Le CN américain

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LE CN AMÉRICAIN
Professeur au département des sciences comptables et titulaire de la Chaire d’études socioéconomiques de l’UQAM
JANVIER 2010
Le Canadien National fut privatisé en 1995 par le gouvernement libéral. Cela faisait suite aux
autres privatisations de joyaux publics qui ont eu lieu sans débat public et sans référendum,
comme cela est obligatoire dans de nombreux pays. Ailleurs, la population serait descendue dans
la rue pour s’y opposer. Nos ressources naturelles appartiennent en vaste majorité à des étrangers.
Même que Harper et Charest vendent régulièrement à des étrangers des pans économiques entiers
comme les autoroutes, l’éolien, les barrages, les pharmaceutiques, les télécommunications, etc.
Lors de la privatisation du CN en 1995, le gouvernement Chrétien n’avait imposé aucune limite
au contrôle étranger, ce qui fait qu’aujourd’hui plus de 70% de la compagnie est détenue par des
Américains. Le Canadien National n’a plus de canadien que le nom. Avec 6% des actions,
l’américain Bill Gates, l’homme le plus riche au monde, est le principal actionnaire individuel du
CN. Si on s’était limité à privatiser les trains, cela aurait été un moindre mal. Mais non, nos élus,
avec le silence de la population, ont également cédé les voies ferrées, les ponts, d’immenses
terrains, etc.
Désormais, nos trains de passagers collectifs, que l’on veut supposément encourager, doivent
demander la permission au CN d’utiliser leurs rails, leur payer des millions en frais d’usager et,
bien évidemment, doivent obligatoirement passer après les trains de marchandises. Ça limite ainsi
le nombre de trains de banlieue quotidiens qui doivent, en plus, se taper de nombreux arrêts afin
de laisser le chemin libre aux trains de marchandises. Le marché avant les services collectifs et le
transport de marchandises avant le transport des gens. En novembre 2008, le ministre fédéral
conservateur des finances Jim Flaherty a dit que les Canadiens seraient étonnés d’apprendre que
la tour du CN appartient au gouvernement fédéral. Les Canadiens seraient encore plus surpris de
savoir que le CN est maintenant détenu à plus de 70% par des Américains.
Tiens, tiens, dans La Presse du 20 septembre 2003 on a appris que la société avait ordonné à ses
employés de ne plus utiliser le mot «Canadien» dans l’ensemble de ses communications, ce qui
avait mis hors de lui l’ex ministre libéral David Collenette. Une autre crisette hypocrite pour
épater la galerie. Comme le CN est maintenant américain, l’assemblée annuelle des actionnaires
des deux dernières années a évidemment eu lieu à Memphis et à Chicago. Puis, il y a le siège
social de Montréal qui n’est plus qu’une coquille vide et le pont de Québec, un chef-d’œuvre
historique collectif, qui appartient dorénavant aux Américains, étant la propriété du CN. Idem
pour le Château Frontenac, que l’on voit partout dans la publicité touristique de la province, qui
est propriété étrangère. Lors de la privatisation du CN, le gouvernement s’est approprié la Tour
du CN à Toronto. Pour nous déculpabiliser un peu, faisons-nous accroire que c’est la faute aux
anglais du Canada qui nous ont supposément contraints à vendre à l’étranger des sociétés
étatiques québécoises.
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