Fiche pédagogique
Albert C
AMUS
, Lettres à un ami allemand, éd. Marguerat, 1946
Conception : Maurane Genard et Roxanne Loos, dans le cadre du cours de Médiation muséale et patrimoniale
(prof. M.-E. Ricker et M.-C. Bruwier), UCL, 2011-2012.
Ecrivains :
modes d’emploi
De Voltaire à bleuOrange
02/11/2012
17/02/2013
Les caractéristiques techniques de l’œuvre
Genre littéraire : essai
(= ouvrage rassemblant des réflexions diverses ou traitant un sujet d’intérêt général
sans prétendre l’épuiser ni arriver à des conclusions fermes ou définitives).
Type de document : quatre lettres.
Procédé : lettre imaginaire.
Composition :
1
e
lettre : juillet 1943
2
e
lettre : décembre 1943
3
e
lettre : avril 1944
4
e
lettre : juillet 1944
Publiées dans le journal Combat, puis aux éditions Marguerat en
1946, ensuite aux éditions Gallimard en 1948.
Pages : 80.
L’auteur
Biographie
Albert Camus voit le jour en 1913 en
Algérie dans une famille modeste d'origine
franço-espagnole.
Sa vie est marquée par les
guerres mondiales et algérienne. Il naît à la
veille de la Première Guerre mondiale,
guerre au cours laquelle son père se fera
tuer la bataille de la Marne en 1914).
Aussi, grandira-t-il auprès de sa mère et sa
grand-mère dans un quartier populaire
d’Alger.
Ensuite, durant la Seconde Guerre, Albert Camus se
montre particulièrement engagé. Si cet engagement
ne date pas de la guerre, il en sera certainement
renforcé par l’expansion et l’occupation allemande.
Ainsi, à défaut d’avoir rejoint l’armée en 1939 en
raison de la tuberculose, maladie qui fragilisera sa
santé tout au long de sa vie, il participe à la
résistance française dans le groupe « Combat »
qui publie un
Piste d’exploitation pédagogique
Voir p. 4. « Compétence 2 »
1
journal clandestin. Il poursuit par là son activité journalistique entreprise après ses études de
philosophie. Ses prises de position et ses articles lui confèrent le statut d'intellectuel majeur.
En 1942, il fait paraître L'Étranger, roman dont il dégage la signification philosophique dans
un essai, Le Mythe de Sisyphe. Les critiques applaudissent son œuvre, et sa renommée
grandit encore un peu plus.
Même après le conflit, Camus ne cesse de dénoncer certaines injustices, telles que les sau-
vageries de la justice sommaire d'après-guerre l'encontre des ex-collaborateurs)
et les
dérives en temps de paix, argumentant par que « nous faisons dans ces cas-là ce que
nous avons reproché aux Allemands de faire ». Ainsi, en 1951, il publie un essai, L'Homme
révolté, qui explique sa vision de la lutte sociale et politique, avant que la guerre d'Algérie ne
déchire Albert Camus, qui se retire silencieusement.
Après l'éclatant succès de La Peste (1947),
il abandonne le journalisme pour se consa-
crer à son œuvre littéraire : romans, nou-
velles, essais, pièces de théâtre. C’est ain-
si qu’il obtient, en 1957, le prix Nobel de
littérature, « pour l'ensemble d'une œuvre
qui met en lumière, avec un sérieux péné-
trant, les problèmes qui se posent de nos
jours à la conscience des hommes ».
Le 4 janvier 1960, Albert Camus, alors âgé de quarante-six ans, trouve la mort dans un acci-
dent de voiture. Il reste encore aujourd'hui l'écrivain de l'absurde, de la révolte, de l'huma-
nisme.
A partir d’un sentiment, celui de l’absence de Dieu
et de sens à la vie, Albert Camus élabore une
« philosophie » de l’absurde, selon laquelle il faut
prendre conscience de l’absurdité pour pouvoir la
dépasser et ainsi parvenir au bonheur, à la liberté.
Cette conception marque le premier cycle de
l’œuvre de l’auteur du Mythe de Sisyphe, roman
paru en 1942 illustrant particulièrement cette
réflexion.
Ensuite, pour dépasser l’absurde, Albert Camus
développe le concept de la « révolte », comme
réaction et comme solution à l’absurdité, contre
laquelle il faut tenir tête, lutter, se révolter. La
révolte de l’homme absurde serait selon lui «
l’assurance d’un destin écrasant, moins la
résignation qui doit l’accompagner ».
Albert Camus met à profit son talent d'écrivain pour
diffuser sa philosophie en adaptant la forme au
sujet. Le roman symbolique et l'œuvre théâtrale sont utilisés comme moyens d'expression
Philosophie de «
l’absurde
» et de la «
»
Princpales œuvres
L'Étranger (1942) Roman
Caligula, Pièce en 4 actes
La Peste (1947 ; Prix de la critique en 1948)
Les Justes (1949) Pièce en 5 actes
L'Homme révolté (1951) Essai
La Chute (1956)
Piste d’exploitation pédagogique
Voir p. 4. « Compétence 1 »
2
pour les idées et les doutes. L'auteur se tourne vers un humanisme sceptique et lucide pour
lequel il convient avant tout d'être juste.
Le sujet et les thèmes abordés dans les Lettres
Plusieurs thèmes sont présents dans ces qua-
tre lettres. La résistance, la force de l’esprit, la
liberté au travers de témoignages historiques.
