nombre de pratiquants pour les sports non olympiques augmente dans les mêmes
proportions, avec des chiffres qui passent de 370 000 à 1 691 292.
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Toutefois, de très grandes disparités existent entre disciplines. En 1949, les premières
en nombre de licenciés sont le football (440 800), très loin devant… la boule
lyonnaise (180 000), elle-même ayant deux fois plus de licenciés que le basket
(95 000). Viennent ensuite, avec deux fois moins de licenciés, le rugby (60 000), le
cyclisme (52 000), le tennis (50 800), la pétanque (50 000), la gymnastique (47 100)
et le ski (44 000). Cette hiérarchie évolue peu pendant les Trente Glorieuses, mais
elle ne résistera pas aux mutations des années 1980.
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Il convient enfin de considérer le cas des fédérations affinitaires de manière plus
détaillée tant leur situation est variable. Malgré une modernisation de son titre en
Fédération sportive et culturelle de France, le sport catholique vit en effet des heures
difficiles en partie liées au recul de la pratique confessionnelle dans la société
française. Il en est de même pour le sport ouvrier qui doit faire face à un mouvement
persistant de désyndicalisation et de diminution globale du secteur primaire dans
l’économie, alors que la séparation des socialistes et des communistes en 1951 a pour
conséquence la scission de l’UST socialiste et de la FSGT. En revanche, la Fédération
française d’éducation physique et de gymnastique volontaire, double héritière de la
Ligue girondine de Philippe Tissié et de la Fédération hébertiste (FFEP) née sous
Vichy, connaît un succès remarquable à partir du moment où elle recentre sa
politique en direction de la gymnastique volontaire pour adultes. Bien avant la vague
de l’aérobic, elle multiplie ses effectifs par six entre 1970 et 1980, passant de 40 000 à
238 000 licenciés, en très grande majorité grâce à l’arrivée d’un public féminin. Cette
dynamique positive touche aussi, avec moins de force, les grandes fédérations
scolaires et universitaires : en effectifs cumulés, elles représentaient 15 % du nombre
total de licenciés en 1949, chiffre qui monte à 25 % en 1975. De même, l’histoire
institutionnelle du sport pour les personnes handicapées bénéficie dans cette période
d’une forte inflexion. Forts du développement de la Fédération mondiale des anciens
combattants, créée après la Première Guerre mondiale, et des initiatives, en 1944, de
l’hôpital de Stoke Mandeville, institution spécialisée dans les soins aux paraplégiques,
les Jeux internationaux de Stoke Mandeville voient le jour en 1948 et conduisent
douze ans plus tard à l’ouverture des premiers Jeux paralympiques à Rome, une
semaine après les Jeux olympiques [Bailey, 2008]. Ce rapprochement tardif avec le
monde du sport se reflète aussi en France où, en 1954, Philippe Berthe fonde
l’Amicale sportive des mutilés de France (ASMF). Après une phase de fortes tensions
institutionnelles nécessitant l’intervention de l’État et l’organisation de championnats
nationaux, de Jeux européens et de Jeux mondiaux à Saint-Étienne entre 1966
et 1975, cette structure prend finalement le nom de Fédération française handisport
(FFH) en 1977.
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Reste que, plus généralement, les données fédérales fournissent une image faussée de
Le sport, l'état et la conquête des masses (1939-1975) https://www.cairn.info/article_p.php?ID_ARTICLE=PUF_TERRE_20...
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