chantiers 2010 - Mairie de Cahors

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ARCHÉOLOGIE
8, rue de la Halle
L'archéologie du bâti
consiste à
analyser et étudier des constructions
encore en élévation comme cela peut
être le cas d'un château ou d'une
cathédrale par exemple.
À Cahors, la densité et l'état de
conservation des maisons médiévales
sont exceptionnels. L'étude archéologique de ces bâtisses peut donc
être systématique et beaucoup plus complète que sur n'importe quel
autre site. Ainsi, elle permet de mieux appréhender les techniques
de construction du bâti et cerner les différents types d'habitats
urbains caractéristiques de Cahors et du Quercy.
Le mode opératoire de l'étude du bâti est identique à celui d'une
fouille traditionnelle. Les élévations sont finement analysées :
on observe les matériaux de construction, le mode de mise en oeuvre, les structures architecturées, la nature du mortier et des
décors... Toutes ces données sont enregistrées et tous les éléments
sont photographiés.
Des relevés pierre à pierre sont réalisés sur chaque mur afin de mettre en évidence les différentes reprises et modifications qu'ils ont
pu subir. Le recoupement de toutes les informations permet, au
final, de dresser une chronologie des étapes de la construction et de
comprendre comment ces bâtiments étaient aménagés.
Cette analyse archéologique
peut, ensuite, être enrichie
par l'intervention d'autres
sciences telles que la dendrochronologie
(datation
des bois), la carpologie
(étude des graines, pollens
et charbons) ou l'analyse des
mortiers.
Prélévement
dendrochronologique sur poutre.
Lab. CÈDRE
Maison Quéval
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ARCHÉOLOGIE
L’ensemble d’Armagnac
Située en coeur d'ilôt, la propriété appartenant autrefois au comte
d'Armagnac, est en cours de rénovation. Des 3 bâtiments qui la com-
Vue de la façade ouest du bâtiment
posent, seul le bâtiment en fond de parcelle fait aujourd'hui l'objet
d'une étude archéologique. Un grand jardin arboré cache la maison
dont l'accès peut se faire depuis la rue Fondue-Haute et la rue des
Trois-Baudus. La façade ouest montre une construction du 19e
siècle, assez banale si ce n'est son ampleur.
La maison se compose de 4 niveaux dont le 1er est partiellement
enterré. En effet, il existe un dénivelé important d'ouest en est ; le
bâti s'est donc adapté à ce contexte géomorphologique. Ce 1er niveau
est accessible de plein pied depuis la rue des Trois-Baudus, mais
Extrait du plan cadastral de 1812 :
localisation de la parcelle et du bâtiment.
invisible depuis l'ouest. Il s'est, par ailleurs, révélé d'une incroyable
richesse archéologique. En effet, l'ensemble de la structure médiévale est entièrement conservée à ce niveau permettant une analyse
fine du bâti.
Vue de la façade sud
Plan du 2e niveau du bâtiment.
Cette analyse se base sur les vestiges actuellement apparents,
certaines parties intérieures et extérieures du bâtiment ne sont pas
accessibles. La description sera complétée à mesure des
nouvelles découvertes.
L'étude des parements intérieurs a montré que le bâtiment initial
était de forme rectangulaire. Comme le laisse entrevoir la façade
sud, il est construit en briques et en mortier de chaux, technique usi-
Angle sud-est de la maison. On peut voir
tée dès la 2e moitié du 12 siècle à Cahors. Quelques joints médiévaux
les emplacements des baies géminées.
sont aussi restés en place.
Malgré les modifications apportées au cours des 15e et 17e siècles,
plusieurs baies de types lancettes, ont été repérées sur les murs est,
sud et ouest ainsi que les vestiges de 2 portes (côté est et sud). La
porte d'entrée semble se situer côté est, l'autre paraît avoir été
condamnée assez tôt. De plus, cette façade était percée par au moins
2 baies géminées, éléments remarquables durant le Moyen Age car
ils signalaient les parties nobles de la maison.
Vue du parement intérieur du mur est :
la maçonnerie médiévale conserve une fenêtre
et la partie haute de la porte d'entrée.
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ARCHÉOLOGIE
L’ensemble d’Armagnac
L'étude archéologique permet de dresser une première ébauche
de l'état médiéval du bâtiment (ci-dessous). Il ne s'agit pas de
l'état d'origine car, d'après nos observations plusieurs modifications ont eu lieu entre le 12e et le 13e siècle.
Pour avoir un résultat optimum, le dendrochronologue effectue des prélèvements sur
chaque poutre du plafond.
Il s'agit de carottes de 2,5cm de diamètre
qui sont réalisées sur la partie la plus large
de la poutre afin de récolter le maximum de
cernes. Chaque carotte est ensuite comparée à une table de référence qui est dressée
par nature d'arbre et par zone géogra-
Restitution de l'état du bâtiment au 13e siècle
phique.
