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L'archéologie du bâti consiste à
analyser et étudier des constructions
encore en élévation comme cela peut
être le cas d'un château ou d'une
cathédrale par exemple.
À Cahors, la densité et l'état de
conservation des maisons médiévales
sont exceptionnels. L'étude archéologique de ces bâtisses peut donc
être systématique et beaucoup plus complète que sur n'importe quel
autre site. Ainsi, elle permet de mieux appréhender les techniques
de construction du bâti et cerner les différents types d'habitats
urbains caractéristiques de Cahors et du Quercy.
Le mode opératoire de l'étude du bâti est identique à celui d'une
fouille traditionnelle. Les élévations sont finement analysées :
on observe les matériaux de construction, le mode de mise en oeu-
vre, les structures architecturées, la nature du mortier et des
décors... Toutes ces données sont enregistrées et tous les éléments
sont photographiés.
Des relevés pierre à pierre sont réalisés sur chaque mur afin de met-
tre en évidence les différentes reprises et modifications qu'ils ont
pu subir. Le recoupement de toutes les informations permet, au
final, de dresser une chronologie des étapes de la construction et de
comprendre comment ces bâtiments étaient aménagés.
Cette analyse archéologique
peut, ensuite, être enrichie
par l'intervention d'autres
sciences telles que la den-
drochronologie (datation
des bois), la carpologie
(étude des graines, pollens
et charbons) ou l'analyse des
mortiers.
8, rue de la Halle
ARCOLOGIE
Maison Quéval
Prélévement
dendrochronologique sur poutre.
Lab. CÈDRE
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L’ensemble d’Armagnac
ARCOLOGIE
Située en coeur d'ilôt, la propriété appartenant autrefois au comte
d'Armagnac, est en cours de rénovation. Des 3 bâtiments qui la com-
posent, seul le bâtiment en fond de parcelle fait aujourd'hui l'objet
d'une étude archéologique. Un grand jardin arboré cache la maison
dont l'accès peut se faire depuis la rue Fondue-Haute et la rue des
Trois-Baudus. La façade ouest montre une construction du 19e
siècle, assez banale si ce n'est son ampleur.
La maison se compose de 4 niveaux dont le 1er est partiellement
enterré. En effet, il existe un dénivelé important d'ouest en est ; le
bâti s'est donc adapté à ce contexte géomorphologique. Ce 1er niveau
est accessible de plein pied depuis la rue des Trois-Baudus, mais
invisible depuis l'ouest. Il s'est, par ailleurs, révélé d'une incroyable
richesse archéologique. En effet, l'ensemble de la structure médié-
vale est entièrement conservée à ce niveau permettant une analyse
fine du bâti.
Cette analyse se base sur les vestiges actuellement apparents,
certaines parties intérieures et extérieures du bâtiment ne sont pas
accessibles. La description sera complétée à mesure des
nouvelles découvertes.
L'étude des parements intérieurs a montré que le bâtiment initial
était de forme rectangulaire. Comme le laisse entrevoir la façade
sud, il est construit en briques et en mortier de chaux, technique usi-
tée dès la 2emoitié du 12 siècle à Cahors. Quelques joints médiévaux
sont aussi restés en place.
Malgré les modifications apportées au cours des 15eet 17e siècles,
plusieurs baies de types lancettes, ont été repérées sur les murs est,
sud et ouest ainsi que les vestiges de 2 portes (côté est et sud). La
porte d'entrée semble se situer côté est, l'autre paraît avoir été
condamnée assez tôt. De plus, cette façade était percée par au moins
2 baies géminées, éléments remarquables durant le Moyen Age car
ils signalaient les parties nobles de la maison.
Vue de la façade ouest du bâtiment
Plan du 2eniveau du bâtiment.
Vue de la façade sud
Extrait du plan cadastral de 1812 :
localisation de la parcelle et du bâtiment.
Vue du parement intérieur du mur est :
la maçonnerie médiévale conserve une fenêtre
et la partie haute de la porte d'entrée.
Angle sud-est de la maison. On peut voir
les emplacements des baies géminées.
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L’ensemble d’Armagnac
L'étude archéologique permet de dresser une première ébauche
de l'état médiéval du bâtiment (ci-dessous). Il ne s'agit pas de
l'état d'origine car, d'après nos observations plusieurs modifica-
tions ont eu lieu entre le 12eet le 13esiècle.
Il est possible d'avancer la date du 13esiècle grâce aux types de
matériaux utilisés et grâce à leur mode de mise en oeuvre.
