NFJ4_Jeudi_24_octobre : Le Nouvelliste : 18 : Page 18

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CHRISTELLE MAGAROTTO
«Eradiquer la grippe saison-
nière? Des scientifiques y ont son-
gé!» Yves Thomas, biologiste et
responsable du Centre national
de l’Influenza (la grippe pour les
érudits), à Genève, sourit. «Mais
pas longtemps!» Le principal ré-
servoir de virus grippaux, dont
certains inconnus, se situe dans
l’intestin des oiseaux sauvages.
La solution envisagée était de les
abattre.
«La question a été posée pour
certaines espèces d’Asie du Sud-
Est», poursuit le biologiste. Au
premier colloque, les ornitholo-
gues se sont offusqués. Au se-
cond, l’ensemble de la commu-
nauté scientifique «sest rangé à
l’idée que l’impact sur l’environ-
nement serait plus dramatique
que celui de la grippe sur la santé».
Cette possibilité balayée, reste
quon peut se faire vacciner. Et
qui dit vaccin, dit parfois espoir
d’élimination de la maladie...
«C’est vrai pour la rougeole, par
exemple», reprend le Dr Nicolas
Senn, chef de clinique à la Po-
licliniquemédicaleuniversitaire
de Lausanne. Si plus de 95% de
la population mondiale étaient
vaccinés, la maladie ne pourrait
plus circuler chez l’homme. «Le
problème est plus complexe pour
la grippe.» Si inextricable, selon
le médecin, que pas même un
savant fou saventurerait à cher-
cher une formule dans ce but.
Pour un effet
durable
«Les scientifiques travaillent pour
une immunité durable», explique
le Dr Contrairement à la rou-
geole qui est stable, le virus
Influenza est multiple. En 2013,
circulent notamment les virus
A(H1N1), A(H3N2) ou encore
A(H7N9).«Et chacun d’eux mute
régulièrement.» Ainsi, les vaccins
doivent être réactualisés deux
fois par an.
Les saisons étant inversées,
l’épidémie se propage entre jan-
vier et mars dans l’hémisphère
Nord, et entre juillet et août
dans le Sud. «Nous partons tou-
jours de la dernière mutation pour
développer nos vaccins»,explique
Yves Thomas du Centre national
de l’Influenza. En début d’an-
née, soit un semestre plus tard,
quand l’épidémie se déclare
dans nos régions, trois cas de fi-
gure sont possibles:
- soit le virus a peu muté et le
vaccin est efficace,
- soit il a beaucoup muté, et la
personne peut tomber malade
malgré la vaccination. Ce cons-
tat est cependant à laisser aux
experts. Très souvent, les symp-
tômes de la grippe, fièvre, maux
de tête, courbatures, et leur ap-
parition brutale, sont confondus
avec ceux d’infections bénignes
comme la laryngite, la pharyn-
gite, ou le rhume,
- soit une autre souche circule
et la vaccination n’aura alors au-
cun effet, la plus grosse crainte
étant un nouveau virus d’origine
aviaire. On parlera alors de pan-
démie; les experts en évoquent
trois au cours du XXe siècle, en
1918, 1957 et 1978.
Efficace?
«Lefficacité du vaccin nest me-
surable qu’une fois l’épidémie pas-
sée», analyse Yves Thomas. Le
réseau Sentinella, le système fé-
déral de surveillance de la grip-
pe1, note que celui recommandé
pour la saison 2013-2014 dans
l’hémisphère Nord, «aurait cou-
vert la majorité des virus Influenza
dans le Sud» l’été dernier. «C’est
le cas le plus souvent», commente
le responsable du Centre natio-
nal de l’Influenza.
