Pourquoi avoir choisi le cortex moteur comme cible de
stimulation ?
Des études expérimentales et cliniques récentes suggèrent
que le cortex cérébral pourrait être également impliqué
dans la genèse des symptômes observés dans les maladies
neurologiques. Dans la maladie de Parkinson, le cortex
moteur imprimerait une activité rythmique anormale sur
une boucle cortico-sous-corticale motrice passant par les
ganglions de la base. La stimulation électrique sur l’une des
structures impliquées dans cette boucle motrice pourrait
corriger les déficits observés dans la forme évoluée de la
maladie de Parkinson.
Quels sont les avantages potentiels de cette technique par
rapport à la stimulation cérébrale profonde ?
Le principal avantage est le caractère peu invasif de cette
technique chirurgicale, puisqu’il s’agit d’une stimulation
extradurale du cortex cérébral. Elle a également l’avantage
d’être plus simple à mettre en œuvre et, par conséquent,
d’être accessible à un plus grand nombre de patients
atteints de la forme évoluée de la maladie de Parkinson.
Les patients sont déjà largement au courant de vos travaux.
Y a-t-il un protocole de recherche clinique en cours chez
l’homme ?
Une étude clinique de phase I-II évaluant la tolérance et
l’efficacité de la stimulation chronique du cortex moteur
primaire chez des patients atteints d’une forme évoluée de
la maladie de Parkinson débute en septembre 2005.
■
Pour en savoir plus . . .
>
X. Drouot, S. Oshino, B. Jarraya et al. Functional recovery in a primate model of
Parkinson’s disease following motor cortex stimulation. Neuron 2004;44:769-78.
Chirurgie de la maladie de Parkinson :
au-delà des ganglions de la base…
Entretien avec S. Palfi (neurochirurgien et chercheur au CEA [URA CEA-CNRS 2210])
>
3questions à...
15
La Lettre du Neurologue - Suppl. Les Actualités au vol. IX - n° 8 - octobre 2005
La publication dans la revue Neuron,
fin 2004, d’un travail dirigé par S. Palfi
a fait grand bruit dans le monde
des spécialistes de la maladie de Parkinson
et des mouvements anormaux. Cette étude
préclinique montre que la stimulation
à haute fréquence du cortex moteur
chez des primates non humains
rendus parkinsoniens par traitement
chronique au MPTP permet d’améliorer
la symptomatologie akinéto-rigide chez
ces animaux. Cette amélioration clinique
s’accompagne d’une amélioration
en imagerie fonctionnelle (augmentation
de l’activité métabolique de l’aire motrice
supplémentaire après stimulation)
et en électrophysiologie (normalisation
du mode de décharge des neurones
du globus pallidus interne et du noyau
sous-thalamique). Cette stimulation
cérébrale “superficielle” serait donc
une alternative séduisante à la désormais
classique stimulation cérébrale profonde.
P. D e r k i n d e r e n , R é d a c t eur en chef adjoint