d’autres marchands, à concurrence, par exemple, du double de son stock d’or. Cette situation
est représentée par le second bilan2.
Bilan (2) de l’orfèvre
Actif Passif
Or
Prêts
27 écus
54 billets d’écus
Billets en circulation 81 écus
Total 81 écus Total 81 écus
Le problème monétaire est résolu : la masse monétaire en circulation s’accroît. L’orfèvre
s’est mué en banquier. Il prête et perçoit un intérêt. Non sans risque. Si tous les détenteurs de
billets viennent un beau matin retirer leur or, la banque saute : la «couverture or» est
partielle (1/3).
Petit à petit, les banques privées se substituent à l’orfèvre. En cas de crise ou de tension sur
le plan national ou international, l’insécurité grandit. La situation des banques devient
critique. Voilà pourquoi des Banques centrales reprennent la fonction de l’orfèvre. La
Banque de Suède voit le jour en 1668, la Banque d’Angleterre en 1694, la Banque nationale
de Belgique, beaucoup plus tard, en 1852.
1.2.3. La monnaie scripturale
Une entreprise, un ménage, une université… peuvent déposer en banque une certaine somme
de billets (monnaie fiduciaire) et ouvrir pour le même montant un compte à vue. L’orfèvre
du moyen âge échangeait des billets contre des pièces d’or ; le banquier moderne
métamorphose la monnaie fiduciaire en monnaie scripturale.
La monnaie scripturale est donc constituée de comptes à vue auprès d’institutions
financières tels que banques, caisses d’épargne, organismes de crédit.
La monnaie scripturale est de la monnaie. Elle a donc une liquidité parfaite. Elle peut servir
directement à des paiements, sans être convertie en aucune autre forme monétaire. Une seule
chose la distingue de la monnaie fiduciaire : elle n’a pas cours légal. C’est-à-dire qu’un
agent économique peut refuser d’accepter un paiement par carte bancaire. La différence
juridique existe. Sur le plan des faits, la monnaie scripturale est de plus en plus utilisée
comme moyen de paiement. Les transactions monétaires entre entreprises se font à l’aide de
virements : on débite un compte pour en créditer un autre. Les ménages et les entreprises
paient par carte bancaire. Tout cela est possible parce qu’il y a au départ un compte à vue.
Le chèque, le bulletin de virement, la carte bancaire, ne sont pas «en soi» de la monnaie. Ils
permettent l’accès à la monnaie. Néanmoins on utilise parfois l’expression «monnaie
électronique» ou, en anglais, «plastic money». C’est un non-sens. Les cartes permettent
l’accès à la monnaie fiduciaire ou scripturale. Avec une carte de banque, vous pouvez
obtenir de la monnaie fiduciaire ou payer votre essence. Dans les deux cas, votre compte à
vue sera débité. Lui seul peut être considéré comme monnaie.
Comment se crée et se détruit de la monnaie scripturale ? Il faut d’abord un dépôt primaire,
c’est-à-dire une métamorphose de monnaie fiduciaire en monnaie scripturale par un agent
économique non bancaire. La banque se substitue à l’orfèvre, les billets se transforment en
2 Les prêts de 54 billets d’écus figurent à l’actif car c’est une «richesse» dont dispose l’orfèvre, même s’il n’en dispose pas immédiatement
(il faut qu’il se fasse rembourser). Sous quelle forme est ce prêt ? Sous la forme de billets en circulation. C’est ce que nous indique le assif
qui a augmenté de 54 billets en circulation.