Église Saint-Dominique
Présentation des éléments décoratifs
intérieurs
par
Ginette Noël
Québec, janvier 2014
Mot de bienvenue
Bonjour, je m’appelle Ginette Noël, j’aurai le plaisir de vous servir de guide pour la visite de
ce site patrimonial exceptionnel qu’est l’église paroissiale Saint-Dominique.
Avant de vous décrire et de vous expliquer les éléments particuliers de la décoration intérieure
de cette église magnifique ; je souhaite d’abord vous entretenir de l’Ordre des Dominicains
qui est l’âme de l’église et dont l’histoire et la spirituali se reflètent dans les choix
esthétiques de cet intérieur unique.
Je vous invite à prendre place dans un banc de la nef pour ce premier entretien de nature
générale.
1. Dominicains
Initié en 1215 par Dominique de Guzman, vers 1170 et décédé en 1221, l’Ordre des
dominicains se consacre à faire connaître la Bible par la prédication itinérante, l’Ordre est
officiellement reconnu en 1216 par le pape Honorius III à l’issu du quatrième concile de
Latran.
L’Ordre appelé aussi des Prêcheurs « était une famille d’un tout nouveau genre. Pour la
première fois, un Ordre incorporait […] à la vie religieuse un ministère qu’il partageait
avec les évêques […] prêcher la Parole de Dieu. »1
Selon Dominique, ce qui fait l’identité des Dominicains est l’« esprit de prière, la soif du salut
des hommes, l’amour de l’Écriture sainte, une considération pour l’étude et le savoir. »2
La règle de Saint-Augustin a été adoptée par Dominique pour le déroulement de la vie
communautaire des Dominicains. Il revêt la robe blanche et le manteau noir des chanoines
réguliers de Saint-Augustin. Ce vêtement est encore aujourd’hui l’apanage des dominicains.
La vie quotidienne des Dominicains repose toujours sur les préceptes mis de l’avant par
Dominique : la prière, habiter sous un même toit, l’étude des Écritures, la prédication et le
salut des âmes : le tout selon des préceptes qui doivent faire l’unanimité parmi les membres.
1 Hinnebush, William A., Brève histoire de l’Ordre dominicain, Paris, Les éditions du Cerf, 1990, p. 32.
2 Hinnebush, William A., Brève histoire de l’Ordre dominicain, Paris, Les éditions du Cerf, 1990, p. 47.
2
Dans l’Ordre dominicain, la vie en communauté est primordiale « avant même que quiconque
ait prononcé une seule parole, vivre ensemble en frères avec un seul cœur et un seul esprit »3
constitue en soi une prédication.
Leur devise est Veritas, la Vérité.
C’est en 1906 que les Dominicains s’établissent dans la haute-ville de Québec ; d’abord dans
une chapelle de l’avenue Taché. Ils déménagent sur le site actuel en 1908, y aménageant une
chapelle dans une remise aussi appelée ironiquement « étable des Pères ». Dès lors, leur talent
de prédicateurs attire un grand nombre de fidèles qui fréquentent désormais la modeste
chapelle assidûment. Une troisième chapelle érigée en 1919 allait devenir le futur monastère
des Dominicains et église paroissiale en 1924. L’église actuelle consacrée à Saint Dominique
verra le jour en 1930.
2. Église
L’église Saint-Dominique est un édifice phare de la Grande Allée. En quelque sorte, elle
marque avec son voisin le Musée national des Beaux-arts, l’entrée dans la ville culturelle
qu’est Québec.
La seule de style néo-gothique anglais, cette église se distingue dans le paysage architectural
du patrimoine religieux de la ville. Elle rappelle un style d’architecture et un mode de vie
monastique instaurés au Moyen Âge et que perpétuent les Dominicains à Québec. Le
fondateur de cet Ordre, Saint Dominique, souhaitait que le milieu de vie des Prêcheurs soit
fonctionnel et pauvre. Selon lui « Cette sobriété n’empêche pas la grandeur mais la met plutôt
en valeur »4. L’église de la Grande Allée, de pierre, de bois et de verre correspond tout à fait à
l’idéal du fondateur et favorise certainement le recueillement comme vous pourrez le
constater.
L’église Saint-Dominique est l’œuvre de l’architecte de renom J.-Albert LaRue souvent
associé aux Dominicains du Canada. LaRue s’inspire notamment des cathédrales d’Oxford, de
Peterborough et de York en Angleterre pour les plans de Saint-Dominique. Il adopte une
configuration crucifère comprenant des collatéraux permettant les processions. « Il préconise
aussi l’utilisation de l’arc brisé pour la fenestration et les ouvertures. » 5 L’inauguration de
3 Radcliffe, Timothy, « Je vous appelle amis », Paris, Les éditions du Cerf, 2005, p. 260.
4 Bedouelle, Guy et Quilici, Alain, Les frères prêcheurs autrement dits Dominicains, Paris, Fayard, 1997, p. 239.
5 Grenier, Marlène-Lucie, De ciel et de pierre, de bois et de lumière : l’église Saint-Dominique,
l’empreinte des Prêcheurs à Québec, Québec, La Renommée, 2010, p. 13.
3
l’église a eu lieu en 1930. En 1950, la magnificence de son architecture fut reconnue lors de
l’exposition mondiale d’art religieux de Rome.
