RAPPORT DE STAGE Juillet 2012 Split-Croatie Clémence RICHTER DCEM2 Num étudiant: 20703415 I) LE STAGE 1) Présentation de l'hôpital La ville de Split, 2ème plus grande ville de Croatie, et ville principale de Dalamatie, comporte 2 hôpitaux : l'un est un ancien hôpital militaire (KBC Krizine), l'autre est plus récent, plus moderne, et contient la plupart des services de l'hôpital (KBC Firule). Le service de dermatologie est situé au sein de l'hôpital Krizine. Il se divise en 2 parties : un couloir réservé à l’hôpital de jour un autre pour les hospitalisations. Le service a une capacité d'une vingtaine de chambres, chacune comportant 2, voire 3 lits. Il existe également une partie réservée à la pédiatrie, avec 4 chambres pour jeunes enfants. Trois médecins se partagent les lits d'hospitalisation, un autre est affecté chaque jour à l‘hôpital de jour. Un peu à l'écart du service, dans un autre bâtiment, se situent les consultations de suivi, ouvertes tous les matins, où passent les patients ayant été précédemment hospitalisés afin de s'assurer de la bonne évolution de leur pathologie, ainsi que les consultations de dermatologie dont les patients étaient orientés par leur médecin traitant. Lors de ma période de stage, le service était relativement vide : la partie pédiatrie était très peu remplie la plupart du temps, et un certain nombre de chambres étaient inoccupées. Le plus intéressant restait donc les consultations. 2) Objectifs de stage Etant donné la barrière de la langue (bien que la plupart des médecins croates parlent un anglais plus que correct, ce n'est pas le cas de la population en général pour qui l'enseignement de l'anglais n'était pas obligatoire jusque relativement récemment), mon objectif principal était surtout de découvrir une autre façon d'exercer la médecine et de prendre en charge les patients et les pathologies que celle que nous connaissons en France. Partir en Croatie était une façon de voir une prise en charge médicale au sein d'un hôpital dans un pays disposant de moins de moyens financiers (et également humains, parfois) que le notre. Sachant que la Croatie est un pays qui attire de plus en plus de touristes, j'espérais cependant avoir l'occasion de voir quelques patients parlant anglais, voire français, avec qui il aurait donc était possible de réaliser un interrogatoire et un examen clinique plus poussé. Enfin, n'étant pas passée en France dans le service de dermatologie, c'était également l'occasion de découvrir plus en profondeur la prise en charge pratique non seulement des pathologies dermatologiques courantes que nous rencontrons nous aussi tous les jours, mais aussi pourquoi pas de voir des pathologies un peu moins fréquentes a) L'accueil J'ai été accueillie le premier jour de stage par la chef de service Dr Neira Puizina habituée à prendre en charge des étudiants étrangers. Elle m’a ensuite présentée à toute l’équipe qui était en staff. L’accueil a été très chaleureux, la plupart d’entre eux parlent bien anglais et ils adorent la France! Deux médecins différents m'ont officiellement prise en charge (le premier n'étant présent à l'hôpital que la première semaine de stage), mais il était également possible de suivre d'autres médecins et résidents (pour suivre les consultations par exemple). J’étais en stage seulement le matin mais les horaires des médecins croates ne sont pas les mêmes qu’en France: ils commencent tôt, font une pause café vers 11h30-12h avec tous le service puis reprennent le travail et terminent vers 15h30. C’est à ce moment là qu’ils rentrent déjeuner chez eux. Il y avait une très bonne entente dans le service entre les médecins, la chef de service, les infirmières etc… J’ai pu pas mal discuter avec l’équipe, et notamment l’équivalent des internes qui m’a expliqué le système des études de médecine croate. J’étais également en stage avec une étudiante russe qui faisait partie du programme d’échange IFMSA. b) Rôle Mon rôle principal était un rôle d'observation. J’assistais surtout aux consultations avec quasiment un médecin différent à chaque fois (ils tournaient selon les semaines). Il y a 3 box de consultations dont un occupé par la chef de service et c’est en général là que se trouvaient les internes. Cette salle étant du coup bien remplie j’allais plutôt assister aux consultations dans les autres. Il y avait également une pièce réservée aux gestes un peu plus techniques, aux pansementst etc… En général les patients ne parlaient pas anglais donc l’interrogatoire se faisait en croate puis le médecin