20 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011
Les douleurs chez les patients atteints de cancers du poumon :
physiopathologie, diagnostic et traitement
ONCO-PNEUMOLOGIE
Les radiculopathies douloureuses sont dues à des
compressions, des distorsions ou des inflamma-
tions des racines nerveuses, par exemple lors des
métastases vertébrales ou épidurales. L’atteinte de
la paroi thoracique entraîne des lésions intercos-
tales étagées. Les douleurs postzostériennes sont
fréquentes chez les patients atteints du typique
syndrome douloureux radiculaire dans la région
infectée. La plexopathie brachiale maligne est plus
souvent observée chez les patients présentant un
cancer du poumon que dans les cas d’autres localisa-
tions cancéreuses. L’infiltration tumorale de la partie
haute du plexus est moins fréquente et se manifeste
par des douleurs de l’épaule, de la région latérale
du bras et de la main. Les patients présentant cette
atteinte plexuelle sont à haut risque d’extension
épidurale avec l’invasion des racines nerveuses et
des vertèbres et de panplexopathie avec syndrome
de Claude Bernard-Horner (11).
Le hoquet, cette contraction brutale coordonnée
de tous les muscles inspiratoires, rapidement suivie
par la fermeture des voies aériennes supérieures,
est le plus souvent d’origine œsophagienne (13).
Lorsqu’il devient chronique, d’une durée supérieure
à 48 heures, le hoquet peut être le signe d’une
affection sous-jacente comme un cancer pleural ou
pulmonaire ou encore survenir lors d’épanchements
pleuraux et de pleurésies diaphragmatiques. Le trai-
tement passe par celui de sa ou de ses causes. Sur le
plan symptomatique, certains médicaments ont été
utilisés, tels les neuroleptiques, les antidépresseurs
tricycliques, les anticonvulsivants et le baclofène.
Douleurs engendrées par les traitements
La chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie
peuvent être impliquées dans la genèse de douleurs.
Les chimiothérapies induisent des neuropathies qui
se manifestent par des acroparesthésies doulou-
reuses et des pertes de sensibilité pendant et après
le traitement, surtout en cas de traitement par
vinca-alcaloïdes, cisplatine ou paclitaxel. L’affection
sous-jacente peut produire des neuropathies par
atteintes lésionnelles nerveuses, probablement du
fait d’un mécanisme auto-immuno-inflammatoire.
Ces formes paranéoplasiques habituellement asso-
ciées aux cancers à petites cellules sont des neuropa-
thies sensorielles caractérisées par des paresthésies,
des pertes de sensibilité et une ataxie sensitive (11).
Les douleurs secondaires aux irradiations sont dose-
dépendantes et intéressent les plexus par toxicité
directe sur les axones et les vasa nervorum et par
micro-infarcissements des nerfs. La plexopathie
survient dans 1 % des cas. Les syndromes plexo-
pathiques post-irradiation ont été décrits chez les
patients traités (1,8 à 4,9 %), particulièrement chez
les patientes présentant des cancers du sein. La
plexopathie post-radiothérapique peut être transi-
toire ou progressive avec un délai d’installation de
4 mois après l’irradiation (14). Les signes cliniques
en sont des paresthésies et un déficit moteur de la
main. Les douleurs axillaires surviennent dans 60 %
des cas. Le syndrome s’améliore après 3 à 6 mois,
même si une paralysie reste possible (11). La toxi-
cité directe intéresse les cellules de Schwann avec
démyélinisation. Les dégâts dépendent des doses,
des fractionnements et de l’association avec une
chimiothérapie. Les lésions des petits vaisseaux
et la fibrose constituée autour des nerfs peuvent
engendrer des troubles neurologiques tardifs (14).
Les signes prédominants sont, davantage que des
douleurs, des changements de sensibilité, une
fatigue, des lésions cutanées, un lymphœdème.
Ces troubles vont du simple inconfort à la para-
lysie complète, parfois douloureuse, avec même des
sensations fantômes du bras et une algohallucinose.
Même s’il reste nécessaire de distinguer la plexo-
pathie radio-induite et celle inhérente au processus
malin, leur coexistence n’est pas rare (14). Les indi-
cateurs de la croissance tumorale sont la présence de
douleurs (89 % des patients irradiés avec infiltration
néoplasique et 18 % des patients présentant une
plexopathie iatrogénique) et un syndrome de Claude
Bernard-Horner (56 % versus 14 %, respectivement).
En revanche, la présence de dysesthésies et d’un
lymphœdème avertit souvent de dommages nerveux
engendrés par l’irradiation. En outre, en faveur de
l’irradiation, on peut noter des myokymies, souvent
mentionnées au niveau du muscle court abducteur
du pouce et du pronator quadratus (7).
Les lésions de la partie inférieure du plexus se tradui-
sent par des douleurs et des troubles de la sensibi-
lité au niveau du coude, de la région médiane de
l’avant-bras et des doigts externes. Elles sont le fait
d’une invasion néoplasique, tandis que l’atteinte de
la partie supérieure du plexus, moins fréquente, se
traduit par des douleurs de l’épaule et de la partie
latérale du bras et de la main (11). On avance l’ex-
plication suivante : les os et les tissus mous proté-
geraient le plexus inférieur. L’IRM est supérieure
au CT scan pour différencier les plexopathies après
irradiation des lésions néoplasiques. Mais, parfois,
une biopsie diagnostique est indiquée, afin de distin-
guer une fibrose d’une infiltration tumorale autour
du plexus.