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GROUPE DES ANCIENS DÉPUTÉS
Un regard sur l’histoire
Selon l’usage, la commission « Voyages » de
l’association organise chaque année deux
déplacements pour les volontaires : l’un
permet de découvrir des pays lointains, cette
année : la Birmanie, et l’autre un Etat membre
de l’Union européenne.
Après la Bulgarie, Berlin, la Pologne, les Pays
Baltes et la Slovaquie, le Groupe des anciens
Députés a permis d’admirer la Croatie, jeune
Etat très particulier d’Europe centrale, mais
également pays méditerranéen de par sa
longue façade adriatique dite « golfe de
Dalmatie » marqué par des siècles de
présence vénitienne.
Chacun des voyages est précédé à Paris, d’un
entretien avec des personnalités ayant des
attaches particulières avec le Pays visité,
diplomates, universitaires ou personnalités
diverses. Pour la visite de la Croatie nous
avons ainsi reçu Monsieur Chenu, ancien et
premier ambassadeur de France en Croatie,
Monsieur Marc Gjidara, professeur émérite à
l’Université Panthéon-Assas (Paris II) d’origine
croate, et un religieux Frère franciscain, croate
chargé de la congrégation franciscaine pour la
Belgique et la France.
L’intervention de ces trois éminentes
personnalités permit aux participants de
découvrir à la fois la richesse du patrimoine et
surtout la complexité d’une nation
démantelée, exploitée, meurtrie à différentes
périodes d’une histoire très complexe. Placée
au carrefour de toutes les civilisations qui ont
forgé l’identité européenne, la Croatie, définie
parfois comme la « patrie des plus latins des
Slaves » à la jonction de l’Europe Centrale et
de la Méditerranée, se situe
géographiquement, historiquement et
culturellement à l’ouest des Balkans.
Comme l’a indiqué l’universitaire dans son
propos : « la Croatie a successivement, et
depuis longtemps, appartenu à des
assemblées géopolitiques plus vastes, dont
elle a toujours constitué la périphérie, fondée
sur la domination d’empire, mais qui n’ont pas
réussi à la gommer totalement de la liste des
nations européennes en dépit des politiques,
ne réunissant qu’à disperser ses populations à
travers le monde et à l’amputer
territorialement C’est avec le déclin du
système totalitaire, avec l’avènement de la
démocratie et une fois l’indépendance acquise
que d’une part, l’Europe redécouvre l’un de
ses rameaux oubliés, et que d’autre part la
nation croate peut commencer à écrire sa
propre histoire et prendre son avenir en
main. »
Une fois l’indépendance déclarée en vertu du
droit constitutionnel des républiques à
l’autodétermination, reconnue par l’Europe le
15 janvier 1992, la Croatie a pu entrer dans la
Communauté internationale le 22 mars 1992,
et au Conseil de l’Europe le 15 octobre 1996.
Candidate depuis le 21 février 2003 à l’Union
Européenne, elle est devenue le 28
ème
état-
membre le 1
er
juillet 2013 ».
* (voir article de l’universitaire dans l’annuaire Français des
relations internationales année 2014. Volume XV parution
Université Panthéon-Assas Centre Thucydide sous le titre
« l’Adhésion de la Croatie à l’Union européenne et le rôle de la
France »
Compte-rendu du voyage en Croatie
du 12 au 19 juin 2014
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Mais il faut quand même rappeler que pour en
arriver à ce dénouement il doit être fait
mémoire des quelques 20 000 morts, 30 000
blessés et invalides, 500 000 personnes
déplacées, 480 000 réfugiés et plus d’un
millier de personnes disparues. Plusieurs
centaines de milliers de logements, bâtiments,
usines ont été détruits ou endommagés, sans
compter des terres inexploitables en raison de
la présence des mines qui subsistent. C’est
seulement en 1998 que l’intégralité
territoriale fut retrouvée, il y a moins de 30
ans.
Quelques données générales
La république de Croatie a pour nom officiel :
Républika Hrvatska (H.R.) dont la capitale est
Zagreb (880 000 hab. environ).
La population est composée d’environ 4.500
000 habitants. Auxquels il a lieu d’ajouter une
« diaspora» émigrés à l’étranger pour des
raisons politiques ou économiques d’environ
2.000.000. Huit députés représentent les
croates de l’étranger inscrits sur des listes
électorales.
