ailleurs, Mette, l’épouse de Gauguin, et Louise, la femme de Schuffenecker étaient également
fort proches.
On sait aussi que malgré la générosité d’Emile Schuffenecker à l’égard de Gauguin, ce
dernier a souvent affiché de la condescendance, voire du mépris vis à vis de son collègue. On
sait enfin que Gauguin a essayé de séduire, peut-être avec succès, Louise Schuffenecker, ce
qui a conduit, fin février 1891, à une rupture, au moins temporaire, entre les deux peintres.
Quant à Louise, qui a servi à plusieurs reprises comme modèle à Gauguin, elle a difficilement
supporté le départ de celui-ci à Tahiti. Après son divorce avec Emile, elle a mis fin à ses jours
en se jetant dans la Seine.
Revenant à l’analyse de l’Autoportrait on remarque, outre le 3ème œil, un second nez et
même l’esquisse d’une oreille supplémentaire. On ne peut s’empêcher de penser que ces
données sont présentes à la fois dans l’hindouisme et le bouddhisme mais aussi dans la
kabbale juive. Elles expriment les chose que l’on peut voir, sentir et entendre au-delà des
apparences. Or à partir de 1889, sous l’influence de Jacob Meyer de Haan, Gauguin et
Schuffenecker se sont beaucoup intéressés au bouddhisme, à l’interprétation kabbalistique de
l’Ancien Testament et plus généralement aux sciences occultes. Le premier s’en détournera
mais le second deviendra un adepte de la Rose-Croix.
On peut donc estimer, pour conclure, que Gauguin ait voulu montrer qu’à travers ses
capacités de perception extrasensorielles, il a deviné ce qui se passe, au-delà des apparences
dans le cœur de Louise et d’Emile Schuffenecker.
Ces croquis se situeraient, dans ce cas, à la fin de l’année 1890, peu de temps avant le
renvoi de Gauguin par son ami.