Médecine d'Afrique Noire : 1999, 46 (6)
les deux sens (3 cas) et dans 2 cas de manière diffuse. La
douleur était toujours provoquée par une mobilisation de la
paroi, une inspiration profonde, une forte toux. Elle était
calmée par le repos absolu et le décubitus homolatéral. La
palpation du rebord costal entraînait une douleur à un point
précis correspondant à l’articulation lésée. La côte concer-
née était par ordre de fréquence la 1ère (19 fois), la 9ème
(8 fois) la 8ème (2 fois). L’état général était toujours
conservé.
Les examens biologiques effectués étaient normaux ou non
en rapport avec la symptomatologie. Les examens morpho-
logiques n’ont pas découvert de lésions susceptibles
d’expliquer cette douleur.
Dans 1/3 des cas une notion de traumatisme direct a été
notée (5 accidents de la voie publique, 3 traumatismes
chirurgicaux, 2 rixes) et une notion de traumatisme indirect
chez 5 des patients (2 toux chroniques, 3 suite à des sports
violents). Dans la majorité des cas aucune cause n’a été
retrouvée.
Chez 10 de nos patients une autre pathologie était associée :
5 colopathie
s fonctionnelles, 2 lithiases biliaires, 1 pneu-
mopathie atypique, 1 kyste biliaire, 1 kyste rénal droit.
Sur le plan thérapeutique, 25 malades ont eu une infiltra-
t i o
n de lidocaïne (10 ml à 2 %) associée à un corticoïde
local. Une disparition complète ou une franche amélioration
a été obtenue chez ces malades. A noter que 15 patients ont
nécessité 2 à 3 infiltrations à des intervalles de 7 et 10 jours
selon l’intensité de la douleur. Un traitement chirurgical a dû
être proposé une fois à cause des récidives fréquentes, mais
le patient a récusé cette indication.
DISCUSSION
Le syndrome douloureux du rebord costal a été décrit pour
la première fois en 1919 par E.F. CYRIAX (1) chirurgien
orthopédiste anglais. D’autres appellations ont suivi, côte
glissante ” slipping rib ” (2), côte claquante ” clicking rib”
(3), syndrome de l’extrémité costale ” rib tip syndrome ”
(4), syndrome de la côte douloureuse ” painful rib syndro-
me ” (5). Le mécanisme physiopathologique est bien connu
(6,7). L’extrémité chondrale luxée comprime le nerf
intercostal qui chemine sous la côte supérieure. La douleur
se propage alors en aval dans l’hypochondre droit ou
gauche dans le territoire sensitif cutané du nerf intercostal
et en amont par la racine postérieure du nerf rachidien à la
chaîne sympathique para-vertébrale et aux ganglions péri-
viscéraux. La prévalence de ce syndrome paraît faible au
vu du nombre des observations publiées à ce jour, 1 % dans
la série de MONNIN et al, 1,5 % dans notre étude. Cette
prévalence est probablement sous-estimée soit à cause de
la méconnaissance de ce syndrome, soit de la similitude
avec d’autres syndromes pariétaux, soit de son association
avec d’autres pathologies ou enfin à cause de la non-
publication de certaines observations isolées. La classe
féminine est au moins 2 fois plus touchée dans notre série.
Cette prévalence féminine a été rapportée par d’autres
auteurs (6, 7, 8).
La symptomatologie, mono-fonctionnelle, est une douleur
abdomino-thoracique déclenchée ou aggravée par certains
mouvements, évoluant depuis plusieurs mois chez un
patient dont les examens complémentaires sont négatifs, ce
qui égare souvent les médecins. L’atteinte est plus souvent
unilatérale et la 10ème côte est la localisation la plus
fréquente telle que constatée dans notre étude et rapportée
par ailleurs (7,9). La notion de traumatisme passe souvent
inaperçu. Dans notre série, la moitié des malades ne se
rappelle pas de la circonstance de survenue. La douleur fait
toujours suite à un traumatisme soit direct unique (coup de
poing, accident de la voie publique, chute, tractions vives
des écarteurs chirurgicaux) ou répété (microtraumatismes à
répétition, port régulier d’une lourde charge sur la poitrine)
soit indirect par l’intermédiaire d’une traction sur les
muscles abdominaux et inter-costaux (soulèvement d’une
lourde charge, efforts violents de traction et de pulsion,
mouvement de torsion, de flexion, d’extension brutale et
soudaine du corps dans certains sports : golf, tennis, efforts
d’accouchement, crises de toux et d’éternuements (6, 8, 10,
11).
Le syndrome de Cyriax peut simuler diverses atteintes
viscérales, thoraciques et abdominales (7), mais le vrai pro-
blème est celui de la concomitance d’autres pathologies :
reflux gastro-œsophagien, colopathie fonctionnelle, lithiase
vésiculaire. Parmi les affections de la paroi thoracique, le
syndrome de T I E T Z E est une inflammation douloureuse
des articulations chondro-costales supérieures et sterno-cla-
viculaires. La xiphoïdalgie a aussi une irradiation abdomi-
nale ou thoracique, déclenchée par des mouvements. La
pression sur l’appendice xiphoïde reproduit la douleur. Le
traitement de ce syndrome est fonction de l’intensité de la
LE SYNDROME DE CYRIAX… 332