Il y a tout d’abord, le patriotisme ou l’amour
pour son pays, la France. C’est pourquoi, il est
important de s’engager, de lutter pour son
pays, par le biais de la résistance entre au-
tres.
La deuxième lettre est une condamnation de
la force brute face à la puissance de
l’esprit. Les Français doivent faire appel à
leur morale, basée sur la dignité humaine,
pour contrer le mal.
La troi-
sième lettre évoque le courage. Albert Camus cherche à
redonner courage aux Français et tente de leur montrer
qu’il ne faut pas tomber dans les mêmes dérives que les
nazis et rester fidèle à leur capacité de discernement.
Enfin, la dernière lettre discourt de la liberté et de l’espoir
croissant de délivrance qui anime le peuple français face
à cette guerre qui dure depuis quatre ans.
Le courant littéraire
Les Lettres à un ami allemand d’Albert Camus sont le
témoin de la littérature d’idée du XX
e
siècle tourmenté,
autrement dit, les écrits liés aux débats sociaux. Plus
encore, ces lettres s’inscrivent indiscutablement au sein
de la littérature engagée, caractérisant les années de
guerres (1940) jusqu’à la fin des années 1950 (à l’instar
d’autres auteurs tels que Jean-Paul Sartre).
Ces écrivains prennent publiquement position dans les
débats d’idées et ont une certaine reconnaissance par
leur statut, dit « d’intellectuel ». Mais plus encore que le
combat pour les idées, leur vocation est de servir
d’intermédiaire entre les valeurs et la société.
Ils privilégient les histoires porteuses d’une morale, souvent avec un jeu d’opposition entre
les personnages, comme c’est vraisemblablement le cas des Lettres à un ami allemand,
Quatrième de c
ouverture
« ... Je ne déteste que les bourreaux. Tout
lecteur qui voudra bien lire les Lettres à un
ami allemand dans cette perspective, c'est-
à-dire comme un document de la lutte
contre la violence, admettra que je puisse
dire maintenant que je n'en renie pas un
seul mot. » Albert Camus (1948)
Résumé
Les Lettres sont écrites sous l’Occupation
à un ami allemand fictif avec lequel le
correspondant mène une sorte de discus-
sion. Le lecteur ne connaît des convic-
tions de l’interlocuteur que les propos que
son ami français lui fait tenir rétrospecti-
vement, tel un dialogue de l’auteur des
lettres avec lui-même, dans lequel
l’Allemand sert en quelque sorte de re-
poussoir. En réalité, l’auteur a autrefois
partagé le même point de vue que
l’Allemand vis-à-vis de l’absurde, mais il
ne peut le suivre celui-ci se rallie à
l’idéologie et à la violence nazie.
Piste d’exploitation pédagogique
Voir p. 4 et 5 « Compétences 1 et 5 »
3
Albert Camus expose son point de vue antagoniste à celui qui est devenu l’adversaire alle-
mand.
Mais si les auteurs s’engagent, c’est notamment en raison du choc de la Seconde Guerre
Mondiale et de ses atrocités. Un sentiment de culpabilité face aux horreurs des camps peut
effectivement pousser à l’engagement.
De plus, à la fin de la guerre, s’annonce une nouvelle ère, celle qui deviendra la guerre
froide, opposant les blocs et idéologies capitalistes aux communistes. Les écrivains vont se
« politiser » et ainsi prendre position. D’ailleurs, ce constat est d’autant plus vrai qu’à cette
époque, la littérature touche un public de plus en plus large, et peut par conséquent donner
envie de s’engager (fini la figure de l’engagement idéologique solitaire, critiqué, censuré,
sans l’appui de tout un public, sans le soutien d’une société)
Pistes pour une exploitation pédagogique
Compétence 1 : Lire et écrire
(Comprendre la visée argumentative d’un texte polémique)
Se mettre dans la peau de l’écrivain, Albert Camus, et écrire une brève lettre imaginaire,
comme si elle était destinée à paraître dans la presse clandestine, pour dénoncer une injus-
tice, pour défendre un combat, des idéaux, etc.
Compétence 2 : Lire et écrire
(Recherche documentaire et rédaction d’une synthèse)
Rédiger un « cartel » pour présenter une œuvre littéraire pour l’exposition, autrement dit une
fiche explicative d’une dizaine de lignes environ. Ex. pour les Lettres à un ami allemand.
Compétence 3 : parler et écouter
(Produire un exposé argumentatif)
Travailler à partir d’un support visuel (cf. annexe 1) : Dans quelle mesure les éléments
biographiques d’Albert Camus ont eu une influence sur son travail d’écriture ?
Compétence 4 : parler, écouter et écrire
(Prendre sa place dans une discussion)
En guise d’introduction au courant de la littérature engagée, faire un débat autour de
l’engagement des écrivains : Quelle résonnance y a-t-il entre les écrivains de l’époque
d’Albert Camus et les auteurs actuels ? A quel point pensez-vous que ces derniers doivent
s’engager ? Quel statut occupent-ils aujourd’hui dans la société ? Est-il différent de celui des
écrivains du XX
e
siècle ?
Exemple : la figure médiatique du philosophe Bernard Henri Levy et sa récente intervention
politique en Libye dans le contexte du Printemps arabe.
Piste d’exploitation pédagogique
Voir p. 4. « Compétence 4 »
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