Une analyse dendrochronologique a, par ailleurs, été réalisée au
cours de l'année 2009 permettant de connaître précisément la
date des solives composant le plafond du 1er niveau côté sud.
La structure de ce plafond ainsi que la section des poutres per-
mettent d'envisager qu'il appartenait à la construction d'origine.
En effet, les solives reposent sur une poutre de rive qui leur est
perpendiculaire et prise directement dans la maçonnerie.
Cette disposition permet d'ancrer solidement les solives dans la
structure et d'assurer une meilleure répartition des charges dans
le mur, pour éviter les fissures.
L'analyse des carottages prélevés dans les poutres du plafond a
revélé que les arbres avaient été abattus au cours de l'automne
hiver 1221-1222. Cette datation, d'une extrême précision, situe
la date ante quem de la construction, c'est-à-dire à partir de
quand elle a pu être réalisée. On estime qu'à cette époque, les
arbres sont utilisés dans l'année qui suit leur abattage, le bâti-
ment d'Armagnac pourrait donc dater de 1223.
Cette expertise se révèle être capitale car elle permet non seule-
ment de situer avec précision des formes de construction et de
reconnaitre des structures anciennes mais aussi de reconstituer
l'évolution du tissu urbain.
ARCOLOGIE
Restitution de l'état du bâtiment au 13esiècle
Pour avoir un résultat optimum, le dendro-
chronologue effectue des prélèvements sur
chaque poutre du plafond.
Il s'agit de carottes de 2,5cm de diamètre
qui sont réalisées sur la partie la plus large
de la poutre afin de récolter le maximum de
cernes. Chaque carotte est ensuite compa-
rée à une table de référence qui est dressée
par nature d'arbre et par zone géogra-
phique.
Au même titre que l'analyse par Carbone
14, la dendrochronologie permet de dater
le bois avec précision mais il s'agit surtout
d'une science qui étudie le climat et son
évolution. Chaque nouveau prélèvement
contribue donc à l'avancée de la recherche
climatologique.
Vue du plafond datant du 13e siècle :
on peut voir au fond, la poutre
muraillère prise dans le mur.
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MISE EN VALEUR
69, rue du bousquet
Des travaux d'aménagements ont touché la maison du 69, rue du
Bousquet. Ce bâtiment, situé en bord d'ilôt, englobe 3 anciennes
parcelles médiévales qui ont été réunies au fil des siècles.
La campagne de travaux a été l'occasion non seulement de mieux
connaître la maison et redécouvrir des éléments architecturaux
anciens, mais aussi de mettre en oeuvre des matériaux de
restauration qui contribuent à la conservation du bâtiment.
Le premier travail entrepris a été de dégager les caves dont cer-
taines avaient été entièrement comblées. Cette action est indis-
pensable afin d'assainir tout bâtiment. En effet, cela permet à
l'humidité stagnante de s'évaporer au lieu de s'infiltrer dans les
murs et remonter dans les étages.
De la même façon, il a été choisi d'utiliser des matériaux de
construction naturels respectant la structure d'origine : la chaux,
le chanvre ou la fibre de bois... Sur les bâtis anciens, toute utili-
sation de ciment est proscrite afin d'éviter la création de points
durs dans la construction qui, faite en matériaux vivants (argile,
chaux...), est en mouvement constant. Ce choix ne s'oppose pas
est au confort recherché aujourd'hui puisque la dalle en chaux-
chanvre a permis la mise en place d'un système de chauffage
au sol.
De tous les élements mis au jour au cours de cette campagne, la
découverte d'un pan de bois à hourdis faits en moellons de tuf sur
la façade sud, a été la plus remarquable.
En effet, après le 12, rue de la Daurade et le 117, rue de Lastié, il
s'agit du 3eexemple de structure connue associant pan de bois et
tuf. La maison de la rue Daurade est la plus ancienne maison à
pan de bois de Cahors : elle date de la fin du 13esiècle. Le pan de
bois rue du Bousquet pourrait être légèrement postérieur et dater
du 14esiècle. La découverte d'un pan de bois avait été envisagée
avant le ravalement : son mode de mise en oeuvre ainsi que son
bon état de conservation ont permis de le laisser apparent.
Ci-dessus, vue d'un sol de tomettes
trouvé au rez-de-chaussée mais dont
l'état n'a pas permis la conservation.
Ci-dessous, reprise des joints du pan
de bois au mortier de chaux.
Extrait du plan cadastral de 1812 :
on peut distinguer les 3 parcelles initiales
02m
Détail des moellons de tuf
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