CEDEX 1 Numéro Azur 0 810 119 720 Tel : 03.22.97.24.10 www.somme.fr Centre de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages Hôpital Nord 80 AMIENS Tel : 03.22.66.87.32. centredereferencedulangage@ chu-amiens.fr SESSAD Les couleurs du langage 181 rue Jean Jaurès B.P 16060 80016 Amiens Association SOM’DYS Siège social 27 rue de la 3ème D.I. 80000 Amiens [email protected] www.somdys.jimdo.com Association des parents d’enfants dyslexiques (APEDYS) 14 rue des 9 Moulins 80600 DOULLENS Tel : 03.22.77.34.30 www.apedys.org Les troubles spécifiques du langage et des apprentissages 1 - Les troubles sévères du langage oral Les troubles du langage oral sont fréquents chez l’enfant. On parle de trouble spécifique du langage oral quand ils ne sont pas la conséquence d’une pathologie neurologique (épilepsie ou séquelles de traumatismes crâniens par exemple), d’un déficit sensoriel (surdité), d’une déficience mentale ou d’un trouble envahissant du développement. La plupart sont de bons pronostics, on parle de retard simple de parole ou de retard de langage et de parole. La persistance d’un trouble du langage après l’entrée en maternelle d’un enfant nécessite un bilan et souvent une prise en charge en orthophonie de manière à ce qu’il soit si possible corrigé avant l’entrée dans l’apprentissage du langage écrit. Moins fréquemment le trouble du langage peut être sévère et durable, les formes les plus graves étant les dysphasies. Comment reconnaître une dysphasie ? Il s’agit d’un trouble sévère et durable du langage oral caractérisé par une structuration déviante, lente et dysharmonieuse du langage, ainsi que par des difficultés de manipulations du code entraînant des altérations durables dans l’organisation du langage à différents niveaux (phonologique, lexical, syntaxique, sémantique et pragmatique). Les dysphasies sont des troubles du développement du langage non secondaires à une pathologie. Leur cause reste actuellement inconnue. 5 Il existe plusieurs types de dyspha- sie. Les plus fréquentes sont les dysphasies d’expression dans lesquelles le trouble concerne la production du langage (phonologie, syntaxe) alors que la compréhension du langage est normale ou peu altérée. Ce sont les formes les moins sévères. Le plus souvent, la production langagière s’améliore et permet à l’enfant de communiquer, l’évolution vers un trouble du langage écrit est pratiquement constante. L’apprentissage précoce de la lecture et de l’écriture, bien que souvent difficile, permet en général de donner un support pour améliorer la production orale. Le maintien en maternelle est donc en général inutile et inefficace. Au contraire dans les dysphasies réceptives, il existe un trouble sévère de la compréhension du langage qui va jusqu’à la surdité verbale. La rééducation et les apprentissages sont beaucoup plus difficiles chez ces enfants ce qui limite les possibilités d’intégration en classe type. Il faut privilégier des méthodes d’apprentissage proches de celles utilisées chez les enfants sourds. La précocité du diagnostic et de la prise en charge en orthophonie ainsi que la mise en place rapide d’aménagements pédagogiques ou d’une orientation spécialisée, quand elle est nécessaire, sont essentielles pour aider l’enfant à communiquer et entrer dans les apprentissages. Les dysphasies s’accompagnent souvent d’autres troubles praxiques, neurovisuels, attentionnels ou de difficultés graphomotrices mais aussi de troubles psychopathologiques associés (souvent secondaires aux difficultés de communiquer). Les enfants dysphasiques peuvent ainsi avoir des troubles du comportement, paraître agités, peu attentifs, instables voire agressifs. Le diagnostic de dysphasie nécessite donc un bilan complet et ne peut être affirmé avant l’âge de 5 ans le plus souvent. La prise en charge est nécessairement pluridisciplinaire. L’enfant dysphasique peut ne pas trouver ses mots d’une manière dramatique, mais être parfaitement capable de résoudre une opération ou de résoudre des problèmes. Il est normalement intelligent mais présente un déficit circonscrit au domaine langagier. Les enfants dysphasiques cherchent le plus souvent à communiquer par tous les moyens mis à leur disposition. Quelques moyens