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Introduction
Le paradoxe qui frappe le plus pour un occidental qui étudie la phytothérapie
Africaine, c’est la diversité des thérapeutiques, en regard de l’indigence de la pharmacopée
occidentale ; c’est la pauvreté des connaissances en terme de physiopathologie, mais
l’immense étendue des connaissances en terme de traitement.
Depuis les temps les plus reculés et ce dans toutes les parties du globe, l'homme
s'est efforcé de trouver dans son environnement immédiat les moyens de sa subsistance et
de son bien-être. Dès que la question vitale de l’approvisionnement en nourriture fut résolue,
il entreprit de découvrir ce qui pourrait l’aider efficacement à combattre la maladie et la
douleur sous toutes leurs formes. Il se tourna naturellement vers les plantes, et en
expérimenta empiriquement les propriétés thérapeutiques, avec les conséquences parfois
désastreuses que l’on peut imaginer. Puis les classifications apparurent, liées la plupart du
temps aux traditions magico religieuses ou chamaniques des peuples concernés. Au cours
des siècles, ces classifications s’affinèrent, s'étoffèrent, pour nous livrer sous des formes
précises et parfois très complexes les différents herbiers que nous connaissons aujourd’hui.
L'immense réserve de savoir contenu dans ces traditions fut utilisée au cours des âges par
toutes les populations du globe comme source de remèdes. Cette connaissance prit le nom
de phytothérapie, ce qui signifie : soigner avec les plantes.
S’appuyant sur le savoir des tradipraticiens, plus de 80% de la population africaine
utilise les plantes médicinales, soit pour des soins personnels, soit pour ceux de leur bétail.
Enfin, de nombreuses études scientifiques ont été entreprises dans ces régions, afin d'étudier
l'aspect botanique et thérapeutique de ces plantes, et de tenter d'intégrer leurs propriétés
médicinales dans un système de santé moderne.
Dans les pages qui suivront, nous survolerons tout d’abord rapidement l’état des lieux
de la situation sanitaire en Afrique, accompagné d’un exemple concret.
Puis, nous nous intéresserons à la médecine traditionnelle africaine et au système
culturel qui la porte et qui lui donne toutes ses particularités. Nous verrons, comme il a été
souligné en introduction, qu’elle possède un niveau de connaissance restreint dans le
domaine de la physiopathologie, mais une connaissance précise et extrêmement riche dans
le domaine de la thérapeutique. Nous risquerons une hypothèse pour expliquer pourquoi
notre système de santé occidental a développé à l’inverse une connaissance approfondie de
la physiopathologie, et stagne cependant dans le domaine de la recherche pharmaceutique.