neurologie.com | vol. 2 n°9-10 | novembre-décembre 2010 231
Revue flash
SCP à basse fréquence peut apporter un confort de marche
non négligeable. Malgré des effets secondaires spécifiques,
principalement représentés par la dysarthrie, les troubles
posturaux, la prise de poids et les troubles psychiatriques,
le rapport bénéfice/risque est largement positif.
La stimulation du globus pallidus interne (GPi) peut être
proposée chez des patients un peu plus âgés ou avec des
altérations cognitives modérées et qui présentent des dys-
kinésies invalidantes. Elle entraîne moins de complications
posturales et neuropsychologiques. Elle est donc une alter-
native intéressante à la SCP du NST en cas de trouble
cognitif ou psychiatrique.
TREMBLEMENTS
Pour les tremblements essentiels sévères, la cible utilisée
est le noyau ventral intermédiaire du thalamus (VIM) [3].
Il fut la première cible utilisée en 1987 pour le traitement
des tremblements sévères de la maladie de Parkinson.
L’absence d’effet significatif de la stimulation de cette cible
sur la rigidité, l’akinésie et les dyskinésies dopa-induites a
limité son indication au traitement du tremblement essen-
tiel invalidant. Vingt-cinq à 50 % des patients avec un
tremblement essentiel sont résistants aux traitements
médicamenteux. Dans cette indication, la SCP permet une
amélioration de la sévérité du tremblement de 60 à 90 %.
Les effets secondaires sont rapportés chez environ 20 % des
patients et sont surtout le fait de dysfonctionnement de la
SCP, d’une mauvaise position de l’électrode ou de l’utilisa-
tion d’intensités trop élevées. Il s’agit principalement de
dysarthrie, de troubles de l’équilibre, de paresthésies et
de rares crises généralisées. Par ailleurs, un échappement
thérapeutique a pu être décrit chez un certain nombre de
patients. La SCP du VIM est également parfois utilisée dans
les formes tremblantes relativement pures et sévères de
maladie de Parkinson chez des patients âgés.
DYSTONIE
La SCP du GPi est une alternative thérapeutique proposée
dans le traitement des formes sévères et résistantes de
dystonie depuis les années 1990 [4]. Elle a transformé le
pronostic fonctionnel et vital de certains patients. En effet,
à l’exception de la dystonie dopa-sensible, les traitements
médicamenteux et la toxine botulique sont souvent d’un
apport limité.
Les meilleurs résultats ont été obtenus chez les patients
présentant une dystonie généralisée primaire, notamment
liée au gène DYT1 [5]. Dans certaines études, la SCP permet
d’atteindre une amélioration de 90 % du score de dystonie,
mais le plus souvent l’amélioration observée est de l’ordre
de 60 et 70 %. Chez ces patients, l’intervention doit être
précoce, avant le stade des complications orthopédiques.
Elle peut aussi être proposée pour les autres formes de
dystonie primaire, comme la dystonie cervicale et le syn-
drome de Meige (dystonie oro-mandibulaire associée à un
blépharospasme).
Pour les dystonies secondaires (lésion cérébrale, encépha-
lite, toxique, anoxie) ou s’intégrant dans une maladie
hérédo-dégénérative (dystonie-plus), l’efficacité de la SCP
est plus inconstante. Dans les dystonies post-anoxiques, il
semble toutefois admis que le caractère mobile de la
dystonie soit de meilleur pronostic que le caractère fixé.
Cependant, ces données doivent être davantage documen-
tées chez un plus grand nombre de patients.
La cible principale dans le traitement des dystonies est le
GPi. La stimulation à haute fréquence permet de moduler
l’activité des structures adjacentes. On utilise une largeur
d’impulsion plus élevée (90 à 210 µs), l’intensité de stimu-
lation doit être très progressivement augmentée de 2 à
8,5 V. L’effet de la stimulation est généralement différé de
quelques semaines à plusieurs mois. D’autres cibles comme
le NST ou le thalamus sont en cours d’investigation.
DYSKINÉSIES TARDIVES AUX NEUROLEPTIQUES
La SCP du GPi a montré son efficacité dans le traitement des
dyskinésies tardives secondaires à un traitement neuro-
leptique. Sur le plan médicamenteux, leur prise en charge
exige souvent l’arrêt du neuroleptique ou son remplacement
par un neuroleptique de nouvelle génération sans pour
autant garantir une amélioration des dyskinésies. Lorsqu’el-
les entraînent un handicap fonctionnel important (respira-
tion, alimentation, marche), la SCP peut trouver sa place en
cas d’inefficacité des traitements médicamenteux habituel-
lement utilisés, comme la clozapine et la tetrabenazine.
ÉPILEPSIE
La SCP pourrait être une approche thérapeutique complé-
mentaire à la chirurgie de résection dans certains cas
d’épilepsies pharmacorésistantes, en particulier lorsqu’il
existe une contre-indication à la chirurgie classique [6]. La
neuromodulation de l’activité du thalamus et des ganglions
de la base renforcerait les processus inhibiteurs corticaux
qui font défaut dans cette affection. Ainsi, plusieurs noyaux
du thalamus, le noyau sous-thalamique et l’hippocampe
ont été définis comme des structures-clés pouvant jouer
un rôle dans la survenue de crises et donc des cibles poten-
tielles pour la SCP. Une étude récente “SANTE” a montré
une réduction significative des crises à 2 ans avec la stimu-
lation du noyau antérieur du thalamus.
La SCP dans l’épilepsie pourrait associer plusieurs cibles
chez un même patient, en particulier en cas de foyer épi-
leptique hippocampique bilatéral. Pour l’épilepsie tempo ro-
mésiale, même si la lobectomie temporale antérieure et
l’amygdalohippocampectomie sélective demeurent le gold
standard thérapeutique, la SCP pourrait être proposée à
des patients présentant des facteurs de pronostic défavorable
à la chirurgie comme l’existence de foyers bitemporaux, la
localisation du foyer à l’hémisphère dominant pour
la mémoire, un foyer unilatéral associé à une sclérose ou
une atrophie de l’hippocampe controlatéral.
SYNDROME DE GILLES DE LA TOURETTE
Le syndrome de Gilles de la Tourette (SGT) se caractérise
par l’association de tics moteurs et/ou vocaux et de symp-
tômes psychiatriques variés (symptômes obsessionnels et
compulsifs, automutilations, hyperactivité associée à des
troubles de l’attention). Des études d’imagerie fonctionnelle
(TEP et IRMf) ont montré qu’un grand nombre de régions
corticales (cortex cingulaire antérieur, orbitofrontal, pré-
frontal dorsolatéral, moteur et pré-moteur, aire motrice
supplémentaire) sont activées lors de l’expression des tics.