Après l’euphorie de l’année 2000 et l’exubérance de la bulle technologique, la
croissance de l’économie mondiale a nettement ralenti en 2001, entraînée par une
correction de l’investissement, après trop d’investissements insuffisamment rentables
et l’accumulation de surcapacités. Bien que la correction de la bulle et des surca-
pacités semble aujourd’hui presque achevée, les indices boursiers continuent de
s’effondrer en raison de l’incertitude et de la défiance généralisées. Cette chute,
l’aversion au risque qui en résulte et la dégradation des notations des entreprises
pèsent sur le financement de l’investissement. Dans ce contexte morose, le policy
mix contra-cyclique américain n’a pas eu les effets escomptés sur l’investissement,
mais il a soutenu la consommation des ménages. En revanche, dans la zone euro,
les agents n’ont pu compter sur un policy mix aussi favorable. La reprise observée
au premier semestre 2002 dans les grands pays industrialisés a manqué de vigueur.
2003 serait une année de croissance molle (1,8 % dans la zone euro et 2 % aux
États-Unis), en deçà de la croissance potentielle. La défiance envers les entreprises,
la difficulté de la politique monétaire américaine à relancer l’investissement et le
manque de réactivité de la politique économique en Europe inhiberaient des antici-
pations de croissance plus fortes. Il n’y aurait par conséquent pas de motif pour
les entreprises à investir vigoureusement.
Le retournement de l’activité au deuxième trimestre 2001 a amené un
ajustement de l’emploi qui, compte tenu de délais différents dans les pays, s’est
généralisé au début 2002. Dans un contexte où les salaires individuels sont restés
maîtrisés, la masse salariale distribuée a ralenti au cours de 2001. La consom-
mation a cependant soutenu la croissance aux États-Unis au premier semestre
2002, portée par le policy mix. En Europe, l’essentiel de la croissance au premier
semestre 2002 a été imputable à un ralentissement ou à un arrêt du déstockage.
Le policy mix n’a pas été un soutien de l’activité. Par ailleurs, aux États-Unis comme
en Europe, on a assisté à une baisse de l’investissement depuis 2001, due à des
difficultés de financement des entreprises. Celles-ci s’expliquent par plusieurs
L’ÉTÉ MEURTRIER
Perspectives 2002-2003
pour l’économie mondiale *
Octobre 2002
Revue de l’OFCE 83
* Cette étude a été réalisée au sein du département analyse et prévision de l’OFCE, par
une équipe dirigée par Xavier Timbeau et Eric Heyer et comprenant Hélène Baudchon, Odile
Chagny, Valérie Chauvin, Gaël Dupont, Amel Falah, Thierry Latreille, Sabine Le Bayon, Matthieu
Lemoine, Catherine Mathieu, Hervé Péléraux, Florian Pelgrin, Mathieu Plane, Christine Rifflart et
Paola Veroni. A également contribué à l’étude Françoise Charpin.