La Lettre du Neurologue - Suppl. Les Actualités au vol. X - n° 6 - juin 2006
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nations (56 ± 115 mn) que chez ceux
atteints de SGB sans hallucinations
(153 ± 130 mn) et que chez les sujets
contrôles (207 ± 179 mn ; p < 0,005). De
plus, la structure du sommeil était très
pathologique chez les patients atteints
de SGB avec hallucinations : 83 % pré-
sentaient des endormissements directe-
ment en sommeil paradoxal, 57 % avaient
des mouvement oculaires rapides carac-
téristiques du sommeil paradoxal en
dehors de ce stade et, chez ces patients,
92 ± 22 % du sommeil paradoxal se fai-
sait sans atonie.
Ces anomalies retrouvées chez les hal-
lucinés n’étaient pas seulement liées à
la réanimation, puisqu’elles pouvaient
apparaître avant que le patient y soit
transféré et disparaître pendant le séjour
en réanimation, et qu’elles n’étaient
retrouvées que de façon exceptionnelle
chez les sujets contrôles. Les troubles
mentaux au cours du SGB sont donc dif-
férents des délires de réanimation.
Ces anomalies de structure du sommeil
associées à la présence systématique
d’une dysautonomie sont très évoca-
trices d’un status dissociatus, qui est
l’infection précessive, les troubles du
métabolisme, le type d’atteinte retrou-
vée à l’EMG et le traitement utilisé
(échanges plasmatiques ou immunoglo-
bulines intraveineuses) n’influençaient
pas la survenue des troubles mentaux.
Nous avons pu réaliser un dosage de
l’hypocrétine (neuropeptide hypothala-
mique indosable dans la narcolepsie)
dans le LCR de 20 patients. Ces taux
étaient significativement plus bas chez
les patients présentant des troubles men-
taux que chez les patients n’en présen-
tant pas. Ces taux restaient cependant
plus élevés que ceux considérés comme
pathologiques dans la narcolepsie.
Les patients rapportant leurs troubles
mentaux sous le terme de rêves, nous
avons réalisé un enregistrement continu
du sommeil chez 13 patients atteints de
SGB, 7 avec et 6 sans hallucinations, et
chez 6 patients contrôles tétraplégiques
hospitalisés en réanimation. Le som-
meil était court et fragmenté chez tous
les patients. La latence du sommeil
paradoxal était plus courte chez les
patients atteints de SGB avec halluci-
une sorte d’état de mal dissocié céré-
bral, une perte des frontières entre
l’éveil et le sommeil, et entre les diffé-
rents stades de sommeil, permettant
l’irruption de rêves en plein éveil. Le
SGB étant théoriquement une maladie
périphérique, une cause centrale a été
recherchée : les taux d’hypocrétine dans
le LCR étaient un peu plus bas chez
les patients hallucinés, suggérant une
atteinte hypothalamique auto-immune
dans le SGB, comme cela existe parfois.
Cette très longue série de patients
observés et enregistrés dans les condi-
tions difficiles de la réanimation a
l’intérêt de montrer que le délire de
réanimation est probablement un “fourre-
tout” qui mélange des patients confus
délirants avec d’authentiques troubles
centraux des mécanismes du sommeil
qui n’ont rien à voir avec la réanimation
elle-même, mais avec la maladie causale.
Cela montre aussi qu’une attaque auto-
immune cérébrale peut engendrer des
troubles qui ressemblent à la narcolepsie,
mais qui guérissent sans doute grâce
aux traitements immunomodulateurs
utilisés dans le SGB.
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