Pour aider /Plan de lutte contre la douleur
28_VIVRE_JUIN 2011
Hier, la douleur était encore
vécue comme une fatalité.
Aujourd’hui, les profession-
nels de santé ont obligation
d’évaluer et de traiter la dou-
leur. Entre-temps, les 1ers Etats généraux des
malades du cancer de 1998 ont permis aux
malades de revendiquer publiquement leur
droit d’être considérés comme des personnes,
déclenchant ainsi le premier plan triennal
(1998-2001) de lutte contre la douleur de
Bernard Kouchner, alors secrétaire d’Etat
chargé de la santé. Désormais, les systèmes
de santé doivent se soucier autant du malade
que de la maladie. Alors, treize ans plus tard,
les différents plans de lutte contre la dou-
leur, mais aussi les plans de développement
des soins palliatifs et les plans cancer ont-ils
permis de faire changer les attitudes vis-à-vis
de la douleur et de la souffrance ? Existe-t-il
une « culture antidouleur » au sein des pra-
tiques et des exercices ? Pour Patrick
Michaud, responsable du département inter-
disciplinaire de soins de support à l’Institut
de cancérologie de la Loire, « la formation
initiale et continue des professionnels de
santé constitue un élément clé de la qualité
des soins. C’est l’un des axes prioritaires du
plan 2006-2010 qui a permis d’accomplir des
progrès dans la prise en charge de la douleur,
même si les efforts sont encore insuffisants ».
Un Français sur trois se plaint
de douleurs
La douleur est définie par l’Association inter-
nationale pour l’étude de la douleur (IASP)
« comme une expérience sensorielle et émo-
tionnelle désagréable, en rapport avec une
lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou
décrite comme telle ». Phénomène complexe,
elle revêt un aspect multidimensionnel : sen-
soriel, émotionnel, cognitif et comportemen-
tal. Elle peut être aiguë ou chronique
lorsqu’elle évolue depuis plus de 3 à 6 mois.
Lorsque la douleur s’installe et devient
rebelle, elle est susceptible d’avoir un effet
néfaste sur le comportement ou le bien-être
du patient. Avec la fièvre et la fatigue, la
douleur est d’ailleurs l’un des premiers motifs
de consultation médicale. « On estime que
20 à 30 % de la population se plaint de
douleurs chroniques : cancéreuses ou non-can-
céreuses, parmi lesquelles on retrouve notam-
ment les lombalgies, les céphalées, l’arthrose
et la fibromyalgie. C’est un véritable problème
de santé publique qui induit un coût écono-
mique majeur de plusieurs milliards d’euros
par an en France, explique Julien Nizard,
médecin des hôpitaux, responsable de l’Unité
REPÈRES
La troisième phase du plan douleur (2006-2010), dont le
coût s’élève à 14 millions d’euros, propose quatre axes :
l’amélioration de la prise en charge des populations les plus
vulnérables, la formation renforcée des professionnels de
santé, l’amélioration des différentes modalités de traitement
et la structuration de la filière de soins. L’objectif vise à
l’amélioration de la prise en charge de la douleur pour
les personnes les plus vulnérables : les enfants, les
polyhandicapés et les personnes âgées en fin de vie.
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