de repérage : - anomalies dans le déroulement des étapes du développement du langage, - pauvreté de l’expression, pas ou peu de prise de parole, - discours spontané non informatif, - inintelligibilité, - construction syntaxique difficile, - préférence pour la communication non verbale, - difficultés de compréhension des consignes orales Seul environ 1 % des élèves présentent des difficultés sévères du langage oral de type dysphasie 2 - Les troubles sévères du langage écrit Comment reconnaître une dyslexie ? Dyslexie - dysorthographie : une association quasi constante La dyslexie-dysorthographie est un trouble spécifique et durable de l’acquisition du langage écrit, suffisamment grave pour retentir sur l’intégration scolaire. Le diagnostic de certitude nécessite un retard de 18 mois à 2 ans entre l’âge de lecture et l’âge réel (mais il ne faut pas attendre pour l’évoquer et prendre en charge ces enfants), il faut également éliminer les autres causes de retard de lecture. Dyslexie : versant « lecture » du trouble de l’acquisition du langage écrit. Dysorthographie : versant « production orthographique » du trouble du langage écrit. On parle de dyslexie / dysorthographie développementale si : - L’enfant a normalement fréquenté l’école et n’a pas de carence éducative, - Le trouble n’est pas secondaire à une déficience sensorielle, mentale ou motrice, des lésions cérébrales, une pathologie neurologique, un trouble psychiatrique. La dyslexie peut être associée ou non à un ensemble d’insuffisances elles-mêmes associées entre elles ou non : - Retard de langage, - Troubles du schéma corporel, - Troubles de la latéralisation, - Troubles de l’orientation temporospatiale. La dyslexie concerne au minimum 3 à 5 % des enfants. Prédominance masculine : 2/1 6 Toute difficulté doit être prise en compte, mais tout enfant en difficulté avec la lecture n’est pas forcément dyslexique. La prise en charge doit être précoce pour éviter à l’enfant de prendre du retard sur le plan scolaire. Elle fera appel à une rééducation orthophonique et à des adaptations pédagogiques associées, lorsque nécessaire, à un soutien psychologique. 3 -Les autres troubles des apprentissages Comment reconnaître une dyscalculie ? La dyscalculie développementale est un trouble des compétences numériques et des habiletés arithmétiques comprenant aussi bien des difficultés de calcul proprement dites que des déficits dans d’autres activités numériques (manipulation des systèmes numériques, comptage, lecture, et écriture de nombres) chez des enfants d’intelligence normale sans déficit neurologique et ne présentant ni psychopathologie ni carence pédagogique. La dyscalculie se diagnostique sur les critères suivants : - Les aptitudes arithmétiques évaluées par des tests standardisés sont nettement en dessous du niveau attendu compte tenu de l’âge, du niveau intellectuel et d’un enseignement adapté. - Ce trouble a un retentissement important sur les résultats scolaires ou dans la vie courante. - Ces difficultés ne sont pas liées à un déficit sensoriel. La dyscalculie est rarement isolée, elle est le plus souvent associée à une dyslexie ou une dyspraxie. Elle peut être masquée par des stratégies d’adaptation : apprentissage « par cœur » de tables… La prévalence de la dyscalculie serait comparable à celle de la dyslexie (2 à 6%). Comment reconnaitre une dyspraxie ? La dyspraxie est un trouble développemental de la pré-programmation des gestes complexes, intentionnels et finalisés. Elle se traduit par un trouble de l’acquisition de la réalisation du geste alors qu’il n’existe ni déficit moteur ou sensitif, ni trouble majeur de la compré- hension de la consigne motrice à effectuer. Elle peut être secondaire à une pathologie neurologique précoce et souvent associée à un déficit sensori-moteur. On parle de dyspraxie développementale quand aucune étiologie n’est retrouvée. On distingue dans la dyspraxie des symptômes moteurs et visuo-spatiaux : - Le Trouble d’Acquisition de la Coordination (TAC) : la maladresse gestuelle et motrice, ellemême secondaire aux troubles des praxies. Une des conséquences sur la scolarité est la dysgraphie. - Des troubles visuo-spatiaux sont souvent associés parfois au premier plan