Aucun autre pape n'a autant été loué par les Juifs. Leur gratitude, ainsi que celle de toute une génération de survivants de l'holocauste, témoigne que Pie XII était vraiment un juste parmi les hommes. RABBIN DAVID DALLIN 26 février 2001 Les réactions allemandes L’Eglise et les juifs C'est avec le Pape Grégoire Ier (590-604), qu'est instituée la tradition de protéger les Juifs. Il publia un décret historique affirmant que les Juifs "ne doivent subir aucune violation de leurs droits … Nous interdisons d'avilir les Juifs. Nous les autorisons à vivre en tant que Romains et à avoir les pleins droits sur leurs biens". A sa suite l'édit pontifical du Pape Calixte II (1119-1124), assurait aux Juifs européens la protection contre les persécutions de leurs voisins chrétiens ou quand ils tombaient aux mains des croisés. "Créant un solide précédent", Calixte promettait aux Juifs, "le bouclier de notre protection". Il condamnait les attaques physiques contre les Juifs, s'opposait aux baptêmes forcés et interdisait la destruction de leurs synagogues et de leurs cimetières. Cette initiative fut réitérée au moins vingt-deux fois, par des Papes successifs, entre les XIIème et XVème siècles. Le Pape Martin V (1417-1431) réaffirma encore le soutien papal. Il publia des édits pontificaux relatifs à la protection des Juifs en 1419, 1422 et 1429 ... et il en fut ainsi jusqu’au XXème siècle où il faut rappeler les paroles de Pie XI du 6 sept. 1938 “L'antisémitisme est inacceptable; spirituellement, nous sommes tous des sémites” "Parmi toutes les dynasties d'Europe, non seulement la papauté se refusait à persécuter les Juifs … mais, tout au long des siècle, les Papes ont été leurs seuls protecteurs … La vérité, c'est que les Papes et l'Église Catholique, depuis ses tout débuts, n'ont jamais été responsables d'aucune persécution physique de Juifs. Parmi les capitales du monde, Rome est la seule où ne se sont jamais produites d'atrocités perpétrées contre des Juifs. Et nous, les Juifs nous devons en être reconnaissants". Cecil Roth, histoiren juif titulaire de la Chaire d’Histoire Juive d’Oxford Quand Pie XII parle et agit ... quelques exemples Le 4 avril 1933, le futur Pie XII fait donner un avertissements au gouvernement hitlérien “contre le danger de débordements antisémites en Allemagne” En mars 1935, dans une lettre ouverte à l'évêque de Cologne, Pacelli qualifia les nazis de "faux prophètes, orgueilleux comme Lucifer." Cette même année, s'adressant à une immense foule de pèlerins à Lourdes, il s'en prit aux idéologies "possédées par l'idolâtrie de la race et du sang". Deux ans plus tard, en la cathédrale Notre Dame, parlant de l'Allemagne, il déclare : "cette grande et noble nation que de mauvais bergers égarent sur les chemins dévoyés de l'idéologie de la race." Après les lois de juillet 1938 révoquant tous les juifs de leurs postes d’enseignement, il fait fournir au Vatican de nombreux postes à des universitaires juifs. Sa première encyclique du 20 octobre 1939 qui condamne le racsime et le totalitarisme et défend les juifs est parachutée par les Alliés sur toute l’Allemagne et interdite de lecture par les nazis. Le 19 janvier 1940, à la demande du Pape, Radio Vatican et L'Osservatore Romano révélaient au monde "les traitements d'une effrayante cruauté et d'une épouvantable barbarie" que les Nazis étaient en train d'infliger aux Polonais juifs et catholiques. Message du pape de Noël du 24 décembre 1942, dans lequel il exprime sa brûlante anxiété "pour ces centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, parfois seulement en raison de leur nationalité ou de leur race, sont désignées pour la mort ou l'extinction progressive". Le 26 juin 1943, Radio Vatican déclare : « Quiconque établit une distinction entre les Juifs et les autres hommes est un infidèle et se trouve en