La superficie du territoire étant de 57 000
Km2, la densité de la population est d’environ
80 hab. au Km2. La forme du territoire est tout
à fait particulière, est peut être assimilée à un
croissant dont la pointe sud-ouest joignant le
Monténégro (1800 Kms de côte maritime) ne
fait que quelques cinq kilomètres. (voir carte
annexe)
- La Croatie joint la Bosnie-Herzégovine
(932 Kms), la Slovénie (501 Kms), la
Hongie (329 Kms), la Serbie (241 Kms),
l’Italie (28 Kms), et le Monténégro (25
Kms)
- La langue officielle est le croate depuis
1847 après des siècles d’usage du latin
- La population comprend 90% de
croates, 5% de serbes, et 5% de
bosniaques, italiens, hongrois,
albanais et slovènes.
- Les principales religions sont
représentées par 88% de catholiques
dont la majorité est pratiquante, 5%
d’orthodoxes, 1% de musulmans, 0.5%
de protestants et 0.1% de juifs.
- La monnaie est la « kuna ». Il faut
environ 7.5 kunas pour obtenir 1 euro.
Mais de nombreux établissements
acceptent l’euro. Le PIB moyen par
habitant est de 8500 euros soit 50%
de la moyenne de l’Union
européenne.
- La constitution adoptée le 22
décembre 1990 consacre le régime de
démocratie parlementaire. Le Chef de
l’Etat est élu au suffrage universel
direct pour un mandat de 5 ans
renouvelable une fois. Le Président de
la République actuel : Ivo Josipovič,
en 1957, a été élu en janvier 2010 et
appartient au parti social-démocrate
du centre gauche dit S.D.P. Le
Parlement est composé d’une seule
chambre « Le Sabor » renouvelée le 4
décembre 2011 pour 4 ans. Ce fut une
large victoire du S.D.P. qui avec
quelques membres de petits partis
centristes forment une coalition dite
« Kukuriku » avec 80 sièges de
députés sur 151. Le Premier Ministre,
nommé par le Président de la
République fonde sa légitimité sur le
soutien de cette majorité
parlementaire, il se nomme Zoran
Milanovič. L’opposition comprend
essentiellement le « parti populaire
croate » H.N.S de centre-droit
artisan de l’association à l’Union
européenne dès 2005. Quelques mois
avant l’élection de 2011, le leader du
H.N.S. alors premier ministre dut faire
face à de lourdes accusations de
corruption notamment dans le
domaine bancaire entraînant la chute
de son parti. Il purge aujourd’hui une
peine de 10 ans de prison.
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- Ce n’est que le dernier épisode de
l’histoire très chaotique de la Croatie.
Il faudrait des centaines de pages pour
résumer tous les évènements, souvent
sanglants, qui se sont déroulés sur le
sol Croate. En annexe, vous trouverez
la chronologie succincte de cette
histoire depuis le VIIème siècle, date
pour laquelle tous les historiens sont
d’accord pour reconnaître la venue de
tribus provenant essentiellement de
Pologne et de Perse. Les tribus
conquirent les dépouilles de l’Empire
romain dont l’Empereur Dioclétien
avait fait de la fin du IIIème au début
du IVème siècle, de notre ère, à Split,
l’une des perles de l’Empire païen en
construisant sa résidence qui reste
aujourd’hui l’un des monuments les
mieux conservés, démontrant la
vitalité de Rome.
Survolant quelques siècles car nous
français nous devons rappeler
l’apport que le premier empire
apporta au développement de la
Croatie. Après avoir décidé de la
disparition des deux républiques
marchandes de Venise et de
Raguse (ancienne Dalmatie),
Napoléon Ier unifiera alors l’espace
Croate au sud de la Save en un
département dénommé provinces
« illyriennes ». Ce territoire fut l’un
des 134 départements de la France
impériale. Cette circonscription
administrative n’existera que de
1809 à 1813. Malgré sa brièveté
elle a permis d’instaurer
d’importantes réformes sur le plan
économique, juridique « code
civil » et sur celui de l’instruction
publique.