m’expliquait en anglais et nous en discutions. La compréhension était bonne surtout que la plupart des termes médicaux sont très similaires. Certains me laissaient observer la lésion au dermatoscope et me demandaient ce que j’en pensais. D’autres m’ont laissé utiliser la cryofaction (très utilisée dans ce service). Les consultations étaient très variées, et j’ai vu aussi bien des enfants, des adultes, des adolescents, des personnes âgées… Je suis également passée dans la salle réservée aux gestes techniques dans laquelle j’ai pu voir des biopsies, des cryofactions etc… Malheureusement je n’ai pas pu effectuer moi-même ce genre de gestes! c) Les pathologies rencontrées Elles étaient très variées: il y avait des suivis et des dépistages de mélanome, de l’acné juvénile, des eczema, de la gale, du psoriasis, des ulcères, des dermatoses bulleuses etc… Et à chaque fois le médecin m’expliquait la physiopathologie, la prise en charge et les complications éventuelles. 3) Différences avec le système français • Les études Le cursus de base se déroule sur 6 ans d'enseignement uniquement théorique, sans stage pratique. La notion d'externat n'existe pas, ou pourrait être assimilée à la 7ème année où les étudiants sont en stage en permanence, de 7h à 14h environ. Les stages sont cependant très courts, de 2 semaines à un mois environ par service, avec une “maquette” à respecter selon l'orientation voulue. Ces stages sont cependant peu formateurs (aussi bien d'un point de vue français que de l'avis général des étudiants croates) : leur rôle se résume la plupart du temps à observer, et à taper les observations et comptes rendus de sortie que leur dictent les médecins. A la fin de la 7ème année, les étudiants peuvent exercer en temps que généraliste après avoir validé un examen national. Les spécialités sont peu disponibles, certaines années, certaines spécialités ne sont pas accessibles du tout. Ils y accèdent d'après leurs notes de stage de l'année précédente et sont donc ensuite résidents au sein de l'hôpital pendant plusieurs années. Certaines spécialités restent très masculines et peu accessibles aux femmes, par exemple la chirurgie : le service de chirurgie de l'hôpital de Split ne compte qu'une seule femme. • Prises en charge → En dermatologie : Le pays étant toujours en développement depuis la fin de la guerre, les hôpitaux sont bien sûr moins modernes et disposent de moins de moyens qu'en France. La plupart des traitement administrés ne sont pas efficaces sur le long terme et les patients reviennent souvent en consultation. La médicaments efficaces sont chers (en dermatologie la plupart viennent de France d’ailleurs) et faute de moyens les prélèvements et dépistage ne sont pas toujours bien effectués. Les règles d'hygiènes et de sécurité sont moins poussées, par exemple les médecins ne se lavent presque jamais les mains entre chaque patient. → Quelques mots sur d'autres services : L'imagerie est beaucoup moins utilisée pour faire les diagnostiques et l'approche est au maximum clinique : pour une pathologie évoquant un problème chirurgicale, il est fréquent d'avoir recours à des chirurgies exploratrices, ou simplement à une simple surveillance en l'absence d'urgence. Tout ce qui est relatif au milieu de l'anesthésie est également plus restreint : les interventions se font plus facilement sous anesthésie locales ou loco régionales que sous anesthésie générale. Les petits gestes ne bénéficient pas toujours d'anesthésie (par exemple, abalation d'ongle après traumatisme). En obstétrique, les péridurales sont très peu pratiquées par manque de personnel, les patientes accouchent donc de façon complètement naturelle. 4) Evaluation du stage Pour résumer, ce stage aura été très profitable. L'accueil lors de l'arrivée à Split s'est très bien déroulé (prise en charge à l'arrêt de bus), l'accueil à l'hôpital a été très chaleureux de la part de toute l'équipe soignante (médecins, résidents, infirmières, étudiants croates). Malgré la barrière de la langue vis à vis des infirmières et des aides soignantes, tout le monde s'est montré très agréable. La durée de stage était adaptée : suffisamment longue pour avoir le temps de se faire à la médecine croate, de connaître le service, de s'intégrer à l'équipe et de s'habituer aux différences de prises en charge. Les médecins ont tout à fait jouer le jeu du double entretien croate / anglais, et ont pris le temps de s'intéresser au système français, et plus particulièrement aux études médicales françaises, ce qui a permis un véritable échange.