«Si une année, 80% de la popu-
lation étaient vaccinés»value
au bas mot le biologiste «on
pourrait espérer que l’épidémie
saisonnière soit évitée2,etquela
grippe passe inaperçue.» Très peu
de chiffres sont cependant dis-
ponibles pour mesurer la cou-
verture vaccinale globale. Dans
le canton, seul l’Hôpital du
Valais publie des données récen-
tes et régulières. Et elles ne con-
cernent que ses collaborateurs
pour qui le vaccin est fortement
recommandé et disponible gra-
tuitement (voir encadré).
50% des médecins
vaccinés
Lan dernier, 50% des méde-
cinset27%dessoignantsont été
vaccinés. «Les saisons où on évo-
que un risque pandémique, les
taux grimpent jusqu’à 70% parmi
les docteurs», observe le Prof.
Nicolas Troillet, chef du Service
des maladies infectieuses à l’Hô-
pital du Valais. Ce fut le cas en
2005, et ce, «même s’il n’y avait
cette année-là aucune vaccination
pandémique recommandée»,no-
te le docteur. «Un phénomène si-
milaire serait probablement obser-
vable dans l’ensemble de la popu-
lation», poursuit-il. Particulari-
tés du milieu hospitalier cepen-
dant, le personnel soignant non
vacciné doit porter un masque
lors de chaque contact avec les
patients durant toute la période
épidémique. Objectif: limiter la
transmission du virus. «Le libre
arbitre est en question, mais aussi
le professionnalisme. La plupart
de nos collaborateurs jouent le
jeu», observe Nicolas Troillet.
Selon des extrapolations,
8000 personnes seraient tou-
chées par la grippe chaque hi-
ver en Valais. Et en Suisse, entre
500 et 1000 décès lui sont attri-
bués. Malgré toutes les interro-
gations, «les effets secondaires liés
à la vaccination sont beaucoup
plus rares que les complications
liées à la maladie», conclut le
médecin. «Et le vaccin reste à ce
jour la protection la plus efficace
contre la grippe.»
* 1 Le réseau Sentinella recueille
les déclarations de cas d’états grippaux
collectées par 200 cabinets médicaux,
répartis sur le territoire suisse. Quatre
médecins valaisans participent à ce jour
à cette surveillance.
2 Le seuil épidémique établi par le réseau
Sentinella pour la saison 2013-14 s’élève
à 74 cas déclaré par semaine pour
100 000 habitants.
DSSC Département de la santé,
des affaires sociales et de la culture
Les pages santé déjà parues peuvent
être consultées sur notre site:
http://www.lenouvelliste.ch/fr/
dossiers/detail/pages/
articles-1431-206563
www.vs.ch/sante www.promotionsantevalais.ch www.addiction-valais.ch
PARTENARIAT
EN BREF
18
Le canton lance www.infomed-vs.ch, sa pla-
teforme d’échange électronique de données
médicales du patient. Tous les médecins va-
laisans pourront à terme y accéder. A ce stade
du projet, seules les données de l’Hôpital du
Valais (RSV) sont mises à disposition. Les pra-
ticiensprivés devront obtenir l’accordécritdu
patient pour accéder à certaines informa-
tions: radiographies, allergies, etc. Lun des
objectifs est d’éviter de refaire inutilement
certains examens. Le projet a obtenu le label
«eHealth Suisse». Il coûte 2,6 millions de
francs et est entièrement financé par le can-
ton. COM
LE SAVIEZ-VOUS?
8000
En Valais
personnes
seraient atteintes de la grippe
saisonnière chaque année*
*selon des extrapolations basées sur les
données recueillies par le réseau Sentinella
LE MAG SANTÉ
JEUDI 24 OCTOBRE 2013 LE NOUVELLISTE
am - jh
VIRUS Le vaccin est à ce jour le moyen le plus efficace pour se prémunir de l’Influenza. Sa couverture
demeure faible cependant même dans le milieu hospitalier.
Tuer les oiseaux pour éradiquer la grippe?
«Si 80% de
la population
étaient vaccinés,
on pourrait
espérer que
lépidémie
saisonnière soit
évitée, et que
le virus passe
inaperçu.»
