pas, la kétamine est une arylcyclohexylamine, une substance proches du PCP, la
phencyclidine ou « poudre d’ange », un puissant hallucinogène utilisé par les hippies
américains dans les années 70/80. C’est une substance d’action plus courte et aux
effets moins intenses que le PCP, mais c’est comme elle un esther synthétique
présentant des effets et des caractéristiques moléculaires proches du LSD.
Des effets indésirables, certes, lorsqu’il s’agit d’une indication médicale
« sérieuse », ciblée sur un symptôme pathologique ; mais ces effets psychédéliques
constituent les effets recherchés, l’effet jouissif, l’effet magique, l’effet positif, lorsque
« l’indication » du produit est spirituelle, ludique, artistique ou psychothérapique. Ce
sont ces effets « non prescrits » qui intéressent les consommateurs de drogues
psychédéliques, leur propension à produire des états modifiés de conscience (la
confusion mentale), des distorsions du cours de la pensée (le délire), des
modifications des perceptions (les hallucinations).
Speed and taz, sont-ce deux autres nouvelles substances liées à l’émergence
du mouvement techno ? Certes non. Il s’agit de deux substances d’une même famille
chimique, les phényléthylamines, comprenant les amphétamines, les substances
dites entactogènes de la famille de l’ecstasy et certaines substances hallucinogènes
(mescaline, DOB, DOM etc…).
L’ecstasy n’est pas si nouveau que ça : la MDMA4, nom de code et de
baptême de l’ecstasy, Méthyléne-Dioxy-Méth-Amphétamine, a été synthétisée en
1891 par Fritz Haber, et sa première indication thérapeutique, lors du dépôt de
brevet par les laboratoires Merck en 1914 est celle d’anorexigène, mais elle a été
utilisée comme psychostimulant par les soldats allemands pendant la guerre de 14-
18. En 1950, l’armée américaine l’expérimente, avec d’autres substances
psychédéliques (LSD, MDA…) en tant que « lavage de cerveau », en tant qu’arme
chimique, dans son programme MK-Ultra. Puis, en 1970, cette substance renaît,
dans le milieu des psychothérapeutes psychédéliques californiens, privés de la
mescaline et du LSD qu’ils utilisaient alors dans les thérapies psycholytiques, les
psychothérapies chimiquement assistées. Ses propriétés empathogènes en font un
outil de choix pour libérer la parole et accéder aux conflits psychiques refoulés. Ce
n’est que vers la fin des années 80, qu’elle s’octroie une place privilégiée dans la
culture techno, auprès des jeunes du monde entier, qui l’utilisent du fait de ses
propriétés à catalyser l’extase recherchée dans les fêtes, ces fameuses rave-
parties5.
La première indication thérapeutique de la MDMA était donc celle d’un
anorexigène, comme tant d’autres substances de cette famille des
phényléthylamines, qui vont être abondamment prescrites tout au long du 20° siècle :
l’amfépramone (Ténuate Dospan“, Moderatan“ ou Anorex“), la benzphétamine
(Inapetyl“), le clobenzorex (Dinintel“)6, le méfénorex (Pondinil“), le Fenproporex, le
fenfluramine et la D-fenfluramine (Pondéral“ et Isoméride“). Ces médicaments
4 SUEUR C., CAMMAS R., LEBEAU B. : L’ecstasy au sein de la famille des substances psychédéliques : effets
et dangerosité, Psychotropes, 2000, vol. 6, n°2, 9-71.
5 EISNER B. : Ecstasy : the MDMA story, USA, Berkeley, Ronin Publishing, 1989
SAUNDERS N. : E comme ecstasy, Paris, Ed. du Lézard, 1996.
FONTAINE A., FONTANA C. : Raver, Paris, Editions Anthropos, 1996.
HOLLAND J. ed. : Ecstasy : the complete guide, USA, Rochester, Vermont, Park Street Press, 2001.
GROB C. : Deconstructing Ecstasy : the Politics of MDMA Research, Addiction Research, 2000, 8, 6, 549-588.
6 ROQUES B : La dangerosité des drogues, Paris, Ed. Odile Jacob, 1999, p.143.