Chapitre I
Précession de Larmor
I.1 Rappels sur le moment cinétique
Dans une description quantique, au moment cinétique d’une particule est associé un
opérateur vectoriel ~
Jqui vérifie la définition suivante.
Définition : Un moment cinétique ~
Jest défini comme la donnée de trois observables
(Jx,Jy,Jz) qui vérifient les relations de commutation
[Jx, Jy]=i~Jz[Jy, Jz]=i~Jx[Jz, Jx]=i~Jy
Les opérateurs Jx,Jyet Jzreprésentent les composantes du moment cinétique dans un
système d’axes cartésiens. Ces trois opérateurs ne commutent pas entre eux, mais chacun
commute séparément avec l’opérateur ~
J2=J2
x+J2
y+J2
z.
Comme toujours en physique quantique, il est essentiel de connaître les vecteurs propres
et les valeurs propres des opérateurs décrivant le système physique. Pour le moment ci-
nétique, étant donné que Jx,Jyet Jzne commutent pas entre, il n’est pas possible de
trouver une base de vecteurs propres communs. Il est par contre possible de trouver une
base de vecteurs propres communs à ~
J2et à l’une des composantes de ~
J. Par convention,
sauf indication contraire, c’est composante est toujours l’opérateur Jz.
Les vecteurs propres communs à ~
J2et Jzsont notés |jmiet vérifient les équations aux
valeurs propres
~
J2|jmi=~2j(j+ 1) |jmi
Jz|jmi=~m|jmi
1
2CHAPITRE I. PRÉCESSION DE LARMOR
Les valeurs accessibles pour les nombres quantiques jet msont restreintes. On peut
démontrer le théorème suivant
Théorème : Les valeurs possibles de jsont entières ou demi-entières : j=
0,1/2,1,3/2,2, . . . Si |jmiest vecteur propre commun ~
J2et Jz,mprend nécessairement
l’une des (2j+ 1) valeurs :
m=j, j+ 1,j+ 2,··· , j 2, j 1, j
Lorsque jprend les valeurs 0,1,2, . . . on dit que le moment cinétique est entier, et qu’il
est demi-entier lorsque j= 1/2,3/2, . . .. Le sous-espace propre correspondant à la valeur
propre ~2j(j+ 1) de ~
J2est noté E(j)et est de dimension (2j+ 1).
I.2 Hamiltonien d’interaction avec un champ magnétique
I.2.1 Rapport gyromagnétique
L’expérience montre que tout système possédant un moment cinétique ~
Jpossède un
moment magnétique associé ~
M, colinéaire à ~
Jet relié par la relation de proportionnalité
~
M=γ~
J
où la constante γest appelée rapport gyromagnétique du système.
Le magnétisme électronique possède une double origine, le mouvement orbital des élec-
trons et leurs spins. Le rapport gyromagnétique γLassocié au magnétisme orbital est négatif
est a pour expression
γL=e
2me
eest la charge élémentaire et mela masse d’un électron. Le rapport gyromagnétique γS
associé au magnétisme de psin électronique est également négatif est a pour expression
γS=2e
2me
Pour un atome ou une molécule, le rapport gyromagnétique est calculable à partir des
règles quantiques de composition des moments cinétiques et a pour expression
γ=ge
2me
gest un nombre sans dimension, appelé facteur de Landé.
I.2. HAMILTONIEN D’INTERACTION AVEC UN CHAMP MAGNÉTIQUE 3
Pour le magnétisme nucléaire, celui a pour origine unique le spin des protons et des
neutrons. Dans ce cas, le rapport gyromagnétique s’écrit
γ=ge
2mp
mpest la masse du proton. Le facteur de Landé, g, vaut 5,6pour le proton, 3,8pour
le neutron, et se calcule pour les noyaux plus complexes.
Les valeurs numériques des moments magnétiques de spin des trois particules essen-
tielles pour ce cours sont
électron Me= 0,928477 ×1023 JT1
proton Mp= 1,410607 ×1026 JT1
neutron Mn= 0,966237 ×1026 JT1
Les valeurs du magnétisme nucléaire sont environ trois ordres de grandeur plus faibles que
les valeurs du magnétisme électronique. Ceci est dû à la masse du proton, environ 2000 fois
plus élevée que celle de l’électron.
