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LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
PARCS ET AIRES PROTÉGÉES
Un exemple de gestion intégrée : le Plan de conservation
des écosystèmes du parc marin du Saguenay – Saint-Laurent
Créé conjointement par les gouvernements du Québec et du Canada, le parc marin du
Saguenay – Saint-Laurent, qui couvre un territoire de 1 138 km2, fait partie d’un vaste
écosystème dynamique situé dans une région unique et riche en diversité biologique.
Le plan élabore une façon d’utiliser le parc sans entrer en conflit avec les objectifs de
protection et de maintien de la biodiversité.
Pour protéger efficacement l’intégrité du parc marin, il faut d’abord porter une atten-
tion particulière à ses habitats. Quatre catégories de critères ont permis d’établir les
priorités de conservation pour le territoire du parc marin : les espèces possédant des
statuts particuliers en raison de la situation préoccupante de leur survie, les structures
biophysiques jouant des rôles clés dans l’écosystème, les fonctions biologiques (aires
de reproduction, d’élevage, etc.) et, enfin, les caractéristiques et les valeurs (unicité,
vulnérabilité, etc.).
Les habitats et les espèces
Le premier objectif est la survie des espèces, en particulier celles possédant des statuts
particuliers en raison de la situation préoccupante de leur survie, comme c’est le cas
pour la population du béluga du Saint-Laurent et du phoque commun. Cependant,
il importe de ne pas concentrer les efforts de protection et de recherche uniquement
sur les espèces rares ou menacées. Il faut, en effet, tenir compte des espèces abondan-
tes, qui sont responsables du bon fonctionnement d’un écosystème, et de celles qui
servent à l’alimentation d’autres espèces. C’est pourquoi le plan recommande, dans
certains cas, l’établissement d’un moratoire de cinq ans. De plus, la présence d’espèces
non exploitées, telles que le crabe des neiges et la crevette nordique, permet de mesurer
l’impact de l’utilisation des ressources naturelles dans les territoires avoisinants.
Les activités humaines
À l’intérieur du parc comme en périphérie, les espèces cohabitent avec l’homme. Si
une activité risque de nuire à l’environnement ou à la santé humaine, il convient
d’appliquer des mesures de précaution, même si le lien de cause à effet n’a pu être
établi scientifiquement.
Pour les activités sans prélèvement, comme le trafic et le transport maritimes, on
recommande notamment de protéger les animaux pendant les phases critiques de
leur cycle vital. Par exemple, les phoques communs pourraient être dérangés par la
circulation maritime estivale et par les activités d’observation qui ont lieu près des
sites d’échouerie. Il convient aussi d’encadrer efficacement les activités d’observation
des mammifères marins, tout en sensibilisant la clientèle aux valeurs et aux objectifs
de conservation du parc de même qu’à une saine gestion environnementale. Il faut
donc gérer l’affluence touristique. Par ailleurs, il est conseillé de proscrire l’aquacul-
ture et toute activité pouvant remettre des contaminants en suspension.
Quant aux activités de prélèvement, notamment la chasse et la pêche, comme on n’a
qu’une connaissance partielle de l’abondance des stocks exploités, il est nécessaire
d’effectuer des études sur la communauté biologique afin de comprendre les réseaux
alimentaires, la prédation, la compétition, etc. La recherche est donc indispensable
pour évaluer la pertinence d’octroyer de nouveaux permis de pêche ou de développer
de nouvelles activités de pêche d’espèces qui n’ont pas encore fait l’objet d’exploita-
tion.
Le partenariat
Comme la conservation du parc dépend aussi des habitats voisins, il est important
d’établir des liens avec les partenaires des territoires environnants afin d’harmoni-
ser les modes de gestion. Parmi ces partenaires, il faut compter les Amérindiens qui
habitent la région depuis 8 000 ans, y pratiquent la chasse, la pêche et la navigation, et
y coordonnent des activités touristiques. Les autochtones sont d’ailleurs des acteurs
de premier plan dans la mise en œuvre de modes de gestion centrés sur la protection
des espèces et des habitats.
outils qu’on met en place, les moyens
qu’on choisit pour les mettre en place,
puissent devenir des exemples de bonne
gestion des ressources dans un contexte
d’utilisation durable. »
Références
www.parcscanada.gc.ca — Ce site contient le texte
intégral du Rapport sur l’intégrité écologique
et de la Loi sur les parcs nationaux. Il présente
également les parcs et les aires marines de
conservation.
1. L’Agence Parcs Canada est une entité publi-
que, créée en décembre 1998 par la loi C-29.
L’Agence a pour mandat de protéger et de
mettre en valeur des exemples représentatifs
du patrimoine naturel et culturel du Canada
et en favoriser chez le public la connaissance,
l’appréciation et la jouissance de manière à
en assurer l’intégrité écologique et commé-
morative pour les générations d’aujourd’hui
et de demain. L’Agence rend compte directe-
ment au ministre du Patrimoine canadien.
2. L’intégrité écologique signifie l’état d’un
parc jugé caractéristique de la région natu-
relle dont il fait partie et qui sera vraisembla-
blement maintenu, notamment les éléments
abiotiques, la composition et l’abondance
des espèces indigènes et des communautés
biologiques ainsi que le rythme des change-
ments et le maintien des processus écologi-
ques. » Loi sur les parcs nationaux du Canada,
octobre 2000.
3. Chaque plan directeur énonce le but et les
objectifs du parc et décrit son rôle dans le
réseau et dans sa région naturelle. Il sert de
cadre à la préparation de plans plus détaillés
en matière de gestion des écosystèmes, d’in-
terprétation, de services aux visiteurs et
d’évaluation de risques pour les visiteurs
selon la législation. Approuvé par le minis-
tre du Patrimoine canadien, il est déposé au
Parlement à tous les cinq ans.
4.
Le plan de conservation des écosystèmes est
un document dynamique qui présente et
propose des buts précis de maintien de l’in-
tégrité écologique d’un parc et de gestion
des écosystèmes. Ces buts sont fondés sur
les objectifs définis dans le plan directeur du
parc, lequel décrit les problèmes, questions
et préoccupations de conservation des éco-
systèmes. Il comporte des mesures de ges-
tion et dresse un plan d’actions documenté,
accompagné de priorités pour leur mise en
œuvre.