4. Autres
mammifères
aquatiques
• Les exotiques introduits :
- le rat musqué,
- le ragondin,
- le raton laveur
contacter l’auteur :
lionel.lafontaine@reseau-loutres.org
Lafontaine, Lionel
Loutre & autres mammifères aquatiques de Bretagne [Texte imprimé] / Lionel Lafontaine,... ; avec la
collaboration de professeur Bryony Coles,... et Didier Montfort, Thierry Lodé... [et al.] ; dessins et
illustrations, P. Hamon, A. Jean, S. Montfort... [et al.] ;
breton]. -
Mèze : Biotope, 2005 (05-Gap : Louis-Jean impr.) - 1 vol. (160 p.-[8] p. de pl.) : ill. en noir et en coul., couv.
ill. en coul. ; 24 cm. - (Les cahiers naturalistes de Bretagne, ISSN 1624-1398
).
Autre forme de titre : Loutre et autres mammifères aquatiques de Bretagne. -Bibliogr. p. 153-157. Webliogr.
p. 157. Glossaire. - DLE-20050609-28282. - 599.176 0944 (21) . - ISBN 2-914817-10-
X (br.) : 20 EUR.
Loutre commune -- France -- Bretagne (France)
Mammifères aquatiques -- France -- Bretagne (France)
BN 39985779
05-42456
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4.3. Les exotiques introduits :
le rat musqué, le ragondin, le raton laveur
A l’exception du vison d’Amérique, indéfectiblement lié au vison d’Europe et au putois (sous-chapitre
précédent), seront traités ici les mammifères aquatiques exotiques, ou allochtones, introduits volontai-
rement ou non par l’homme, en France. Il s’agit de deux Rongeurs originaires du continent américain,
le rat musqué et le ragondin, et du raton laveur, un carnivore exotique récemment apparu en Bretagne,
et qui a fait l’objet d’une première synthèse régionale dans la revue Penn ar Bed.
4.3.1. Le ragondin et le rat musqué
Ragondin
Ragondin
Ragondin
Castor
Rat musqué
Loutre
Nageant dans l'eau, le ragondin peut être confondu avec le castor ou la loutre, qui sont aussi
corpulents que lui, voire davantage, ou enfin le rat musqué ; mais ce dernier est beaucoup plus petit.
Les crottes de ragondin, très caractéristiques, sont oblongues et crénelées.
(Photos E. Barbelette, C. Guihard et L. Lafontaine).
Ragondin
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4. Autres mammifères aquatiques
Le ragondin (Myocastor coypus)
C’est un gros Rongeur originaire d’Amérique du Sud (aire géographique : de l’Uruguay, sud Brésil,
Bolivie jusqu’au sud du Chili), introduit en France pour la première fois en 1882 pour sa fourrure ; les
élevages se sont réellement développés à partir de 1930. Dans l’entre deux guerres, certains élevages
ont périclité et les animaux ont été relâchés dans le milieu naturel ; mais on oublie aussi qu’à cette pério-
de, parfois, notamment dans le centre de la France, des ragondins ont pu être volontairement relâchés
sur des étangs (de chasse ou de pisciculture) pour faucarder la végétation palustre (joncs, phragmites...).
Il s’agissait donc alors d’introductions volontaires à finalité de gestion écologique. Cette espèce a
colonisé rapidement les zones humides et tous les milieux aquatiques. Sa capacité de reproduction est
élevée : jusqu’à 3 portées par an, en moyenne 5 à 6 petits par portée, sevrés à deux mois. Le ragondin
creuse des terriers dans les berges des canaux et des rivières, dans les digues d’étangs. Son activité est
surtout nocturne. Il circule soit dans l’eau, soit sur les rives, en empruntant régulièrement le même
chemin (coulées). Le ragondin se nourrit des plantes présentes sur son domaine vital (quelques centaines
de mètres). Il s’éloigne assez peu du milieu aquatique pour rechercher sa nourriture ; mais il peut
occasionner des dommages sur les cultures proches des cours d’eau et des marais : céréales, cultures
fourragères, légumes, fleurs, etc. Les tiges peuvent être sectionnées jusqu’à une hauteur de 50 cm et
sont mangées sur place. Le ragondin consomme jusqu’à 40 % de son poids par jour. Des écorces et
racines d’arbres peuvent également être consommées en hiver.
Le ragondin et le rat musqué sont des espèces qui ont colonisé progressivement, d’est en ouest, la
plupart des bassins versants des quatre départements bretons. Le ragondin, dernier arrivé en Bretagne,
n’a pas encore colonisé tout le département du Finistère :
Colonisation progressive du département du Finistère (échelle communale) par
le ragondin, entre 2000 et 2003. Les bassins versants principaux sont indiqués en surimpression.
(infographie L. Lafontaine, d’après FEREDEC-Bretagne, comm. pers.).
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Risques sanitaires :
Le ragondin contracte des maladies (parasitaire, virale, bactérienne), dont certaines sont transmissibles
à l’homme et aux animaux :
pour le bétail : le ragondin peut héberger la forme adulte de la douve du foie, parasite des bovins.
En cas de lutte contre cette maladie, il faut mesurer l’état d’infestation des ragondins par le parasi-
te pour apprécier le risque d’un réservoir secondaire.
pour la santé humaine : deux maladies bactériennes sont possibles : la tularémie, la douve du foie
pouvant entraîner une zoonose (transmissible à l’homme) : la fasciolose et la leptospirose transmises
soit par morsure, soit par les eaux souillées. Il existe plusieurs formes de leptospirose, qui sont plus
ou moins dangereuses ; une forme est mortelle pour l’homme. Une enquête menée en 2000 sur 26
départements français a montré que près de la moitié des ragondins analysés (et la majorité des rats
musqués) étaient positifs vis-à-vis des leptospires, mais le taux de rats (rat noir et surmulot) touchés
est similaire. Toutefois, une étude complémentaire sur des effectifs limités a montré que seuls 3 à 4%
des ragondins étaient porteurs de souches virulentes, contre plus d’un tiers des rats noirs et surmu-
lots. Et en matière de risque de transmission de la leptospirose à l’homme, il ne faut pas non plus
négliger le rôle des micromammifères terrestres (campagnols, mulot), voire aussi le hérisson (André-
Fontaine et Michel, 2004)...
