s’interroger sur la réalité de la Shoah ou de s’en moquer. Il montre que la Shoah a
été transformée en objet sacré.
Le concours de caricatures sur la Shoah organisé en Iran visait justement à
souligner cette sensibilité particulière et, comme on aurait pu le prévoir,
l’exposition a provoqué une réaction furibonde de la part d’Israël et de nombreux
pays occidentaux. C’était précisément là l’effet escompté par le président iranien.
Certaines caricatures étaient franchement antisémites et elles s’accompagnaient
d’une iconographie imagée empruntée à l’arsenal antisémite européen, que des
médias musulmans diffusent régulièrement. D’autres caricatures pouvaient être
considérées comme révisionnistes, voire négationnistes. Peut-on pour autant en
conclure que le président iranien même nie la Shoah?
Il proteste, certes, contre les conséquences de la formation de l’État sioniste sur les
Palestiniens (musulmans, chrétiens, ainsi qu’un certain nombre de juifs non et anti-
sionistes), qui ont dû payer le prix d’un crime commis par les Européens. Bien
qu’il soit ouvertement antisioniste, M. Ahmadinejad précise souvent qu’il n’est pas
antisémite. La présence de six rabbins barbus et vêtus de noir à la conférence
intitulée « Bilan de la Shoah, une vision d’ensemble », qui s’est tenue à Téhéran en
décembre 2006, a donné au président iranien l’occasion de dire encore une fois
qu’il n’était point antisémite. Les rabbins antisionistes ont maintes fois répété que
la Shoah était un fait historique indiscutable et que parmi eux plusieurs avaient
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