Prise en charge et prévention de la douleur induite par les soins en Médecine Physique et de Réadaptation (MPR) P.Ribinik*, B.Barrois**, M.C.Neusy*** * médecin de Médecine Physique et de Réadaptation **chef de service Médecine Physique et de Réadaptation *** cadre supérieur de santé service de Médecine Physique et de Réadaptation – CH Gonesse – BP30071 - 95503 Gonesse cedex Les douleurs induites par les soins représentent une préoccupation permanente dans l’exercice de la Médecine Physique et de Réadaptation (MPR). Elles sont recherchées, évaluées, traitées et prévenues par l’équipe qui y est sensibilisée depuis de nombreuses années. Elles sont sources de complications qui ralentissent voire compromettent la récupération. Or l’objectif attendu en MPR est la restauration fonctionnelle compatible avec la récupération analytique. Les équipes de MPR prennent en charge des patients qui présentent des incapacités liées à une déficience du système nerveux et/ou de l’appareil locomoteur. Temporaires ou définitives, ces incapacités touchent entre autre les patients les plus vulnérables (plan de lutte contre la douleur 2006-2010). Elles s’accompagnent fréquemment de douleurs associées. Le projet thérapeutique comporte en lui même des techniques potentiellement douloureuses avec des gestes programmés ou non et réalisés par les médecins et l’équipe paramédicale soignante et de rééducation. En pratique, il convient de reconnaître et de prévenir ces situations pour améliorer la tolérance du geste et son efficacité. On utilise alors des thérapeutiques physiques (massages, physio et électrothérapie, balnéothérapie, mobilisations ) associées aux traitements médicamenteux pour prévenir ou lutter contre la douleur en agissant sur toutes ses composantes (nociceptives, émotionnelles). 1° - Situations douloureuses Les situations potentiellement douloureuses et prévisibles en MPR sont reconnues. 1-1 - Il peut s’agir d’un patient récemment opéré et nécessitant une mobilisation immédiate (arthroplastie, arthrolyse) ou encore d’un patient victime d’un traumatisme osseux, articulaire opéré ou non, et /ou musculaire, associé ou non à des lésions nerveuses, ou encore d’un patient à la levée d’une immobilisation prolongée …. Les situations sont très variées mais la prise en charge repose sur un socle commun : organisation des soins en anticipant les actes douloureux, avec des protocoles évolutifs, dans un contexte de pluridisciplinarité. 1-2 – Le patient hémiplégique développe dans près de la moitié des cas un syndrome douloureux régional complexe de type II au membre supérieur atteint . La mobilisation pendant les soins de nursing mal réalisés peut aggraver les douleurs. La mise en place d’une orthèse est souvent indispensable tant au membre supérieur qu’au membre inférieur atteint. Elle peut être source de douleur par conflit cutané, par une installation traumatisante et par aggravation de la spasticité, elle même génératrice de douleur. Une surveillance et une évaluation régulières (modification, suppression, Le patient hémiplégique sont nécessaires pour réadapter l’appareillage changement de stratégie). peut développer des douleurs de sur-utilisation ostéo-articulaires et ligamentaires du coté sain ou le moins déficient. Il faut les prévenir en adaptant les techniques de rééducation. 1-3 - Les douleurs neuropathiques spontanées rééducation. Il importe alors là peuvent être aggravées pendant encore d’adapter les les soins de techniques. 1-4 - Les équipes de MPR prennent aussi en charge des patients brûlés, amputés, polyhandicapés ou encore fibromyalgiques, rhumatisants chroniques …. tous susceptibles d’être douloureux pendant les soins de rééducation. Ces douleurs s’intriquent avec les douleurs associées aux déficiences. Le diagnostic différentiel est parfois difficile mais nécessaire pour améliorer l’anticipation et la planification. 2° - Contexte émotionnel La souffrance morale induite par les soins ne doit pas être négligée, quelle que soit l’incapacité. Un patient en situation d’échec en kinésithérapie, en ergothérapie, en orthophonie ou dans les actes de la vie quotidienne réalisés avec l’équipe soignante peut développer un syndrome dépressif et cesser de participer aux soins. Le travail de « ré autonomisation » dès lors n’avance plus. Il ne faut pas hésiter à proposer au patient une entrevue avec un psychologue et un traitement médicamenteux. Conclusion Certaines règles sont à respecter en MPR : croire le patient quand il se plaint, évaluer la douleur même s’il ne se plaint pas et ne pas oublier sa souffrance morale. La prise en charge repose sur une stratégie thérapeutique pluridisciplinaire. Les intervenants traitent les déficiences et les incapacités qui en résultent ainsi que les douleurs associées. Les soins sont au mieux planifiés et comportent des soins infirmiers et de rééducation associés à des traitements antalgiques physiques et médicamenteux généraux et locaux. Un soutien psychologique si nécessaire est mis en place pour aider à la réalisation du projet thérapeutique. Une évaluation régulière et une adaptation des traitements est nécessaire pour mieux contrôler les douleurs physiques et psychiques liées aux soins. Bibliographie : - Douleur et médecine physique et de réadaptation sous la direction de J.Pelissier et E.Viel In problèmes en médecine de rééducation n°38 , Masson Ed. Paris, 2000. - Apport de la médecine physique et de réadaptation dans la prise en charge du patient âgé douloureux. P.Ribinik, B. Barrois . In La douleur des femmes et des hommes âgés, Collection Ages Santé Société, Masson, Paris 2002, 269-276. - EWMA Pain at wound dressing changes. C.Moffatt. Medical education partnership ltd, London, 20p, 2004; - 5ème congrès annuel de la SFETD, Paris, Novembre 2005 Organisation en réseau intra-hospitalier et douleur post opératoire P.Ribinik - B.Barrois - B.Davenne - B.Guilmin - G.Caillard - P.Daliphard A.Camilleri - J.Y.Larivière. - Douleur et soins en medecine physique et de réadaptation sous la direction de J.Pelissier et E.Viel In Acquisitions en pahologie médicale, chirurgicale et réadaptation de l'appareil locomoteur, Sauramps médical Ed.Montpellier, 2006 - 6ème congrès annuel de la SFETD, Nantes, Novembre 2006 symposium Grunenthal, douleurs et soins Douleurs induites par les soins en médecine physique et réadaptation P.Ribinik, B.Barrois, M-C. Neusy