alors qu’il y a peu ou pas de troubles du geste. On parle alors de dyspraxie visuospatiale ou visuo-constructive. Les enfants ont des difficultés à raisonner, à construire en 3 dimensions ou à dessiner. Le retentissement peut être important sur l’acquisition du langage écrit. Quand suspecter praxie ? une dys- Les plaintes scolaires : elles débutent dès l’école maternelle et concernent en premier lieu le graphisme, puis au cours de la scolarité primaire, les mathématiques. Au collège, c’est souvent la capacité de lecture qui sera jugée défaillante (plus de la moitié des enfants dyspraxiques ont des troubles de la lecture). Toutes les activités scolaires semblent bâclées, brouillonnes, on reproche à l’enfant de travailler sans soin, ce qui est souvent interprété à tort comme un manque d’attention ou de motivation. Nombre de ces enfants pourront prétendre à une scolarité longue, diplômante, de bonne qualité, d’autant qu’ils seront peu aptes à exercer un métier manuel. La prise en charge doit être précoce et coordonnée, entre la rééducation : ergothérapie, psycho- motricité, orthoptie, et les aménagements pédagogiques au niveau scolaire. Le recours aux structures spécifiques (SESSAD) est souvent nécessaire. tenir son attention sur une activité (c’est le maître symptôme) REMARQUE : Troubles spécifiques chez l’enfant intellectuellement précoce. - Une impulsivité, avec incapacité à attendre son tour et intolérance aux frustrations. Ce trouble est caractérisé par le caractère permanent (quels que soient le lieu, la situation) des symptômes, leur ancienneté (par définition avant l’âge de 7 ans, en pratique bien avant l’âge de 5 ans) et leur caractère invalidant retentissant sur les interrelations sociales, familiales et scolaires. Si la précocité intellectuelle peut s’accompagner de difficultés scolaires, elle peut aussi être associée à un trouble des apprentissages. Dans ce cas la précocité permet souvent à l’enfant de compenser en partie le trouble et le tableau est souvent atypique ce qui explique que le diagnostic soit souvent tardif. Plus de 1/3 d’élèves surdoués seraient en échec en classe de 3ème. 20% d’entre eux n’atteindraient pas le bac. L’inadéquation entre le processus de la pensée de l’enfant « précoce » et les stratégies d’apprentissages, notamment s’il existe un trouble spécifique associé, explique les difficultés, voire l’échec, plus fréquents chez ces enfants. Ces difficultés peuvent être à l’origine de difficultés psychologiques. Par ailleurs, les compensations sont mises en place au prix d’un coût psychique élevé et d’un risque d’effondrement de l’enfant n’arrivant plus à faire face aux exigences de l’école. 4 - Difficultés scolaires liées à un trouble déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) 7 Le TDAH associe trois types de symptômes (les troubles des apprentissages ne sont pas constants) : - Un déficit attentionnel, avec impossibilité de focaliser et de main- - Une hyperactivité comportementale et motrice avec incapacité à tenir en place, Le TDAH concernerait de 3 à 5% d’enfants en âge scolaire dont 50% de ces enfants en échec scolaire. Le TDAH doit être différencié des multiples autres causes possibles d’hyperactivité, en particulier des états d’agitation secondaire à des maladies somatiques, ou à des troubles psychopathologiques (anxiété, dépression, trouble oppositionnel avec provocation), l’hyperactivité des enfants autistes ou présentant une déficience mentale. De même le déficit attentionnel doit être mis en évidence. Certains enfants semblent inattentifs alors que leurs capacités attentionnelles sont normales parce qu’ils sont rêveurs, non motivés ou que leur pensée est envahie ou inhibée. La prise en charge du TDAH doit être globale et multimodale, associant : psychologue, psychomotricien, orthophonie (en présence d’un trouble d’acquisition du langage écrit) et des aménagements pédagogiques. Le recours à un médicament n’étant indiqué que lorsque ces mesures sont insuffisantes et les conséquences graves sur les apprentissages ou le comportement. Professeur Patrick Berquin Neuropédiatre Responsable du CRTLA - CHU d’Amiens Contacts Inspection académique de la Somme 4, rue Germain Bleuet BP 2607 80026 AMIENS CEDEX 1 