L’ÉCOLIÈRE DE TOKYO
LE TIMIDE À LA COUR
ABÎMÉS
LE TERRIER
1984
AnnE... LA MAISOn AUX PIGnOnS VERTS
Cahier d’automne
Théâtre Denise-Pelletier 1716 DIRECTION ARTISTIQUE CLAUDE POISSANT
LES CAhIERS / nUMÉRO 97
Ce cahier, comme l’automne et les semaines qui y logent, a
des couleurs qu’on remarque, des humeurs changeantes.
Il est habité de tous ces engagements, avec nous-
même et son voisin, qu’exigent la rentrée des classes,
le retour au travail, l’arrivée du frisson, les aspirations
si nouvelles, les aboutissements concluants et les rêves
projetés sur la ligne d’horizon. Au gré des six spectacles
qui s’emmêlent dans ses feuilles (ici électroniques) le
Cahier d’automne invite, comme la saison des poètes,
des sujets qui déchirent, et en contrepoint des écritures
allègres. Au cœur de ces lignes, des thèmes s’imposent
et resurgissent : le conditionnement et la peur (1984), la
peur de l’autre aussi, les voyages qui la créent (L’Écolière
de Tokyo), la rencontre de l’autre et le vertige amoureux
(Le Timide à la cour), cette mélancolie qui pousse jusqu’à
l’isolement (Abîmés), la famille traditionnelle, l’épreuve
de l’absence (Le Terrier), la famille reconstruite, l’enfance
retrouvée (Anne... la maison aux pignons verts).
Ce cahier, conçu par l’auteure et comédienne
Emmanuelle Jimenez, cible, au-delà des thèmes des
œuvres à l’affiche dans les deux salles du TDP, la force des
écritures dramatiques. Pour la rédaction du Cahier, de
nombreux auteurs de théâtre jouent ici avec rhétorique
et justesse, à l’interviewer, au journaliste, à l’historien,
au dialoguiste...Ainsi, Alexis Martin nous dissèque en
abécédaire le monde intemporel du roman 1984, et son
auteur George Orwell est présenté sous l’œil de la jeune
auteure et comédienne Joëlle Bond.
Antoine Laprise active tous les cookies de son cerveau et
nous présente ce Japon qu’il aime autant que le nomade
Jean-Philippe Lehoux.
Marie-Claude Verdier creuse le symbole de l’enfant mort
en littérature (comme dans l’œuvre de Lindsay-Abaire, Le
Terrier) et Fanny Britt écrit une lettre à la mère éplorée.
Marie-Hélène Larose-Truchon retourne dans le temps
et invente une rencontre avec Anne Shirley, la rouquine
battante de la maison aux pignons verts de Lucy Maud
Montgomery.
Pour approcher Beckett, Marcel Pomerlo se faufile,
intimiste, dans l’univers de la compagnie Joe Jack et John
et nous livre ses entretiens avec la metteure en scène
Catherine Bourgeois et cette comédienne qui vit avec le
syndrome de Williams, Gabrielle Marion-Rivard.
Gilbert Turp et Sylvie Girard plongent dans le Siècle d’or
espagnol pour mettre en lumière cette période de moins
en moins présentée sur nos scènes. Et parce que les
femmes ont une parole dans ce XVIIe siècle de Tirso de
Molina, Marie-Ève Milot et Marie-Claude Saint-Laurent se
font épistolaires.
Nous vous présentons, brièvement, les six jeunes
metteurs en scène qui sont à la barre de cet automne
au TDP et Frédéric Bélanger (eh oui) en devient le doyen.
Aussi, à sa demande, j’ai remis les clés du théâtre à Patrice
Charbonneau-Brunelle pour qu’il dessine la saison au gré
de ses pérégrinations et de ses envies. Puis vous lirez,
je l’espère, cet extrait de Rien à cacher / No way to feel
safe, une expérience dramatique et visuelle, une réflexion
troublante sur la vie privée à l’heure des réseaux, dont
vous pourrez voir la représentation publique, quelque
part en nos murs, par un soir de novembre, à cour ou à
jardin, portée par le vent d’automne.
Bonne lecture,
et surtout bonne saison,
merci d’en être la raison.
