Interview n°2 : Abbé Amar
L'abbé Amar est un prêtre du diocèse de Versailles. Il a une licence de
droit et a été chargé de communication d'une communauté religieuse. Il est un
des trois rédacteurs de padreblog.fr, un blog de jeunes prêtres catholiques. Il est
bien entendu présent et actif sur Twitter et Facebook. L'entretien s'est fait au
téléphone et a duré un peu plus d'une demi-heure.
Selon lui, toute personne a le droit et la liberté de se déclarer catholique sur un réseau social.
Les catholiques doivent « de manière décomplexée dire qui ils sont ». Dans ce type de
communication, l'identité compte beaucoup, car c'est elle qui est responsable de la communication.
Cela sécurise l'interlocuteur. Sans remettre en question la liberté de chaque internaute, il
recommande de déclarer sa religion « J'inviterais toujours les membres de ma paroisse à
s’identifier ». « Pourquoi avoir honte de quelque chose qui remplit leur vie ?» Ainsi, déclarer sa
religion ne doit pas être considérer comme une provocation envers les autres, mais au contraire
comme une preuve d'ouverture à ceux-ci. Il ne faut pas être sur la défensive concernant les opinions
religieuses sur les réseaux sociaux. « C'est même un devoir d'assumer sa religion ». Il est néanmoins
plus perplexe sur la nécessité de rassemblement. Il peut y avoir des convergences mais il faut éviter
de créer des ghettos nocifs pour la communauté au global et qui a ce moment-là pourrait être mal
perçu par l'extérieur. Il souligne aussi le fait que les réseaux sociaux sont des réseaux
d'individualités « Le média, c'est moi. ». Les institutions collectives (Conférences des évêques de
france...) doivent être présent d'autre part en tant que groupe. Il s'agit d'un complément aux
témoignages individuels. Cela dépend aussi des réseaux sociaux : « Pour prévenir mes réseaux
cathos, j'utilise Facebook . Pour dialoguer avec le monde, je vais sur Twitter. ». Les deux
principaux réseaux sociaux ont donc chacun une utilité différente : contacter des personnes déjà
connues avec Facebook, ou des personnes inconnues et souvent anonyme sur Twitter.
Il note la multiplication des attaques contre le catholicisme aussi bien en fréquence qu'en
intensité. Selon lui, cela provient d'avantage des spécificités des médias (anonymat, limite du
nombre de caractères..) qu'à un réel phénomène de société. « C'est un match de boxe ». Il faut être
percutant en bien ou en mal. Le fait de réagir (en justice ou non) devient dès lors nécessaire
lorsqu'un critère est rempli : « Le critère, c'est quand on attaque les personnes ». On peut y voir la
une des limites de réaction que les jeunes de CGE recherchaient. Il ne faut pas stigmatiser le débat
d'idées par des contre-attaques contre-productives mais il faut protéger la dignité des personnes
attaquées. Par exemple, l'Evêque de Soisson a eu raison de réagir dans l'affaire du groupe Facebook
utilisant son image, car il s'agissait d'une attaque personnelle. En outre, l'abbé Amar se refuse à
employer le terme de cathophobie « La cathophobie, je n'y croit pas ». Il y a certes des personnes
plus extrémistes mais il n'y a pas de persécution des catholiques sur les réseaux sociaux comme on
peut le voir dans certains pays. Il compare ces attaques avec d'autres vrais actes de cathophobie
comme la pièce « Sur le concept du visage du fils de dieu » de Castelluci, qui avait en son temps
suscité de justes réactions de la part de la communauté catholique. L'intensité de l'attaque n'est
clairement pas la même. Il conclura cependant par « la cathophobie, je n'y croit pas, pas encore »,
rappelant ainsi qu'il reste possible que ce phénomène apparaisse et qu'il faudra alors y réagir.
Il est mitigé quant à la communication du Saint-Siège. « Le Saint-Siège est arrivé de façon
un peu trop tardive » « cela pourrait être plus dense, plus intense ». On pensera notamment au fait
que le pape n'est pas vraiment présent sur Facebook. Comme Benoit XVI l'avait lui-même dit,
Internet est un nouveau continent pour l'Eglise catholique. « On entre dans ce monde et on y
apporte l'Evangile. » La communication institutionnelle se développe bien quoique trop récente. Il y
a beaucoup de prêtres qui sont sur Twitter à titre personnel.Il y a des personnalités catholiques
influentes actives sur les réseaux sociaux. « Par exemple, l'évêque de Soisson fait une homélie sur
Twitter, la tweetomélie ». Hervé Giraud, l'évêque de Soisson a été attaqué à titre personnel et a