Au même titre que l'analyse par Carbone
14, la dendrochronologie permet de dater
Il est possible d'avancer la date du 13e siècle grâce aux types de
le bois avec précision mais il s'agit surtout
matériaux utilisés et grâce à leur mode de mise en oeuvre.
d'une science qui étudie le climat et son
Une analyse dendrochronologique a, par ailleurs, été réalisée au
évolution. Chaque nouveau prélèvement
contribue donc à l'avancée de la recherche
cours de l'année 2009 permettant de connaître précisément la
date des solives composant le plafond du 1er niveau côté sud.
climatologique.
La structure de ce plafond ainsi que la section des poutres permettent d'envisager qu'il appartenait à la construction d'origine.
En effet, les solives reposent sur une poutre de rive qui leur est
perpendiculaire et prise directement dans la maçonnerie.
Cette disposition permet d'ancrer solidement les solives dans la
structure et d'assurer une meilleure répartition des charges dans
le mur, pour éviter les fissures.
L'analyse des carottages prélevés dans les poutres du plafond a
revélé que les arbres avaient été abattus au cours de l'automne
hiver 1221-1222. Cette datation, d'une extrême précision, situe
la date ante quem de la construction, c'est-à-dire à partir de
quand elle a pu être réalisée. On estime qu'à cette époque, les
arbres sont utilisés dans l'année qui suit leur abattage, le bâtiVue du plafond datant du 13e siècle :
on peut voir au fond, la poutre
muraillère prise dans le mur.
ment d'Armagnac pourrait donc dater de 1223.
Cette expertise se révèle être capitale car elle permet non seulement de situer avec précision des formes de construction et de
reconnaitre des structures anciennes mais aussi de reconstituer
l'évolution du tissu urbain.
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MISE EN VALEUR
69, rue du bousquet
Des travaux d'aménagements ont touché la maison du 69, rue du
Bousquet. Ce bâtiment, situé en bord d'ilôt, englobe 3 anciennes
parcelles médiévales qui ont été réunies au fil des siècles.
La campagne de travaux a été l'occasion non seulement de mieux
connaître la maison et redécouvrir des éléments architecturaux
anciens, mais aussi de mettre en oeuvre des matériaux de
restauration qui contribuent à la conservation du bâtiment.
Extrait du plan cadastral de 1812 :
Ci-dessus, vue d'un sol de tomettes
on peut distinguer les 3 parcelles initiales
trouvé au rez-de-chaussée mais dont
l'état n'a pas permis la conservation.
Le premier travail entrepris a été de dégager les caves dont cer-
Ci-dessous, reprise des joints du pan
taines avaient été entièrement comblées. Cette action est indis-
de bois au mortier de chaux.
pensable afin d'assainir tout bâtiment. En effet, cela permet à
l'humidité stagnante de s'évaporer au lieu de s'infiltrer dans les
murs et remonter dans les étages.
De la même façon, il a été choisi d'utiliser des matériaux de
construction naturels respectant la structure d'origine : la chaux,
le chanvre ou la fibre de bois... Sur les bâtis anciens, toute utilisation de ciment est proscrite afin d'éviter la création de points
durs dans la construction qui, faite en matériaux vivants (argile,
chaux...), est en mouvement constant. Ce choix ne s'oppose pas
est au confort recherché aujourd'hui puisque la dalle en chauxchanvre a permis la mise en place d'un système de chauffage
au sol.
De tous les élements mis au jour au cours de cette campagne, la
découverte d'un pan de bois à hourdis faits en moellons de tuf sur
la façade sud, a été la plus remarquable.
0
2m
En effet, après le 12, rue de la Daurade et le 117, rue de Lastié, il
s'agit du 3e exemple de structure connue associant pan de bois et
tuf. La maison de la rue Daurade est la plus ancienne maison à
pan de bois de Cahors : elle date de la fin du 13e siècle. Le pan de
bois rue du Bousquet pourrait être légèrement postérieur et dater
du 14e siècle. La découverte d'un pan de bois avait été envisagée
avant le ravalement : son mode de mise en oeuvre ainsi que son
Détail des moellons de tuf
bon état de conservation ont permis de le laisser apparent.
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INVENTAIRE
L'Inventaire Général
a pour but de re-
censer l'ensemble des éléments patrimoniaux encore en place aujourd'hui sur le
territoire national. Il se veut le plus complet
possible afin d'améliorer nos connaissances sur le patrimoine et de
les diffuser au grand public.
La Ville de Cahors, en convention avec le Conseil Régional de MidiPyrénées, participe à cette mission d'Inventaire Général qui fait souvent appel à l'archéologie du bâti. Cette science représente, en effet,
un outil essentiel à la mission d'Inventaire, puisqu'elle contribue à
l'apport quotidien de connaissances sur le patrimoine bâti.
Les agents du service Patrimoine de la Ville de Cahors ont donc pour
mission de visiter le plus grand nombre de propriétés, situées ou non
en secteur sauvegardé, afin de renseigner chaque parcelle. La visite
permet de voir l'intégralité du bâtiment de la cave au grenier.
