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Risques sanitaires :
Le ragondin contracte des maladies (parasitaire, virale, bactérienne), dont certaines sont transmissibles
à l’homme et aux animaux :
•pour le bétail : le ragondin peut héberger la forme adulte de la douve du foie, parasite des bovins.
En cas de lutte contre cette maladie, il faut mesurer l’état d’infestation des ragondins par le parasi-
te pour apprécier le risque d’un réservoir secondaire.
•pour la santé humaine : deux maladies bactériennes sont possibles : la tularémie, la douve du foie
pouvant entraîner une zoonose (transmissible à l’homme) : la fasciolose et la leptospirose transmises
soit par morsure, soit par les eaux souillées. Il existe plusieurs formes de leptospirose, qui sont plus
ou moins dangereuses ; une forme est mortelle pour l’homme. Une enquête menée en 2000 sur 26
départements français a montré que près de la moitié des ragondins analysés (et la majorité des rats
musqués) étaient positifs vis-à-vis des leptospires, mais le taux de rats (rat noir et surmulot) touchés
est similaire. Toutefois, une étude complémentaire sur des effectifs limités a montré que seuls 3 à 4%
des ragondins étaient porteurs de souches virulentes, contre plus d’un tiers des rats noirs et surmu-
lots. Et en matière de risque de transmission de la leptospirose à l’homme, il ne faut pas non plus
négliger le rôle des micromammifères terrestres (campagnols, mulot), voire aussi le hérisson (André-
Fontaine et Michel, 2004)...
En France, le ragondin n’a pas beaucoup de prédateurs naturels, sauf quand les loutres sont encore en
effectifs suffisants ; dans ce cas, de jeunes ragondins peuvent faire l’objet d’une prédation spécifique,
mais non systématique ; les jeunes peuvent également être la proie des chiens, busards des roseaux,
hérons, renards.
Moyens de lutte :
•Le tir : le ragondin, classé comme gibier (arrêté ministériel du 26 juin 1987) susceptible d’être clas-
sé juridiquement nuisible par les Préfets (arrêté du 30 septembre 1988), est chassable en période
légale d’ouverture de la chasse. Des battues peuvent également être organisées. Malgré des tableaux
de chasse élevés en nombre d’individus, l’impact d’un tel procédé sur la régulation des populations
demeure faible et des “accidents d’identification” sont possibles,
•Le piégeage : technique individuelle, plus ou moins sélective selon le type de piège. Peuvent être
utilisés : le piège à mâchoires, le bidon ou piège à palettes qui est disposé à fleur d’eau (l’animal se
noie), la nasse. Ces trois méthodes insuffisamment sélectives, ne sont pas recommandables. Seule
méthode véritablement sélective vis-à-vis des espèces protégées, le
piège-cage que l’on dispose sur les coulées, permet de capturer les
animaux vivants et de relâcher les espèces non visées. Il apparaît
indispensable, pour des questions d’efficacité et de sécurité, que les per-
sonnes qui réalisent des piégeages aient suivi une session de formation
dispensée par un organisme habilité à cet effet (en général : Fédération
départementale des chasseurs).
A plusieurs reprises chaque année en Bretagne, des loutres sont captu-
rées accidentellement durant des opérations de piégeage de ragondins.
Du fait de la rapide expansion du ragondin sur l’ouest breton, et de ce
fait de la multiplication des opérations de piégeage, il faut rappeler d’une
part le contexte légal (qui oblige au relâcher des espèces protégées), et
souligner le risque induit de vulnérabilité pour ces espèces. Il est utile de
signaler quand de tels “accidents” de capture se produisent.
Dans le Morbihan, loutres
capturées dans des pièges
à ragondins. (photo DR).