TD : Quels sont les effets d'une variation des taux de change
sur l'économie des pays concernés ?
Qui a peur de l’Euro Fort ? par Anna Villechenon, Le Monde 30/10/2013
C'est un serpent de mer qui a désormais une décennie. Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, a
plaidé, mardi 29 octobre, pour une dépréciation de 10 % de l'euro par rapport au dollar. "Dix pour cent, c'est 13 centimes,
ce n'est pas la mer à boire, et ce n'est pas une dévaluation, c'est le taux de change à l'équilibre par rapport à ce qu'est la
réalité de la zone euro", a-t-il déclaré lors d'un débat avec des dirigeants de la principale organisation patronale française,
le Medef. […]
Pourquoi, alors que l'Europe est en crise depuis près de cinq ans, l'euro reste-t-il à un niveau qui semble décorrélé des
performances économiques de l'Union monétaire ? "La réponse est assez simple : son offre est limitée. L'euro est rare. Si
l'euro ne s'est pas effondré depuis le début de la crise européenne, c'est parce que les comptes extérieurs de la zone
euro sont équilibrés", expliquait en janvier Evariste Lefeuvre, économiste chez Natixis.
C'est aussi (et surtout ?) parce que le dollar américain est faible. Vendredi, le "dollar index"– composé d'un panier de six
monnaies étrangères, dont l'euro – a touché son niveau le plus bas à 79 points, avant de légèrement remonter la pente.
En cause : la crise budgétaire que les Etats-Unis ont traversée durant trois semaines, à laquelle s'ajoute la politique
monétaire largement accommodante de la banque centrale américaine, qui devrait se poursuivre encore quelques mois,
selon les analystes.
Cet équilibre se paie sur le marché des changes : à plus de 1,38 dollar, la monnaie unique a atteint la semaine dernière
son plus haut niveau depuis novembre 2011. Depuis le printemps, l'euro a gagné près de 9 %. Ce niveau reste
cependant loin de son record de 2008, à 1,59 dollar. […]
Une monnaie solide renforce avant tout le pouvoir d'achat des acteurs économiques sur les produits et les services
facturés dans des monnaies plus faibles : c'est le cas à l'heure actuelle de certaines matières premières. La force de
l'euro a ainsi contribué, ces dernières années, à considérablement alléger la facture énergétique de l'Europe. L'Europe
importe en effet l'essentiel de son pétrole, dont le prix est négocié en dollars, ce qui lui permet de réaliser des économies
lorsque l'écart entre les deux monnaies est fort.
De plus, puisque la monnaie forte réduit le coût des importations, elle tire à la baisse les prix. En limitant l'inflation, la
monnaie forte permet de conserver des taux d'intérêt bas, ce qui avantage les ménages et les entreprises en leur offrant
des crédits à bas coût. De la même façon, dans un pays dont la dette est forte et détenue en grande partie à l'étranger, le
gouvernement n'a pas intérêt à ce que sa monnaie augmente face aux autres, car une hausse des taux d'intérêt
renchérirait le coût de cette dette.
Cela dit, si l'euro fort permet d'alléger le coût des produits importés et de ceux achetés dans des pays hors de la zone
euro, l'argument est à double tranchant : ces achats hors zone euro font forcément perdre des parts de marché aux
acteurs économiques touchés.
Une monnaie forte, on l'a dit, pénalise en premier lieu les exportations, sauf pour certaines économies très dynamiques et
compétitives, comme l'Allemagne. Cependant, le marché intérieur peut aussi en souffrir : comme l'appréciation de l'euro
facilite l'entrée des concurrents, tous les secteurs qui produisent des biens échangeables sont potentiellement touchés,
même s'ils n'exportent pas.
Et inversement, l'appréciation de l'euro, qui grève la compétitivité "prix" des produits européens, constitue à l'extérieur un
handicap pour la conquête de nouveaux marchés.
1. Qu’est-ce que le marché des changes ? Qu’est-ce qui s’échange sur ce marché ?
2. Remplissez le tableau suivant
Situation de l’Euro par rapport au dollar 1
1. Utilisez le vocabulaire suivant : parité, appréciation, dépréciation, monnaie forte, monnaie faible
3. Quels sont les avantages d’une devise forte ?
4. Quels sont les inconvénients d’une devise forte ?