Différentes informations sont alors collectées : types de matériaux
utilisés pour la construction des murs et de la toiture, le nombre de
niveaux, le type de charpente... La visite des caves est aussi primordiale : elles peuvent, en effet, être les seuls vestiges renseignant sur
le bâtiment d'origine.
Le repérage des éléments d'architecture est essentiel. Il peut s'agir
d'éléments immobiliers comme des cheminées, des baies géminées,
des niches à luminaire ou des placards. Les éléments de mobiliers
ou des structures en bois comme les plafonds, les devantures anciennes ou les menuiseries entrent aussi dans le cadre de cet inventaire. Les structures, toutes époques confondues, sont repérées et
photographiées car elles représentent toutes un état différent du bâtiment. Ainsi, les moulures de plafond, de porte ou les cheminées
du 19e siècle sont aussi recensées.
Toutes les données collectées sont ensuite basculées sur la rubrique
patrimoine du site internet de la Ville afin d'en faire bénéficier un
large public :
- http://www.mairie-cahors.fr/patrimoine/index.html
- http://patrimoines.midipyrenees.fr/fr/connaitre/
recherche-documentaire/index.html
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INVENTAIRE
La révision du plan de sauvegarde et de mise en valeur du centre ancien de Cahors est l'occasion de compléter l'Inventaire Général de la
ville.
En effet, débutée cette année et pour une durée de 5 ans, la révision
du secteur sauvegardé a été confiée au bureau d'études dirigé par
Alexandre Mélissinos. Ce bureau est chargé de redéfinir les grandes
lignes de la politique d'aménagement du centre ancien. Pour ce faire,
une visite de tous les immeubles situés dans le périmètre du secteur
Escalier en vis du 17e siècle (rue nationale)
sauvegardé est effectuée afin d'établir un état des lieux.
Ces visites, menées conjointement par des représentants du bureau
d'étude et du service patrimoine de la Ville, ont pour but de faire un
recensement de l'ensemble des éléments patrimoniaux conservés
dans chaque bâtiment afin de mieux pouvoir les identifier et les
protéger lors de réaménagements futurs. A la fin de la phase de
terrain, tous les bâtiments du secteur sauvegardé seront inventoriés, permettant une meilleure approche patrimoiniale.
Jusqu'à présent, les visites effectuées ont permis de recenser des élé-
Mur antique en petits moellons (place Chapou)
ments particulièrement importants en matière de construction. En
effet, la multiplication des visites permet la multiplication des observations sur les modes de construction utilisésdans le centre ancien.
Ainsi, on sait aujourd'hui que le centre ville de Cahors conserve :
- des maçonneries antiques faites en petits moellons réguliers
de calcaire bien assisés,
- des maçonneries du 11e siècle (ou antérieur) d'assises non
régulières de pierres brutes ou équarries,
- des maçonneries de gros moellons, voir de blocs, de calcaire
Mur en pierre (base) du 11e siècle
(rue du four Ste-Barbe)
régulières et bien assisées datant du 12e siècle.
Ces éléments n'avaient pas été formellement identifiés jusqu'à
aujourd'hui. Les visites à la parcelle sont donc essentielles afin
d'effectuer ce travail d'Inventaire pour mieux protéger et valoriser
des structures d'un âge quasi-millénaire.
e
Mur en gros moellons du 12 siècle
(rue nationale)
Plafond du 15e siècle retrouvé
Croisée du 16e siècle, dont
sous un faux-plafond en plâtre
il manque les meneaux
(rue nationale)
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E
Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine (SDAP)
CONTACTS :
Place Jacques-Chapou - 46000 Cahors
Ville de Cahors - Service Patrimoine
Tél : 05 65 23 07 50 / Fax : 05 65 23 07 60
Maison Quéval
8, rue de la Halle
SIT ES INT ERNET :
46000 Cahors
Ville de Cahors : http://www.mairie-cahors.fr/patrimoine/index.html
tél : 05 65 20 88 91
Inventaire Général : http://patrimoines.midipyrenees.fr/fr/connaitre/
mail : [email protected]
recherche-documentaire/index.html
Service de l’Inventaire Général
Conseil Régional Midi-Pyrénées
Hôtel administratif
22, boulevard du Maréchal-Juin
Remerciements : Service Patrimoine, Ville de Cahors, SDAP, Maurice Scellès
(Conseil Régional de Midi-Pyrénées), Anaïs Charrier, Gilles Séraphin, propriétaires des lieux visités.
Crédits photos : Cécile Fock-Chow-Tho (Service patrimoine), Archives Municipales de la Ville de Cahors
31046 Toulouse Cedex 9
Relevés : Cécile Fock-Chow-Tho (Service patrimoine)
Tél : 05 61 33 50 50
Réalisation : Service communication de la Ville de Cahors
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