Les mycorhizes : agents de réhabilitation durable des sols contaminés par les HAP ? A.LOUNES-HADJ SAHRAOUI, D. DEBIANE, M. CALONNE, J. FONTAINE, A. GRANDMOUGIN, G. GARÇON, A. VERDIN, P. SHIRALI [email protected] Université Lille Nord de France, F-59000 Lille. Université du Littoral Côte d’Opale (ULCO) Unité de Chimie Environnementale et Interactions sur le vivant (UCEIV). F-62228 Calais, France. Victime de sa vitalité économique, la région Nord-Pas de Calais a sacrifié pendant longtemps son environnement en générant une pollution de l’air mais aussi du sol du fait, entre autre, des retombées atmosphériques. C’est ainsi qu’elle cumule la plus importante concentration française de friches industrielles et de sites pollués (538 sites occupant plus de 10.000 hectares) ce qui représente 13,8% des sites de l’inventaire national, plaçant ainsi la région Nord Pas-de-Calais en deuxième position après la région Rhône-Alpes. La gestion et la remédiation de ces sols pollués sont devenues une priorité des industriels, législateurs et scientifiques car elles représentent une source importante de pollution par des composés organiques et/ou minéraux, persistants dans l’environnement et potentiellement toxiques pour la santé humaine et celle des écosystèmes. Parmi ces polluants figurent les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) qui sont générés par les combustions incomplètes de matières carbonées résultant d’activités anthropiques diverses (chauffage, production de coke, transport routier et fluvial, retombées atmosphériques d’origine industrielle…). Ces molécules présentent une forte rémanence dans l’environnement du fait de leur hydrophobicité et de leur faible dégradabilité. Certaines d’entre elles sont cancérigènes et/ou mutagènes chez l’Homme et ont des effets nocifs sur les plantes. C’est pourquoi leur élimination s’impose. Le développement de nouveaux procédés de remédiation impliquant des organismes vivants est en plein essor car ils représentent une solution alternative écologique et économique. L’utilisation de plantes mycorhizées (les mycorhizes sont une association symbiotique entre les racines d’une plante et un champignon mycorhizien) constitue un enjeu pour le développement durable. Cet enjeu repose sur l’exploitation de la capacité des mycorhizes, non seulement, à améliorer les défenses des plantes contre les stress biotiques et abiotiques, mais aussi à dépolluer les sols. Nos travaux de recherche, réalisés dans la cadre d’IRENI, démontrent que la mycorhization apporterait une meilleure tolérance des racines de chicorée aux HAP en atténuant le stress oxydant et notamment en limitant les altérations des membranes et du génome via les réductions de la peroxydation des lipides et de la formation d’adduits à l’ADN ainsi que la stimulation des activités enzymatiques antioxydantes (Debiane et al., 2008, 2009). De plus, nous avons cherché à déterminer le rôle des mycorhizes arbusculaires dans le devenir des HAP contenus dans le milieu de culture ainsi que l’aptitude de cette symbiose à les dissiper (Verdin et al., 2006). L’utilisation des mycorhizes à arbuscules comme outil potentiel de réhabilitation des sols pollués par les HAP sera donc discutée sur la base des résultats obtenus sur les deux critères suivants : (i) capacité à conférer une meilleure tolérance aux plantes contre la toxicité des HAP et (ii) capacité à dissiper et/ou à bioaccumuler les HAP. Séminaire « Environnement & Santé » - 30 Novembre 2010 - Lille Page 13