Claude Poissant, directeur artistique
© Jean-François Brière
MOT DE CLAUDE POISSAnT
2
© Andréanne Gauthier
TABLE DES MATIÈRES
4 Un automne jeune
6 Une année de création en dessins
7 L’Écolière de Tokyo
8 Solidarités improbables
9 Du Japon (hors des sentiers battus)
13 Le Timide à la cour
14 Le Siècle d’or espagnol
16 Le théâtre espagnol du Siècle d’or
18 Tirso de Molina
21 Écho de 1972
23 Lettre ouverte
25 Abîmés
26 Beckett
27 Des pas dans la nuit
29 Parler avec Gabrielle
33 Le Terrier
34 Lorsque les étoiles s’éteignent
37 Becca
38 Le deuil
40 1984
41 De Eric Blair à George Orwell
42 Abécédaire
45 Big Brother vous regarde
46 Rien à cacher/No way to feel safe : extrait
49 Anne... la maison aux pignons verts
50 Entrevue avec Anne Shirley
52 Lire Anne... la maison aux pignons verts
54 Akage no An, ou Anne au Japon
S’occuper d’un tel cahier, c’est faire des rencontres
fabuleuses et découvrir des univers qui semblent, a
priori, à des années-lumière les uns des autres. C’est
plonger dans une saison théâtrale comme tomber dans
un buffet all you can eat où il y en a pour tous les goûts.
Une saison qui me propulse dans le voyage par la simple
sonorité des titres de ses différents, très différents
spectacles : L’Écolière de Tokyo, Le Timide à la cour,
Abîmés, Le Terrier, 1984 et Anne... la maison aux pignons
verts. Délicieux vertige… Je salue la rigueur et l’audace de
Claude et Jean-Simon : ils osent inviter leur public à un
banquet qui réussit l’exploit d’être tout à la fois ludique,
costaud et exigeant. Merci de l’invitation, me voilà riche
et nourrie. Que vive le théâtre.
ISSN 2369-5374 / BIBLIOTHÈQUE
NATIONALE DU CANADA INC
Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est, Montréal
(Québec) H1V 1Y2
Administration : 514 253-9095
Billetterie : 514 253-8974
denise-pelletier.qc.ca
Les Cahiers du Théâtre Denise-Pelletier sont
publiés sous la direction de Julie Houle, avec
le soutien d’Anaïs Bonotaux-Bouchard. La
rédaction de ce Cahier est coordonnée par
Emmanuelle Jimenez. Nous remercions les
équipes de production, auteurs et metteurs
en scène qui ont facilité la réalisation de ce
numéro des Cahiers.
MOT D’EMMAnUELLE
JIMEnEZ
Coordonnatrice invitée du Cahier d’automne 2016
Le Théâtre Denise-Pelletier est membre des Théâtres associés inc. (TAI) et de l’Association des diffuseurs spécialisés en théâtre (ADST).
Partenaire médiaPartenaire de saison
Le Théâtre Denise-Pelletier (TDP) tient à remercier
Partenaire de saison
Emmanuelle Jimenez
Emmanuelle Jimenez a suivi une formation en
interprétation au Conservatoire d’art dramatique
de Montréal. Tout en continuant d’exercer le métier
de comédienne, elle se consacre essentiellement
à l’écriture dramatique. Plusieurs de ses textes ont
été montés : Oui, madame la ministre ! (Productions
À Tour de Rôle), Du vent entre les dents (Théâtre
d’Aujourd’hui), Un gorille à Broadway (Productions À
Tour de Rôle) et Rêvez, montagnes ! (Nouveau Théâtre
Expérimental). Elle a co-écrit Le Dénominateur
commun avec François Archambault, spectacle
produit par le Théâtre Debout présenté à La Licorne.
Sa dernière pièce, Centre d’achats, a été présentée au
Festival du Jamais Lu 2016.
3
Charles Dauphinais, metteur en scène de L’Écolière de
Tokyo
Un spectacle de théâtre, c’est une étoffe tressée de
liens humains. Les premiers mots mêmes, écrits sur
la première page, sont un espoir de mains tendues, de
yeux brillants, de cœurs qui sautent. Cet ultime lien
avec le public est l’aboutissement d’un long complot de
questions, de curiosités, de désirs, de rapprochements,
de découvertes. Au beau milieu de notre grouillante cour
montréalaise, notre tentative de pénétrer un si vaste
Japon est une mission que nous espérons porteuse de
liens entre nos différentes cultures.
