ner sa propre vie en essayant de réconcilier ses actions et ses prises de position politiques avec sa
conscience et son respect pour l’homme. Ce dernier devient un moteur important des engage-
ments journalistiques de Mauriac dans les années 1930 où il est partisan du peuple espagnol pen-
dant la Guerre d’Espagne, dénonçant les crimes des deux côtés. Par cette éthique de l’humain, il
arrive à se méfier des idéologies communistes et fascistes, cherchant une voie du milieu qui se-
rait juste et qui garderait intacte autant que possible l’intégrité de la personne humaine. N’hési-
tant jamais à rompre avec ses confrères selon les exigences de sa conscience, les positions politi-
ques de Mauriac lui valent plein d’ennemis car elles basculent de droite à gauche et au centre
selon sa conscience. Le fil conducteur de son rejet du communisme, sa méfiance du fascisme et
sa critique de la politique temporelle de l’Église catholique est le besoin de sauver l’être humain
de ces idéologies qui se servent des êtres et les détruisent dans la quête du pouvoir économique
et politique. N’importe ses allégeances, soit à l’Église catholique, soit à la Résistance, Mauriac
utilise le journalisme pour dénoncer ces mouvements politiques qui menacent l’intégrité de la
personne humaine dans le corps et l’esprit, appelant les hommes en revanche à une meilleure
conduite conforme à leurs consciences, à l’éthique chrétienne et à la justice.
François Mauriac, en tant que romancier célèbre élu à l’Académie française jouit d’une
grande autorité symbolique grâce à sa position à la tête de l’orthodoxie littéraire française. Étant
Académicien, Mauriac est légitimé et son talent pour l’écriture est reconnu. L’autorité culturelle
conférée à Mauriac grâce à cette célébrité fait du journalisme un véhicule particulièrement pro-
pice à la diffusion des idées de l’écrivain. Puisqu’il est un intellectuel célèbre de l’orthodoxie
culturelle, la voix de Mauriac a un certain poids qu’il utilise au service de ses missions person-
nelles, telle que la restitution d’une certaine morale chrétienne dans la politique française. Outre
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