ainsi des observatoires régionaux de l’INSEE ou de l’Observatoire
du changement social. Aucune démarche de rapport direct avec
les personnes n’est privilégiée, si ce n’est les procédures réac-
tives de l’entretien et du questionnaire. Un commentateur des
faits sociaux, politiques ou économiques dira : «On observe, j’ai
pu observer, l’observation montre que…» Dans aucun de ces
cas, l’observateur n’anécessairement examinélui-même directe-
ment la situation qu’il décrit : il a rassembléun certain nombre
de documents qu’il commente.
2) Désormais, les sociologues utilisent couramment le terme
«observation »lorsque, étudiant un milieu social, ils se rendent
sur les lieux mêmes quelque temps et s’informent des usages,
procèdent àdesentretiensmaisn’assistent pas de façon
prolongéeetsystématique aux événements s’ydéroulant. Les
«observations »réalisées apparaissent dans leur compte rendu
sous forme d’épisodes ou d’anecdotes considérés comme
typiques et souvent peu analysés. Cet usage vague renvoie le plus
souvent àune forme de préenquête rapide avant l’entretien ou
le questionnaire. Dans ce cas, le chercheur ne participe pas vrai-
ment àla vie du milieu social étudié.
3) L’observation est souvent identifiéeàl’expression «travail
de terrain »de l’ethnographie française, ou àcelle de field work
dans la tradition de l’anthropologie anglaise ou celle de l’ethno-
graphie nord-américaine. Elle signifie une présence systématique
et souvent prolongée sur les lieux mêmes de l’enquête au sein
du groupe social étudié. Au cours de ce long séjour, les données
sont recueillies par le chercheur ou l’équipedechercheurs:
a) auprès des personnes, en utilisant une diversitéde procé-
dures dites «réactives »,commel’entretien avec questions, ou
des procédures «non réactives », comme l’observation des lieux,
des événements, des actes, ou des propos tenus dans leur vie
quotidienne par les personnes étudiées ; b) en consultant toute
forme de documents écrits comme les données administratives
(exemple : registre d’état civil), imprimésouencoreàl’état
d’archives. Cette démarche s’applique surtout àde petites unités
sociales (institutions, groupes, lieux publics ou fermés de loisirs
ou d’action collective, entreprises). Le produit final en est une
interprétation fondée sur ces différentes données. Il donne lieu à
des monographies telles celles qui ont étéconsacrées dans les
années soixante àdes villages résistant aux transformations dues
àl’accélération de l’exode agricole. Cette procédure s’inscrit dans
le temps, elle nécessitedepasserunepériode plus ou moins
longue dans le milieu. Rien n’est plus opposéaux conditions du
LES MÉTHODES EN SOCIOLOGIE4