Alexandre Fecteau, metteur en scène de Le Timide à la
cour
En tant que jeune moins jeune que les vrais jeunes,
mais plus jeune que les anciens jeunes, j’ai peut-être le
souvenir plus récent de ce que j’ai apprécié qu’on me
dise, qu’on me montre. De ce qui au contraire m’a été
nuisible, toxique, et de ce que j’aurais eu besoin de voir,
d’entendre. Alors je crée, en me disant qu’en s’adressant à
des pensées qui se forment encore, on a la responsabilité
de ne pas contribuer à les précipiter dans la fermeture
qui ferait en sorte qu’ils ne seront plus jeunes d’esprit.
(Mais comment ? Ça, c’est autre chose !)
VOX-POP
UN AUTOMNE
JEUNE
par Emmanuelle Jimenez
L’automne se passera chez nous sous le signe d’une
certaine jeunesse grâce à celle des six metteur(e)s en
scène qui en signent les spectacles. Ils et elles ont
bien voulu se prêter au jeu de tenter une réponse à ma
question à 1000$ :
Quel sens donnez-vous à votre participation
au monde en tant que jeunes artistes dans
le contexte de cette rencontre à venir avec le
public du Théâtre Denise-Pelletier ?
© Jasmin Robitaille
© Marc Dussault
4
Jean-Simon Traversy, metteur en scène de Le Terrier
La Salle Fred-Barry, c’est le premier cube noir de Montréal.
Un lieu de tous les possibles où, je crois, les histoires
se doivent d’être racontées autrement. Mon dada, c’est
l’acteur. Je veux donc continuer, ici, d’examiner sa nature,
d’insister sur son caractère. Et c’est ce droit à l’essai qui
m’enflamme chez Fred-Barry.
Frédéric Bélanger, metteur en scène de Anne... la maison
aux pignons verts
J’avais 12 ans lorsque j’ai assisté à ma toute première
pièce de théâtre. C’était entre ces murs. Aujourd’hui,
je travaille sans relâche à initier, à sensibiliser et à
démocratiser l’art théâtral auprès des jeunes. Je veux
leur raconter une histoire, les faire rêver, les ébranler,
les impressionner, les renverser, les révolter et les
transformer. Le théâtre est un levier d’ouverture sur le
monde. Il a fait de moi l’être que je suis et il façonne
encore l’être que je deviens. Il me donne la possibilité de
faire la différence, d’être cet initiateur d’inspiration qui
peut peut-être changer une vie.
Edith Patenaude, metteure en scène de 1984
Je considère comme une responsabilité de participer
à donner envie de choisir la liberté de pensée plutôt
que le divertissement - qui signifie littéralement le
déplacement du regard vers ce qui n’est pas important.
En ce sens, je dois nommer mon âge comme n’étant pas
essentiel dans l’équation de ma participation au monde.
Il n’est qu’un chiffre auquel on peut accorder une valeur,
alors que celle qui m’apparaît réelle se trouve plutôt dans
la volonté constamment renouvelée de voir grandir chez
soi et les autres la lucidité, la curiosité et la sensibilité.
Catherine Bourgeois, metteure en scène de Abîmés,
Quatre courtes pièces de Samuel Beckett
J’ai voté pour la première fois à 25 ans. La même année
où j’ai fait ma première mise en scène avec Joe Jack et
John. J’avais l’impression qu’en pratiquant mon devoir
de citoyenne, je prendrais parole, que je donnerais mon
opinion et que je serais entendue. Mais exercer mon
droit de vote m’a énormément déçue. Je me suis alors
dit que ce n’était pas suffisant, que je devais prendre
parole autrement : en faisant du théâtre, en créant des
œuvres qui remettent en question les valeurs établies,
en proposant des pistes de réflexion et des prise de
paroles autres. Chaque œuvre est donc une occasion
de renouveler ma participation au monde, puis de
rencontrer des artistes et un public afin de construire un
dialogue, tant esthétique qu’humain.
© Marianne Noël-Allen
© Maxime Cormier
© Julie Perreault
© PhilippeBergeron
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