Selon l’historienne de l’art Marlène-Lucie Grenier « à l’église Saint-Dominique les éléments
du décor se répartissent en trois variétés : les frises décoratives ou moulures, les ornements et
les représentations de la figure humaine. »6 La décoration intérieure, dont les thèmes sont
choisis par l’architecte LaRue, participe à l’uni de style qu’il recommande. C’est dans ce
contexte qu’il insiste pour que l’ornementation soit confiée à un seul artiste. Lauréat Vallière
est pressenti pour concrétiser ce projet titanesque. Il y consacre quatorze ans de sa vie.
Débutée en 1939, cette œuvre magistrale qui compte plus de 500 personnages sculptés aux
physionomies différentes est achevée en 1953.
Ce décor sobre et monochrome favorise laditation en puisant dans la tradition de l’Église,
dans la Parole de Dieu, dans la vie de Jésus et dans l’Ordre des Prêcheurs. L’histoire des
Dominicains s’y laisse lire par la présence sculptée de la vie de leur fondateur Dominique, des
statues des hommes et des femmes de cet ordre qui ont fait l’objet de canonisation et de
béatification, par l’illustration des composantes de leur pratique de prière comme la
contemplation, le rosaire, la prédication et la musique. Se retrouve aussi le rappel tangible de
l’influence des Pères de l’Église et des papes dans l’évolution de l’Ordre. Enfin,
l’omniprésence dans le décor de motifs typiques de l’étude et de la transmission de la parole
de Dieu, qui est propre aux dominicains, fait figure d’héritage.
À l’instar de ceux du Moyen Âge, les fidèles qui fréquentent Saint-Dominique peuvent lire
dans son décor l’histoire de l’annonce du Royaume de Dieu.
3. Nef
La nef, partie centrale de l’église, lieu de l’assemblée des fidèles, en est l’espace le plus vaste.
Elle tient son nom du mot latin navis qui signifie vaisseau ou navire. À l’église Saint-
Dominique, l’architecte LaRue, tenant compte de cette prémisse, a conçu le poutrage du
plafond telle une structure qui rappelle celle d’une barque normande renversée faisant ainsi
mémoire du bateau de pêcheur de Pierre devenue symbole de l’Église. Ainsi sous la gouverne
du Christ le navire qu’est l’Église est en mesure de faire face aux mers déchainées de
l’adversité autant qu’aux eaux calmes de la félicité.
6 Grenier, Marlène-Lucie, De ciel et de pierre, de bois et de lumière : l’église Saint-Dominique,
l’empreinte des Prêcheurs à Québec, Québec, La Renommée, 2010, p. 27.
4
La nef compte 296 bancs numérotés à l’aide de petits dominicains tous différents les uns des
autres et portant dans leurs mains une Bible. La Bible est en quelque sorte l’outil principal de
la mission des Dominicains. Rappelons que la version La Bible de Jérusalem recommandée
pour les études exégétiques est une traduction réalisée par l’École biblique de Jérusalem, une
institution dominicaine.
Approchez-vous maintenant à l’avant de l’église devant la balustrade.
4. Balustrade
La balustrade qui permettait aux fidèles de s’agenouiller pour recevoir la communion, avant le
concile Vatican II, sépare la nef du sanctuaire. Aujourd’hui elle « n’est plus barrière mais seuil
de passage ».7
Le concile Vatican II est considéré comme une étape décisive vers une Église renouvelée.
Nous profitons de l’occasion pour en traiter ici brièvement. Ce concile œcuménique est le
premier de l’histoire de l’Église à réunir des évêques de tous les continents. Inauguré par Jean
XXIII en 1962, il s’est achevé en 1965 sous Paul VI. Encore aujourd’hui ses travaux inspirent
le cheminement de l’Église. Il a ouvert de nouvelles voies pour la pensée et la vie de l’Église
en l’engageant dans un dialogue nécessaire entre tous, croyants et incroyants.
La balustrade de Saint-Dominique est richement décorée de niches où loge un certain nombre
de papes qui se sont succédé à la tête de l’Église. « À chacune des extrémités, des anges font
office de porteurs. »8 Entre chaque statue de papes vous pouvez admirer un motif ogival, en
forme de flamme, symbole de la passion et de la foi, caractéristique du style néogothique, et
visible un peu partout dans l’église et à l’extérieur, notamment à la tête des vitraux , sur
l’autel majeur, la chaire, les autels latéraux et le jubé.
La balustrade compte vingt-six des quatre-vingt-quatre papes que couvre la période de 1198 à
1958. L’ordre de présentation ne respecte pas toujours la chronologie. Nous n’avons pas
trouvé de logique justifiant la présence des uns et des autres, si ce n’est que les premiers sont
associés à l’avènement de l’Ordre des Prêcheurs au Moyen Âge, que les papes issus de
l’Ordre y figurent et que les six derniers étaient en poste lors du déploiement des Dominicains
au Canada, au Québec et enfin à Québec sur la Grande Allée.
7 Yon, Ephrem, Sainte Liturgie- relire le Concile, Paris, Salvator, 2011, p. 19.
8 Grenier, Marlène-Lucie, De ciel et de pierre, de bois et de lumière : l’église Saint-Dominique,
l’empreinte des Prêcheurs à Québec, Québec, La Renommée, 2010, p. 42.
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