Nde et al Travail informel et précarité d'emploi : modèles J Int Sante Trav 2016;10:8-18
Introduction
L’OMS reconnaît qu’une main d’œuvre en bonne santé est vitale pour le développement économique et
social durable au niveau mondial, national et local (1). Le secteur informel en Afrique (2) constitue un des
piliers de l’économie.
Il permet d’absorber la plus grande partie du chômage des jeunes actifs, parfois qualifiés mais dont le
marché de l’emploi formel ne peut satisfaire le besoin d’occupation. Le travail informel qui constitue un
débouché recouvre des réalités très diversifiées, tant dans sa dimension économique ou sectorielle, que
sociale ou individuelle.
Des structures internationales régissent l’organisation des Etats au sujet des bonnes pratiques en matière
d’emploi, mettant ainsi sur pied un certain nombre de dispositif pour un suivi de la mise en application.
Les états africains suivent de façon inhomogène ces dispositifs. Ainsi, selon le rapport de la commission
d’application des normes de la 98ème session de la conférence internationale du travail de 2009 à
Genève, le Cameroun figure parmi les 46 pays concernés par la non soumission aux autorités
compétentes, des instruments adoptés par ladite conférence, et ce malgré de nombreuses invitations à
prendre part aux discussions au sujet de l’exécution de leurs obligations constitutionnelles et d’en faire
rapport (3).
Les travailleurs du secteur informel risquent d’être plus exposés à des milieux de travail de mauvaise
qualité, à des normes peu élevées en matière de sécurité et de santé ainsi qu’à des risques
environnementaux, que ceux du secteur formel (4). En Afrique subsaharienne, la santé est un besoin
prioritaire, sa dynamique de couverture est passée d’un système de gratuité à un système contributif (5).
Ainsi, le travailleur du secteur informel, non protégé par une politique de protection santé sécurité au
travail rentre de fait dans le système de soins via cette voie ordinaire qui s’applique à tous.
Dans la présente synthèse, nous visons de faire le point sur la situation du secteur informel au Cameroun à
travers le problème de la précarité de l’emploi dans le secteur informel, par l’identification et
l’application d’un modèle des indicateurs environnementaux, pour tenter de répondre à certaines
questions telles : Comment pourrait-on assurer la santé sécurité du travailleur du secteur informel au
Cameroun, sachant qu’il représente un facteur clé de l’économie dans ce pays ?
Matériel et méthode
Notre approche méthodologique a été de procéder à des échanges avec les médecins du travail au
Cameroun constituant une partie de notre population cible, ainsi qu’avec des travailleurs du secteur
informel, et à une revue de la littérature au sujet de la santé sécurité au travail au Cameroun, afin de
déterminer le modèle le plus à même décrire la santé au travail dans le secteur informel au Cameroun.
Le modèle Pressions-Etat-Réponse ainsi identifié a été utilisé pour modéliser le lien précarité-emploi.
Nous avons défini le secteur dit informel et avons volontairement choisi de ne pas en extraire des
professions spécifiques, afin d’en élargir l’application.
Sur une période de 12 mois, nous avons eu plusieurs entretiens avec les médecins de travail du Cameroun,
ainsi que des groupes de travailleurs du secteur informel, par des interviews. Notre enquête a été réalisée
grâce à des guides d’entretien administrés à 10 médecins de travail ainsi qu’à 10 travailleurs du secteur
informel issus de diverses professions dans la ville de Douala au Cameroun. Nous avons effectué un pré-
test avant de soumettre définitivement notre questionnaire aux cibles.
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