En France, le ragondin n’a pas beaucoup de prédateurs naturels, sauf quand les loutres sont encore en
effectifs suffisants ; dans ce cas, de jeunes ragondins peuvent faire l’objet d’une prédation spécifique,
mais non systématique ; les jeunes peuvent également être la proie des chiens, busards des roseaux,
hérons, renards.
Moyens de lutte :
Le tir : le ragondin, classé comme gibier (arrêté ministériel du 26 juin 1987) susceptible d’être clas-
sé juridiquement nuisible par les Préfets (arrêté du 30 septembre 1988), est chassable en période
légale d’ouverture de la chasse. Des battues peuvent également être organisées. Malgré des tableaux
de chasse élevés en nombre d’individus, l’impact d’un tel procédé sur la régulation des populations
demeure faible et des “accidents d’identification” sont possibles,
Le piégeage : technique individuelle, plus ou moins sélective selon le type de piège. Peuvent être
utilisés : le piège à mâchoires, le bidon ou piège à palettes qui est disposé à fleur d’eau (l’animal se
noie), la nasse. Ces trois méthodes insuffisamment sélectives, ne sont pas recommandables. Seule
méthode véritablement sélective vis-à-vis des espèces protégées, le
piège-cage que l’on dispose sur les coulées, permet de capturer les
animaux vivants et de relâcher les espèces non visées. Il apparaît
indispensable, pour des questions d’efficacité et de sécurité, que les per-
sonnes qui réalisent des piégeages aient suivi une session de formation
dispensée par un organisme habilité à cet effet (en général : Fédération
départementale des chasseurs).
A plusieurs reprises chaque année en Bretagne, des loutres sont captu-
rées accidentellement durant des opérations de piégeage de ragondins.
Du fait de la rapide expansion du ragondin sur l’ouest breton, et de ce
fait de la multiplication des opérations de piégeage, il faut rappeler d’une
part le contexte légal (qui oblige au relâcher des espèces protégées), et
souligner le risque induit de vulnérabilité pour ces espèces. Il est utile de
signaler quand de tels “accidents” de capture se produisent.
Dans le Morbihan, loutres
capturées dans des pièges
à ragondins. (photo DR).
4. Autres mammifères aquatiques
La lutte chimique : depuis plusieurs années, ce moyen de lutte est proscrit sur les quatre départe-
ments bretons, du fait des incidences sur les autres espèces (cf. infra). Dans tous les cas, les cam-
pagnes ne peuvent être menées sans autorisation préfectorale ; elles s’effectuent dans le cadre des
fédérations départementales des groupements de défense contre les ennemis des cultures, sous le
contrôle du service de la protection des végétaux. La méthode consiste à déposer des morceaux de
carottes fraîches, enrobés d’un anticoagulant, la bromadiolone, sur des radeaux. La majorité des ani-
maux intoxiqués meurt dans les 6 à 7 jours après
ingestion. La récupération des cadavres est obliga-
toire, de par la loi ; mais, en réalité, les animaux le
plus souvent vont mourir dans leurs terriers et ne
sont pas récupérés. La lutte chimique à base
d’anticoagulants pose le problème du devenir des
produits dans l’environnement, et des risques de
contamination secondaire des carnivores sauvages
comme cela a déjà été démontré. En conséquen-
ce, vis-à-vis des espèces protégées (mammifères
aquatiques : loutre, castor, vison d’Europe, ou
autres espèces), il est absolument indispensable, notamment dans le cadre d’opérations intégrées à
l’échelle des bassins versants (CRE, lutte intégrée contre le ragondin ou le rat musqué) de remplacer
les campagnes d’éradication conventionnelles (tir et pièges non sélectifs, lutte chimique par anticoa-
gulants) par des techniques alternatives plus sélectives et moins dangereuses, comme les cages-
pièges (Collectif, 1999). Une circulaire ministérielle (MCB/cff3 du 1er août 1995) recommande aux
services chargés de la mise en œuvre des campagnes d’éradication contre les ragondins ou les rats
musqués, de prendre l’attache de spécialistes pour définir les modalités de lutte et les précautions à
prendre pour éviter la destruction de castors.
Le bilan des actions menées ces dernières années confirme que l’efficacité de la lutte contre le ragon-
din dépend fortement des conditions du milieu et de la saison. Le coût des méthodes de lutte peut aller
jusqu’à plus de 100.000 euros/an, pour un département comme le Maine et Loire par exemple (Micol,
1990). Le rapport avec l’estimation chiffrée des dégâts (destruction d’ouvrage hydraulique, perte de
culture, colmatage des fonds, etc.) serait important à établir, mais semble rarement réalisé.
• Le rat musqué (Ondatra zibethicus)
Originaire d’Amérique du Nord, le rat musqué a été introduit en Europe au début du XXesiècle pour sa
fourrure. Des animaux se sont échappés des élevages et ont rapidement colonisé les milieux aquatiques.
A l’instar du castor, le rat musqué peut édifier des huttes, mais seulement avec
hélophytes (joncs,...). (photos E. Barbelette et L. Lafontaine)
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Photo : L. Lafontaine
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