Le 07 mars 2017
Communiqué de presse
Diagnostic des rejets de greffes de cœur : une équipe française démontre
l’intérêt d’une nouvelle méthode, le microscope moléculaire
Une équipe AP-HP/Inserm/Paris Descartes démontre que l’analyse ultra-fine des gènes exprimés par les
cellules du cœur par une nouvelle technique appelée « le microscope moléculaire » permet d’identifier de
manière précise et très précoce les patients qui présentent un début de rejet de greffe de cœur.
C’est la première fois que cette technique est appliquée à large échelle dans le rejet humoral cardiaque.
Les résultats de cette étude font l’objet d’une publication le mardi 07 mars 2017 dans la revue Circulation.
Ils constituent une avancée majeure pour améliorer la longévité de la greffe cardiaque et par conséquent
celle des patients.
Avec le vieillissement de la population, on observe une augmentation des patients en insuffisance cardiaque
terminale, 1ère cause d'hospitalisation chez l'adulte en France et responsable de 32 000 décès par an.
La transplantation cardiaque reste actuellement l'unique alternative à l'insuffisance cardiaque terminale.
Malgré l'amélioration de la prise en charge des patients transplantés cardiaques, le rejet demeure un
problème majeur menant à la détérioration et à la perte du cœur greffé ainsi qu'à une augmentation de la
mortalité.
L’équipe, coordonnée par le Dr Alexandre Loupy de l’hôpital Necker-Enfants malades -AP-HP, Inserm U970,
Université Paris-Descartes- a analysé, en collaboration avec quatre autres centres français -Hôpital Pitié
Salpêtrière AP-HP, Hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, Nantes, Rouen- et un centre canadien
(Edmonton Canada) les prélèvements cardiaques de 240 patients transplantés.
L’analyse des gènes exprimés par les cellules cardiaques a permis d’identifier un profil spécifique chez les
patients présentant un rejet, mais également le niveau de gravité de ce rejet ainsi que les mécanismes
biologiques impliqués. Cette signature génétique permettra à terme d'adapter les traitements afin de limiter les
conséquences du rejet en agissant spécifiquement sur les mécanismes par des thérapies ciblées.
« L'originalité de notre approche et d’ajouter aux techniques classiques d’examen du greffon cardiaque
l’analyse fine de l’expression des gènes et de déterminer une signature spécifique caractérisant le rejet
cardiaque. Des gènes communs ont été identifiés, révélant des voies de signalisation clés impliquées dans le
rejet. Cette étude ouvre une nouvelle dimension dans la détermination de l'activité de la maladie, des lésions
et du stade de la maladie par une médecine de précision à l’échelle moléculaire » précise le Dr Alexandre
Loupy.
Les résultats de l’analyse du microscope moléculaire sont conjugués avec des résultats cliniques et
immunologiques au sein d’équations mathématiques permettant d’améliorer encore le diagnostic du rejet.
« Cette approche intégrative combine des données de cardiologie, de génétique, de statistiques,
d’immunologie, d’histopathologie pour aboutir à une médecine personnalisée » s’enthousiasme le Pr Xavier
Jouven, chef du pôle de cardiovasculaire rénal et métabolique de l’Hôpital européen Georges Pompidou, AP-
HP et directeur de l’équipe de recherche au sein de l’unité Inserm 970.
L'intégration du microscope moléculaire aux techniques de diagnostic standard ouvre de nouvelles
perspectives, dans l’amélioration de la classification internationale du rejet cardiaque et permet la
reclassification des patients suivant la sévérité de leur maladie. Cette approche de médecine intégrative
représente une nouvelle stratégie pour augmenter la longévité de la greffe et améliorer le pronostic des
patients.