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SURVEILLER ET PRÉVENIR LES INFECTIONS ASSOCIÉES AUX SOINS • SEPTEMBRE 2010 83
PRÉVENIR • ENVIRONNEMENT ET CIRCUITS
risque majeur (taux de polynucléaires neutrophiles inférieur
à 500/mm
3
pendant au moins deux semaines ou inférieur
à 100/mm3 quelle que soit la durée). Le cumul de plusieurs
facteurs augmente encore plus clairement le risque : immu-
nodépression, colonisation des voies aériennes par Asper-
gillus ou antécédent d’aspergillose, allogree de cellules
souches hématopoïétiques.
En France il n’existe pas de référentiel ou de guide natio-
nal mais des recommandations ont été publiées par l’AP-HP
et les CCLIN sud-est et sud-ouest. Un guide technique sera
prochainement publié par la SFHH.
La prévention du risque infectieux lors de travaux dans
un ES requiert l’organisation d’une collaboration pluridisci-
plinaire avant, pendant et à la n des travaux (ingénieurs,
hygiénistes, services techniques, responsable(s) paramédi-
cal ou médical du ou des services concernés…) pour :
yévaluer le risque (ex. : grilles CCLIN sud-ouest) ;
yélaborer les procédures ;
y
adapter les moyens matériels (élimination des poussières,
gravois, contrôle de la ventilation, maîtrise des circuits, ges-
tion du réseau d’eau…) ;
y
adapter les moyens humains (tenue(s) et circulation des
ouvriers et aussi formation au risque infectieux des agents
des services techniques amenés à circuler dans les secteurs
de soins…) ;
y
gérer le risque vis-à-vis des patients avant, pendant et à la
n des travaux : identier les patients ou les unités à risque
(aplasiques, transplantés, patients sous corticothérapie,
brûlés, blocs opératoires, réanimation, néonatologie…) et
les mesures à mettre en place (déplacement dans un autre
secteur ou mise en place de protection individuelle à discu-
ter en fonction des résultats de l’évaluation du risque et de
la durée des travaux) ;
y
informer les professionnels des services adjacents de la
réalisation de travaux et les sensibiliser au risque (ex. : che
de « synthèse travaux » diusée aux unités concernées et
aux services adjacents) ;
ytracer tous les travaux y compris les « petits travaux ».
Les travaux de maintenance ponctuels (perçage de
trous, changement de joints…) sont également sources de
risques infectieux. La réceptivité des patients exposés doit
toujours être prise en compte avant la réalisation de ces tra-
vaux soit pour les diérer soit pour déplacer les patients le
temps nécessaire. Un protocole pour les travaux devant être
réalisés en urgence est écrit, validé et diusé.
MINISTÈRE DE LA SANTÉ, DE LA FAMILLE ET DES PERSONNES HANDI-
CAPÉES, Direction générale de la santé, Direction de l’hospi-
talisation et de l’organisation des soins. CTIN. Surveillance
microbiologique de l’environnement dans les établis-
sements de santé. Air, eaux et surface. 2002. 78 p. Dispo-
nible sur : http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/nosoco/
recon.pdf (consulté le 13 mai 2010).
Travaux
Argumentaire
Dans tous les ES, les travaux qu’ils soient de gros œuvre,
ou de simple entretien sont une nécessité mais ils augmen-
tent considérablement le risque de contamination de l’en-
vironnement par l’intermédiaire :
y
de l’air par une majoration de l’empoussièrement et la
mise en suspension d’un très grand nombre de spores de
champignons lamenteux ;
yde l’eau soit par contamination directe soit par la stagna-
tion de l’eau durant les travaux.
Les infections nosocomiales documentées liées à des
travaux sont le plus souvent le fait :
y
de champignons (mycètes) dont le principal agent étiolo-
gique associé à ces infections est Aspergillus spp. et plus par-
ticulièrement Aspergillus fumigatus, sans négliger les autres
espèces (A. avus, A. niger, A. terreus…) ou d’autres mycètes
(Fusarium, Zygomycetes, Rhizopus…) ;
y
dans une moindre mesure, de bactéries avec une nette
prédominance pour les Legionella (L. pneumophila, L. boze-
manii…) sans négliger pour autant d’autres bactéries
comme Nocardia asteroides ou même Bacillus spp.
Les sources de ces micro-organismes englobent les moi-
sissures, la poussière ou la terre contaminées par des spores
de champignons ou des bactéries.
Les localisations potentielles sont nombreuses : gros
travaux mais aussi manipulations de faux plafonds, de
matériaux isolants breux, des boîtiers de stores à enrou-
lement, de matériaux d’ignifugation, des joints de fenêtres
ou encore système de ventilation des ordinateurs, défaut
de maintenance des systèmes de ventilation… (liste non
exhaustive).
La physiopathologie des infections varie en fonction
de l’agent étiologique mais dans tous les cas, la réponse
de l’hôte revêt une importance critique dans le dévelop-
pement de la maladie et les conséquences peuvent être
très graves, voire même fatales chez les patients neutro-
péniques d’hématologie. La neutropénie est un facteur de