I.2.2 Hamiltonien d’interaction
L’hamiltonien d’interaction entre un moment magnétique ~
Met un champ magnétique
~
Bs’écrit de manière très simple
H=~
M·~
B
Dans le cas où le champ magnétique est constant, ~
B=B0~uz, l’hamiltonien d’interaction
est souvent appelé hamiltonien Zeeman et a pour expression
H0=γB0Jz=ω0Jz
avec la convention traditionnelle consistant à poser ω0=γB0pour tenir compte du fait
que γest négatif pour le magnétisme électronique. Suivant le signe du rapport gyromagné-
tique, on peut être ammené à prendre une autre convention pour toujours avoir ω0positif
par commodité.
Les énergies des états stationnaires de H0dépendent donc de m, qui justifie ici son nom
de nombre quantique magnétique :
Em=B0~=m~ω0
Rappelons que, dans un atome, cette levée de dégénérescence d’un niveau quantique j
est appelée effet Zeeman, et les niveaux correspondant aux différentes valeurs de m, sous-
niveaux Zeeman.
4CHAPITRE I. PRÉCESSION DE LARMOR
I.3 Précession de Larmor
Nous allons maintenant étudier le mouvement du vecteur moment magnétique moyen
h~
Midans un champ magnétique constant et uniforme. Nous utilisons pour cela le théorème
d’Ehrenfest dhAi
dt =hA
t i+1
i~h[A, H0]i
Aest un opérateur quelconque, que nous allons appliquer aux trois opérateurs Jx,Jy
et Jz.
dhJxi
dt =hJx
t i+1
i~h[Jx, H0]i
=h0i+1
i~h[Jx, ω0Jz]i=ω0hJyi
dhJyi
dt =hJy
t i+1
i~h[Jy, H0]i
=h0i+1
i~h[Jy, ω0Jz]i=ω0hJxi
dhJzi
dt =hJz
t i+1
i~h[Jz, H0]i
=h0i+1
i~h[Jz, ω0Jz]i= 0
Ces trois équations se synthétisent sous la forme
dh~
Ji
dt =~ω0× h~
Ji
~ω0=ω0~uz=γB0~uz=γ~
B
En utilisant la proportionnalité entre ~
Met ~
J, nous obtenons immédiatement l’équation
d’évolution recherchée
dh~
Mi
dt =~ω0× h ~
Mi
Cette équation est l’équation d’un mouvement de précession du vecteur h~
Miautour de
l’axe défini par le vecteur ~ω0à la fréquence angulaire ω0. Au cours de ce mouvement, la
longueur du vecteur h~
Miet sa projection sur l’axe défini par ~ω0restent constantes. Pour
le démontrer, calculons les dérivées par rapport au temps de ||h ~
Mi||2et ~ω0· h ~
Mi
d
dt ||h ~
Mi||2= 2 h~
Mi · dh~
Mi
dt != 2 h~
Mi · ~ω0× h ~
Mi= 0
d
dt ~ω0· h ~
Mi=~ω0· dh~
Mi
dt !=~ω0·~ω0× h ~
Mi= 0
I.3. PRÉCESSION DE LARMOR 5
Ces deux quantités sont nulles car le vecteur ~ω0× h ~
Miest orthogonal à ~ω0et h~
Mi.
Les deux composantes hMxiet hMyidécrivent un cercle à la fréquence angulaire ω0et
sont en quadrature de phase. En effet nous avons
dhMxi
dt =ω0hMyiet dhMyi
dt =ω0hMxi
qui donne
d2hMxi
dt2=ω2
0hMxiet hMyi=1
ω0
dhMxi
dt
dont les solutions sont
hMxi=M0cos(ω0t+φ)et hMyi=M0sin(ω0t+φ)
M0et φsont des constantes déterminées par les conditions initiales.
Ce mouvement de précession d’un moment magnétique dans un champ magnétique
constant est appelée la précession de Larmor, et ω0est la fréquence de Larmor.
Figure I.1 – Précession d’un moment magnétique moyen ~µ autour de l’axe Oz à la fré-
quence angulaire ω0.
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