Les croates se souviennent avec
reconnaissance de cette
parenthèse dans leur histoire.
A Split, ils ont baptisés la plus
grande avenue de la ville du nom
du maréchal Marmont, duc de
Raguse, et préfet du département.
A l’entrée de cette rue se trouvent
les locaux de l’Alliance française.
Le Voyage
L’organisateur habituel des
déplacements programmés par la
commission « Voyages » nous a
permis, dans les meilleures conditions,
de découvrir un magnifique pays et de
rencontrer des personnalités
permettant de mieux comprendre la
complexité de ce pays et la situation
qui fut si douloureuse, dans ces
Balkans, il y a à peine trente ans.
C’est ainsi que le premier jour de
notre arrivée à Zagreb, nous avons eu
un entretien avec le Conseiller
économique de notre représentation,
et le correspondant local de la Coface.
Au Sabor, le Parlement Croate, nous
étions attendus par Monsieur Flego,
Député, Président du Groupe d’amitié
Croate-France. Une rapide visite dans
l’hémicycle nous permit d’être
accueillis par l’ensemble des députés
en séance publique.
Hémicycle
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La journée se termina par l’entretien à
l’ambassade de France avec Madame
Clelia Chevrier, Premier Conseiller en
l’absence de notre ambassadrice.
La journée s’acheva par un dîner sur
les hauteurs de la ville. Notre invité
d’honneur étant le représentant de
l’Alliance française, Alan Kesovija,
Directeur de l’Agence, correspondant
de notre organisateur parisien et dont
les services nous permirent
d’effectuer un séjour dans les
meilleures conditions.
De cet entretien, on retiendra un
excellent exposé permettant de
synthétiser les réflexions de la
journée. S’ajoute une anecdote :
Monsieur Kesovija, qui vécut les 11
premières années de son enfance à
Paris est le fils unique de la chanteuse
croate « Teresa » qui sait toujours
faire profiter les foules de son talent
et qui plusieurs fois a chan à
l’Olympia. Elle fut la première
interprète de « la chanson de Larra ».
Les jours suivants nous permirent de
découvrir Zadar, les chutes de la Krka
et Trogir. A Split la seconde ville du
pays nous fûmes reçus à l’Alliance
française par Monsieur Gérard
Dénégri, l’un des animateurs de cette
association. Il nous a montré combien
la langue française était en
développement favorable. Consul
honoraire de France, dans un français
impeccable il fit un brillant tableau de
l’histoire de son pays.
Remise de la médaille de l’association à
Monsieur Gérard Dénégri
Se joint au déjeuner un joueur de
football de nationalité croate et son
épouse. Il fut l’un des grands joueurs
de l’équipe de Marseille et les
spécialistes de ce sport reconnaîtront
son nom.
Une réception officielle à la Mairie de
Split nous permit de rencontrer les
élus locaux sous l’autorité de Madame
Aida Batarelo, premier adjoint au
Maire.
Rencontre avec les élus de Split
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Le reste du voyage fut consacré plus
largement au tourisme en profitant du
rivage de la Dalmatie. Après une
escale dans l’île de Korcula, nous
atteignîmes Dubrovnik dont la
renommée est bien établie. Cette ville
martyre durant la guerre contre les
serbes, attire les touristes du monde
entier dont de nombreux asiatiques.
Hélas nous eûmes a subir quelques
foudres du ciel. Une partie du groupe
eut l’avantage de découvrir le
Monténégro, avec des entretiens avec
notre ambassadrice et les députés,
avant de se rendre en Bosnie-
Herzégovine pour une visite de
Sarajevo, hautement symbolique en
cette année du premier centenaire de
la Grande Guerre.
La commission « Voyages » pourrait
peut être parfaire nos connaissance
des Balkans par une découverte de la
Slovénie par exemple.
Le groupe sympathique que nous
formions a su profiter au maximum
des paysages et personnalités
rencontrées, mais il faut mentionner
les qualités exceptionnelles de celle
qui fut notre guide pendant la
première partie du voyage : Thea
Buljevac. S’exprimant dans un français
impeccable, elle a su nous apporter
par ses connaissances un regard très
attachant sur la Croatie.
Le Président
Alain LEVOYER
Remise d’une médaille du Groupe des
anciens Députés
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