Tel :03.22.71.25.00 [email protected] [email protected] Maison Départementale des Personnes Handicapées Centre Administratif Départemental 1 Boulevard du Port CP 70502 80037 AMIENS CEDEX 1 Numéro Azur 0 810 119 720 Tel : 03.22.97.24.10 www.somme.fr Centre de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages Hôpital Nord 80 AMIENS Tel : 03.22.66.87.32. centredereferencedulangage@ chu-amiens.fr SESSAD Les couleurs du langage 181 rue Jean Jaurès B.P 16060 80016 Amiens Association SOM’DYS Siège social 27 rue de la 3ème D.I. 80000 Amiens [email protected] www.somdys.jimdo.com Association des parents d’enfants dyslexiques (APEDYS) 14 rue des 9 Moulins 80600 DOULLENS Tel : 03.22.77.34.30 www.apedys.org Centre de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages photo © Judy Baxter — http://www.flickr.com/photos/judybaxter/1118308907/ Mis en place en 2003 au CHU d’Amiens dans le cadre du plan national d’action concernant les troubles spécifiques du langage et des apprentissages, le CRTLA est coordonné par le Pr Patrick Berquin. Il est composé d’une équipe pluridisciplinaire comprenant 2 neuropédiatres (Patrick Berquin et Alain de Broca), un pédopsychiatre référent (Pr Christian Mille), un orthophoniste (Laurent Lesecq), 2 neuropsychologues (Thierry Bourgueil et MariePierre Vernier-Hauvette), une psychologue clinicienne (Evelyne Daubenton), un psychologue expérimentaliste (Laurent Querné) une psychomotricienne (Laurence Boutry) et une secrétaire (Karine Portier). Il est intégré dans le service de neuropédiatrie au sein du pôle femme-mère-enfant. Ses missions sont multiples : 8 D’abord clinique : bilan diagnostique et évaluation des compétences d’enfants suspects de troubles spécifiques du langage ou des apprentissages. Le CRTLA n’a pas pour vocation à recevoir tous les enfants en difficulté scolaire, ni à confirmer un diagnostic. Il s’agit d’un centre ressource dont la vocation est d’apporter une aide aux professionnels de santé et de l’éducation nationale pour le diagnostic et l’évaluation de troubles sévères ou complexes nécessitant un bilan spécialisé. Le CRTLA ne reçoit donc des enfants que s’ils sont adressés par des professionnels de santé et/ou de l’éducation nationale (médecin scolaire, psychologue scolaire) ou de la MDPH et non pas à la demande de parents. Certains troubles nécessitent à l’évidence un bilan spécialisé et pluridisciplinaire en centre de référence : les troubles sévères du langage oral (notamment les enfants suspects de dysphasie), les dyspraxies, le trouble déficit d’attention hyperactivité et les troubles complexes des apprentissages (c'est-àdire associant au moins 2 troubles spécifiques). Les troubles spécifiques du langage écrit ne justifient d’un bilan au CRTLA que s’il est évoqué un trouble associé (dyspraxie par exemple) ou s’ils restent particulièrement sévères malgré une prise en charge bien conduite. Le CRTLA est associé à un laboratoire de recherche universitaire le GRAMFC (Groupe de Recherche sur l’Analyse Multimodale de la Fonction Cérébrale) et participe à l’enseignement en faculté de médecine, de psychologie et à l’école d’orthophonie. L’équipe du CRTLA participe également à de nombreuses formations régionales et nationales. Professeur Patrick Berquin Neuropédiatre Responsable du CRTLA - CHU d’Amiens Textes réglementaires de référence - Rapport Ringard 2000. - Plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage, mars 2001. - Circulaire 2002-024 du 31 janvier 2002: mise en œuvre d’un plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage oral et écrit. Bibliographie - Mazeau M. Neuropsychologie et troubles des apprentissages, - Masson Habib M. Le cerveau singulier, Editions.Solal - Delahaie M. L’évolution du langage chez l’enfant, de la difficulté aux troubles, I.N.P.E.S, 2004. - Khalifa M. De l’échec scolaire au bonheur d’apprendre, Paris, L’Harmattan, 2008 - Lahalle F. Vivre avec la dyslexie. Histoire de vie, Éditions de INS HEA, 2008 Reid G. et Green S. 100 idées pour venir en aide aux élèves dyslexiques, Editions.Tom Pousse, 2008 Contact Centre de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages Hôpital Nord 80 AMIENS Tel : 03.22.66.87.32. centredereferencedulangage@ chu-amiens.fr