YVES THOMAS
BIOLOGISTE
ET RESPONSABLE
DU CENTRE NATIONAL
DE L’INFLUENZA
AUX HÔPITAUX
UNIVERSITAIRES
DE GENÈVE
CINQ MESURES DE PRÉVENTION
1. FAITES-VOUS VACCINER
C'est la méthode la plus efficace
pour se protéger. Elle est conseillée
particulièrement à toutes
les personnes présentant un risque
de complications élevé,
ainsi qu'à celles en étroit contact
avec ces dernières, que ce soit de
manière privée ou professionnelle.
2. LAVEZ-VOUS LES MAINS
Lavez-vous soigneusement les mains
avec de l’eau et du savon plusieurs
fois par jour.
3. TOUSSEZ ET ÉTERNUEZ
DANS UN MOUCHOIR EN PAPIER
Placez un mouchoir en papier devant
la bouche et le nez pour tousser
et éternuer.
4. TOUSSEZ ET ÉTERNUEZ DANS
LE CREUX DU COUDE
Sans mouchoir en papier sur vous,
toussez et éternuez dans le creux
du coude. Ce geste est plus
hygiénique que de mettre la main
devant la bouche.
5. RESTEZ À LA MAISON
Vous éviterez ainsi la propagation
de la maladie. Restez à la maison
jusqu’à guérison de la grippe.
Attendez au moins un jour avant
de retourner à vos occupations.
RSV
Les dossiers électroniques des patients
sont en ligne
Les hommes qui se livrent à une activité physi-
que au moins une heure par jour présentent une
concentration de spermatozoïdes significative-
ment plus élevée que ceux qui sont sédentaires,
démontre une étude menée aux Etats-Unis sur la
fertilité masculine.Lesdifférencespeuventattein-
dre jusqu’à 48 % entre les plus sédentaires et les
plus actifs. Des activités comme le jardinage, ou
l’haltérophilie apparaissent particulièrement bé-
néfiques. Dautres seraient au contraire défavora-
bles, le cyclisme notamment, la selle du vélo exer-
çant une pression sur le scrotum.
LE FIGARO - RED
Multiplier ses spermatozoïdes
en jardinant
Le vaccin contre la grippe est recom-
mandé par l’Organisation mondiale de
la santé et les autorités sanitaires suis-
ses aux personnes dites «à risque accru
de complications». Parmi elles, les plus
de 65 ans, les malades chroniques
(dont les diabétiques), et les femmes
enceintes. Ainsi que leur entourage,
proches, soignants, collègues, etc. L’as-
surance de base prend en charge la
vaccination pour le groupe à risque
seul. Pour tous les autres, c’est 30
francs et sans rendez-vous le 8 no-
vembre, journée nationale de la vacci-
nation*. Et jusqu’à 65 francs en cabinet.
Depuis plusieurs années, des entrepri-
ses décident d’offrir ce vaccin à leurs
employés. Le Nouvelliste passe le pas
cet hiver. Virginie Molk, responsable du
personnel, explique les motivations de
l’entreprise: «Les assureurs parleraient
probablement en termes de bénéfice
au niveau de l’absentéisme. Une
grippe peut aliter jusqu’à quinze jours.
Nous ne visons pas cet objectif. C’est le
bien-être de nos employés qui nous
importe dans cette démarche. Une
grippe n’est jamais agréable. Nous ai-
merions les aider à se prémunir de ce
type de désagrément... Bien entendu,
personne ne sera obligé de se faire
vacciner. Et en cas de maladie, malgré
son inoculation, personne ne sera
pointé du doigt. L’efficacité du vaccin
reste aléatoire à ce jour
*plus d’info sur
www.sevaccinercontrelagrippe.ch
www.kollegium.ch
Initiative - Le Nouvelliste a le virus du vaccin
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