contradiction avec les commandements de Dieu. » À partir d'octobre 1943, Pie XII demanda aux églises et couvents de toute l'Italie de cacher les Juifs. Cent cinquante cinq couvents et monastères de Rome en abritèrent quelque cinq mille, sous l'occupation allemande, défiant ainsi les Nazis et les Fascistes de Mussolini. Pas moins de trois mille trouvèrent refuge à Castel Gandolfo, la résidence d'été du Pape. A la demande du rabbin de Rome, c’est Pie XII qui paye le tiers de l’or réclamé par les nazis à la communauté juive de Rome. Partout en Europe les Nonces reçoivent l’ordre écrit de Pie XII de secourir et sauver les juifs; des dizaines de milliers de certificats d’émigration sont distribués par l’intermédiaire des Nonces. Le 25 juin 1944, Pie XII fit injonction au régent de Hongrie, le pressant "d'user de toute l'influence possible pour faire cesser les souffrances et les tourments que d'innombrables personnes doivent subir pour la seule raison de leur nationalité ou de leur race”. Dans jours suivants ordre fut donné que cessent toutes déportations de Juifs hongrois. Ainsi prenait fin le plan d'extermination des Juifs, en Hongrie. Le lendemain de son élection, le Morgenpost de Berlin se lamentait : "L'Allemagne ne voit pas d'un œil favorable l'élection du Cardinal Pacelli, parce qu'il s'est toujours opposé au nazisme et que c'est lui qui, concrètement, orientait la politique [pro-juive] du Vatican sous son prédécesseur". "Son discours n'est qu'une vaste critique de tout ce que nous représentons", stipulait le ministère allemand des Affaires Etrangères, en analysant l'allocution de Noël 1942 du Pape dans un document interne. "Il est expressément en train de parler en faveur des Juifs … il accuse pratiquement le peuple allemand d'injustice envers les Juifs, et il se fait le porte-parole des criminels de guerre juifs". Les nazis considérèrenet l’Eglise et les catholiques comme lerus ennemis ... Le “silence” de pie XII "C'est une erreur de penser que Pie XII aurait pu avoir une quelconque influence sur le cerveau d'un fou. Si le Pape s'était prononcé énergiquement, Hitler aurait probablement massacré plus de six millions de Juifs, et peut-être dix fois dix millions de Catholiques, autant qu'il en aurait eu le pouvoir". Marcus Melchior, grand rabbin du Danemark, rescapé de la Shoah Pie XII a agi et parlé de multiples manières extrêmement concrète permettant de sauver des centaines de milliers de vie. Mais il voulait éviter tout geste En juillet 1942, les évêques hollandais protestèrent publiquement contre la déportation des Juifs des Pays-Bas dénonçant "les traitements impitoyables et injustes infligés aux Juifs par ceux qui exercent le pouvoir dans notre pays". Mais cette initiative, dont l'intention était bonne, se retourna contre eux. Il y eut en Hollande bien plus de déportations vers les camps de la mort, quelques 110.000, soit 79 % de la population juive, plus que dans aucun autre pays d’Europe ... en comparaison 85% des 40.000 juifs qui vivaient en Italie eurent la vie sauve. C’est pourquoi Pie XII devant les cardinaux, en juin 1943, déclarait : « Toute parole de notre part à l’autorité compétente, toute allusion publique, doivent être pesées sérieusement et mesurées, dans l’intérêt même des victimes, afin de ne pas rendre encore plus grave et plus insupportable leur situation, à l’encontre de nos intentions. » Ni De Gaulle, ni Churchill, ni Roosevelt ne firent allusion dans leurs discours à la “solution finale nazie”; pourtat dès 1941 les services secrets anglais en décryptant les messages allemands avient de multiples indices. Pourtant personne ne veut croire à de telles atrocités. Aucune mesure spécifique, militaire ou politique en particulier en ce qui concerne l’accueil des réfugiés juifs ou la destruction des voies ferroviaires menant aux camps de la mort.