pourcentage élevé de cellules positives avec l’antigène
Ki-67 et un stade plus avancé des cancers de la vessie
(15,20). L’existence d’anticorps réactifs contre Ki-67
sur coupe en paraffine rend l’évaluation de ce marqueur
plus pratique en clinique [14]. Le récepteur de l’EGF a
également été étudié et des résultats un peu controver-
sés ont été obtenus [2, 11, 17, 18]. Cependant, quelques
études faites avec des méthodes semi-quantitatives
immunopathologiques suggèrent qu’une forte expres-
sion du récepteur de l’EGF peut prédire la récidive et la
progression des tumeurs superficielles [2, 18, 19, 22].
Dans la présente étude, une comparaison de l’expres-
sion d’un groupe de marqueurs nucléaires et membra-
naires sur les cellules urothéliales normales fraîches et
sur des tumeurs urothéliales a été faite en utilisant une
méthode quantitative précise, la cytométrie en flux.
Cette méthode permet non seulement d’évaluer le pour-
centage de cellules positives mais également l’intensité
moyenne d’expression qui peut être un reflet plus pré-
cis de l’état d’activation cellulaire. Cette étude quanti-
tative permet aussi de combiner l’analyse de plusieurs
paramètres dont notamment le contenu en ADN des
cellules. La mesure de l’expression des marqueurs T43
et KI-67 sur une série d’échantillons cliniques de
tumeurs vésicales superficielles et infiltrantes suggère
qu’il est possible d’obtenir de ces marqueurs une infor-
mation pronostique indépendante du stade, du grade et
de la ploïdie. Tous les échantillons de tissus normaux
ont été négatifs pour les deux marqueurs. Par contre
une fraction importante des tumeurs a réagi à des
degrés divers avec un ou l’autre des anticorps. La stra-
tification selon le stade démontre une réactivité préfé-
rentielle de T43 avec les tumeurs de stade élevé,
comme observé précédemment [5, 22]. Le patron de
réactivité de Ki-67 n’est pas si simple; dans l’ensemble
des tumeurs analysées, on n’a observé aucune corréla-
tion entre le stade et le nombre de cellules de la tumeur
exprimant Ki-67.
L’addition de la ploïdie à l’analyse des deux marqueurs
confirme le résultat précédent. On note qu’une majori-
té des tumeurs est diploïde dans le groupe négatif pour
les deux marqueurs (Tableau 2). La proportion de
tumeurs aneuploïdes augmente proportionnellement
selon que la tumeur est positive pour Ki-67 seul ou
pour les deux marqueurs. Ce résultat suggère que l’ex-
pression de Ki-67 ne reflète pas seulement le fait que
les cellules tumorales sont en phase proliférative, mais
possiblement un paramètre associé au potentiel malin
plus élevé de certaines tumeurs. Elle peut également
être un reflet de l’instabilité génétique des cancers plus
agressifs.
L’étude corrélée des différents marqueurs semble
apporter un éclairage particulièrement intéressant. On
constate d’abord que l’anticorps T43 est beaucoup plus
fréquemment positif sur les tumeurs infiltrantes. Mais,
on note également que près de 30% des tumeurs super-
ficielles expriment T43 et sont négatives avec l’EGFR.
Il sera intéressant de vérifier s’il existe une corrélation
entre le comportement clinique des tumeurs et le phé-
notype prolifératif mesuré par T43 et EGFR. Les résul-
tats sont également particulièrement intéressants
lorsque l’expression de Ki-67 est étudiée en fonction
du taux d’expression de T43 pour chaque échantillon
clinique analysé (Figure 2). On observe une division
presque parfaite des échantillons en quatre groupes:
totalement négatifs, faiblement positifs pour les deux
marqueurs, nettement positifs seulement pour Ki-67 ou
pour T43, mais jamais fortement positifs pour les deux
marqueurs. Il semble peu probable que l’anti-corréla-
tion mesurée soit l’effet du hasard, mais il sera cepen-
dant essentiel de répéter cette analyse sur un plus grand
nombre de tumeurs.
Il sera aussi vital de suivre l’évolution des patients
selon le type d’expression de leur tumeur. On peut ima-
giner par exemple que les tumeurs exprimant T43 ont
un potentiel métastatique plus élevé et que les tumeurs
portant ce marqueur ont déjà des micrométastases.
Toutefois, deux études indépendantes suggèrent qu’un
autre antigène membranaire, le T138, est un marqueur
pronostic plus puissant dans les cancers vésicaux [5,
22]. De même, comme Ki-67 semble associé au degré
d’activation des cellules et qu’il est aussi déjà exprimé
sur certaines tumeurs superficielles, on peut supposer
que ces tumeurs ont un potentiel de récidive plus élevé
et une tendance à évoluer vers un phénotype plus
malin. Ces marqueurs semblent ainsi différer du TPA
qui semble aussi avoir une valeur pronostique mais qui
est en premier associé à la taille des tumeurs [13]. Il
serait maintenant important de déterminer si ces mar-
queurs se complètent et permettent ensemble de détec-
ter un plus fort pourcentage de tumeurs à potentiel
malin.
Remerciements
Les auteurs remercient Madame Elisabeth Lemay pour son
excellent travail de secrétariat.
REFERENCES
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growing versus plateau phase cells with the proliferation-associated
antibody Ki-67 and propodium iodide: analysis by flow cytometry.
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