L'Organisation internationale pour la migration donne
quelques chiffres impressionnants, en ce qui concerne
les mouvements de population à travers les frontières.
Ainsi en 2000, le nombre de personnes déplacées dans le
monde a atteint 150 millions [OIM, 2002]. Cependant ce
chiffre ne prend pas en considération les déplacements
internes et les migrants illégaux, souvent exposés à des
conditions de vie dramatiques. Au delà des conséquen-
ces démographiques, politiques, culturelles et sociales,
ces déplacements posent des problèmes sérieux concer-
nant les maladies contagieuses [Gushulak, 2000].
Les maladies diarrhéiques, les affections des voies
aériennes supérieures, l'hépatite et les infections sexuel-
lement transmises en sont les conséquences principales.
Les périodes d'incubation de la plupart de ces maladies
contagieuses sont plus longues que la durée des voyages,
pouvant rendre caduques les mesures de quarantaine. A
plus longue échéance, des maladies chroniques et moins
visibles doivent aussi être prises en considération. Ce
sont, par exemple, la tuberculose multirésistante, l'hépa-
tite B, l'hépatite C et le cancer du foie, le Papilloma Virus
et le cancer du col de l'utérus, le VIH et autres lentivirus
[Waldvogel, 2004]. De même, l'impact du tourisme dans
certaines zones doit être pris en compte dans l'évalua-
tion des risques infectieux. Les baignades sont suscepti-
bles de provoquer différentes maladies infectieuses
comme la leptospirose et les gastro-entérites, mais sur-
tout la surpopulation saisonnière des zones touristiques
fait peser en lui-même un risque sanitaire (cf fiche
" L'eau ").
La contamination alimentaire
Le marché de l'alimentation a subi également l'effet des
échanges internationaux, comme l'a montré la crise de
l'encéphalopathie spongiforme bovine [Waldvogel,
2004]. Ceci est aussi vrai pour les toxi-infections alimen-
taires moins dramatiques. On estime qu'aux Etats-Unis,
76 millions de cas de toxi-infections alimentaires sur-
viennent chaque année ; celles dont les germes pathogè-
nes sont connus ne représentent que 20 % des cas. Il
s'agit d'environ 20 espèces bactériennes parmi lesquel-
les : Salmonelles, listeria, Yersinia, Bacille Botulique,
Colibacilles, bacillus cereus, vibrio fulnificus, vibrion
cholérique, cinq parasites (amibes, giardia, cyclospora,
cryptosporidium, toxoplasme) et quatre groupes
d'agents viraux (virus des hépatites A et E, polio, virus
Norwalk et rotavirus) [Mead, 1999].
Les trichinoses ont pratiquement disparu avec le renfor-
cement des contrôles vétérinaires sur les viandes.
Cependant, plusieurs épidémies de trichinoses ont eu
lieu en France au cours des 20 dernières années : sud de
Paris en 1976, Melun et 14ème arrondissement de Paris
en 1985, Clermont-Ferrand en 1991, Seine et Marne en
1994… [Maillot, 1997]. Les cas de brucellose sont en
recul en Europe. Ils sont le plus souvent liées au contact
avec les animaux ou à l'ingestion de produits laitiers
contaminés [Eurostat, 2002]. On peut signaler également
l'augmentation des cas d'infection par des vers du pois-
son liée à la vogue des sushi, sashimi carpaccio et autres
préparations à base de poisson cru [Ahmed, 1991].
L'industrialisation de la production alimentaire, l'aug-
mentation de la consommation de viande, l'élevage
intensif, l'augmentation des repas pris hors du foyer, la
fragilisation des populations par le vieillissement et les
maladies chroniques sont autant de facteurs qui favori-
sent une augmentation de l'incidence des maladies
transmises par les aliments [Gerin, 2003].
Le bioterrorisme
Cinq germes pathogènes majeurs sont actuellement
redoutés. Le charbon [Inglesby, 1999 ; Meselson, 1994],
le botulisme [Arnon, 2001], la tularémie, la peste, la
variole [Henderson, 1999] et de plus les agents infec-
tieux génétiquement modifiés.
Plusieurs tentatives pour utiliser les armes de bioterro-
risme ont heureusement échoué. Bien que la fabrication
d'armes biologiques exige l'accès à une technologie
avancée, leur usage limité peut avoir des impacts psy-
chologiques, sociaux et politiques presque aussi impor-
tants que leur effet propre, comme cela a été démontré
par la menace de la maladie du charbon aux Etats-Unis
et dans les autres pays. De plus, la décontamination
locale rencontre des problèmes presque insurmontables,
comme l'a indiqué un rapport du Royaume-Uni après la
Deuxième Guerre mondiale : près de 40 ans plus tard,
dans une petite île de la côte écossaise qui a été utilisée
pour des essais d'exposition au charbon, le sol contient
toujours des spores de charbon et 280 tonnes de formal-
déhyde ont du être utilisées pour la décontamination
[Waldvogel, 2004].
Les maladies émergentes et ré-émergentes
La liste des nouveaux organismes ou d'organismes ré-
émergents est, par définition, incomplète et change
constamment [Lederberg, 1992 ; Binder, 1999]. On peut
citer les prions, les hantavirus, les virus des hépatites et
du SIDA, le papillomavirus, le virus humain lymphotropi-
que (HTLV), la Dengue, la grippe aviaire, le syndrome res-
piratoire aigu sévère (SRAS), le virus du Nil occidental et
l'extension du paludisme. Une telle liste ne serait pas
complète sans mentionner un autre type d'épidémie
émergente, peut-être la plus importante : la nouvelle
épidémie de multirésistances aux antibiotiques.
TABLEAU DE BORD REGIONAL SANTE-ENVIRONNEMENT
Fiche 11 - ORS paca - 2004 2