Nourredine Ayouch : « <i>Le théâtre est le parent pauvre de la culture au Maroc</i> ».
Chaque année, le comité de la fondation se rassemble pour discuter du choix de la
programmation. Pour la première édition, il y a dix ans de cela, nous avons choisi de débuter
par Garcia Lorca. Après, ce fut le thème de l’Afrique, ensuite celui de la Méditerranée, Molière
et l’avant dernier thème a été autour de la tolérance. Cette année, nous avons choisi la
thématique de la musique. Après avoir organisé des éditions sur des thèmes de grand hommes
de théâtre, autour de sujet assez sérieux, nous avons choisi le thème de la musique pour son
originalité, car cela n’a jamais été fait auparavant. Toutes les pièces présentées ont été
accompagnées de musique, y compris les pièces marocaines. La plupart des troupes que l’on a
eues cette année, ont été majoritairement sélectionnées lors du célèbre Festival d’Avignon en
France. C’est l’internationalité du festival qui pousse à une sélection plus étrangère des pièces
et des créations théâtrales. A la différence, un autre Festival, celui d’ «Allons au théâtre »
présente en majorité des pièces marocaines.
Après six éditions, qu’est-ce que le festival a apporté au théâtre marocain ?
Pas grand-chose malheureusement ! Je suis déçu, parce que le public vient de moins en moins.
Juste pour les ouvertures et les clôtures! Pour les spectacles marocains, je croyais que les
salles allaient être pleines à craquer, que les gens allaient venir en grand nombre mais, à ma
grande surprise, les salles sont restées à moitié vides car les gens ne veulent plus payer pour
venir au théâtre. Ce constat me rend malade, car après tant d'efforts et de travail pour organiser
un tel événement, il y a de quoi être déçu. On n'encourage plus les jeunes à aller au théâtre.
Avant, il y avait des programmes qui incitaient les jeunes à découvrir le monde du théâtre, mais
il n'en existe plus malheureusement. La seule fois où nous avons eu un grand nombre de
jeunes étudiants, c'était pendant l'édition sur Molière. Et ceci pour la simple et bonne raison
que nous avions eue l'idée de faire participer certains établissements à cette édition-là. L'Etat a
besoin, doit former des éducateurs pour aider les jeunes à monter et à jouer des pièces de
théâtre! Les jeunes ont besoin du théâtre pour les aider à se cultiver, à ne plus passer leur
temps entre Internet et la télévision.
Il faut encourager la création. Le ministère a commencé cette année. J'aurai aimé que cela se
fasse plus tôt mais c'est une bonne démarche.
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