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FEUILLET D’INFORMATION
LA SYPHILIS
Résumé
La syphilis est une infection transmissible sexuellement (ITS) que
l’on contracte au contact de lésions syphilitiques (plaie ou chancre).
Un accroissement des cas de syphilis a été signalé dans tous les
grands centres urbains du Canada, particulièrement chez les hommes
ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HARSAH). Ces
dernières années, le nombre de nouveaux cas a augmenté de
façon spectaculaire.
Les premiers symptômes de la syphilis peuvent varier
considérablement et comprendre un chancre, une plaie ou une
éruption cutanée indolores, de la èvre, des maux de tête, des
problèmes de vision ou d’autres symptômes plus graves. Les
personnes sexuellement actives devraient se prêter, au moins une
fois par année, à un test de dépistage de la syphilis par analyse
sanguine. Lorsque la syphilis est décelée à un stade précoce, son
traitement est très efcace. En revanche, si elle n’est pas traitée,
elle peut évoluer vers une maladie chronique grave.
Chez les personnes séropositives, la syphilis peut causer des
dommages plus rapidement et se révéler parfois plus difcile à traiter
que chez les personnes séronégatives. Les personnes co-infectées par
le VIH et la syphilis peuvent transmettre le VIH plus facilement.
Des messages clés sur la syphilis destinés aux clients sont disponibles
à la n de ce feuillet d’information.
Qu’est-ce que la syphilis?
« Syphilis » est le nom donné à l’infection
par la bactérie Treponema pallidum, ou
T. pallidum. Cette maladie se transmet
lorsqu’une personne entre en contact avec
des lésions syphilitiques (plaies ou chancres).
Il existe plusieurs modes de transmission,
notamment les suivants :
baisers (avec échange de salive)
contacts sexuels anaux, oraux ou vaginaux
partage de jouets sexuels
partage d’aiguilles ou d’autre matériel
servant à la consommation de drogues
de la mère au bébé pendant la grossesse ou
lors de l’accouchement
La syphilis
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Les bactéries responsables de la syphilis
(appelés tréponèmes ou spirochètes) peuvent
causer des lésions, des plaies ou des ulcères au
niveau des organes génitaux, et à l’intérieur
de l’anus et de la bouche. Ces plaies peuvent
servir de point d’entrée au VIH et à d’autres
ITS. Une fois dans l’organisme, les tréponèmes,
à l’instar du VIH, peuvent pénétrer dans le
système lymphatique ou dans le système
sanguin. Il suft ensuite de quelques heures ou
de quelques jours pour que les tréponèmes se
propagent dans l’ensemble de l’organisme et
atteignent le cerveau.
Qui est vulnérable à la syphilis?
Toutes les personnes qui sont sexuellement
actives peuvent être à risque de contracter
la syphilis. Les personnes vivant avec le VIH
courent un risque plus grand de contracter
la syphilis que les personnes séronégatives.
Bien qu’à la fois les hommes et les femmes
puissent contracter la syphilis, un plus grand
nombre de cas a été signalé chez les hommes.
La majorité des nouveaux cas d’infection sont
des hommes qui ont des rapports sexuels avec
d’autres hommes.
Symptômes
Bon nombre des personnes qui ont contracté
la syphilis ne présentent aucun symptôme
au départ (elles peuvent néanmoins
transmettre la maladie et ne sont pas à
l’abri des complications liées à l’évolution
de l’infection). D’autres éprouvent divers
symptômes d’intensité variable : de moyens
à sévères. Si elle n’est pas traitée, la syphilis
peut même causer une maladie grave.
Syphilis primaire
Au stade précoce de la syphilis, une lésion
(plaie) peut apparaître sur ou à l’intérieur du
pénis, du vagin, de la bouche ou du rectum,
généralement deux à trois semaines après
l’infection. Chez les personnes co-infectées
par le VIH et la syphilis, des lésions multiples
peuvent apparaître. Comme les lésions peuvent
être indolores et inapparentes, les premières
manifestations de la syphilis peuvent alors
passer complètement inaperçues, tant chez les
hommes que chez les femmes.
On observe parfois une enure au niveau
des ganglions lymphatiques de l’aine,
habituellement dans la semaine qui suit
l’apparition de la lésion syphilitique. Bien
que la lésion puisse disparaître en l’espace
de quatre à six semaines, les ganglions
lymphatiques peuvent demeurer enés
pendant plusieurs mois.
Toutefois, il est important de savoir que
les symptômes de la syphilis primaire sont
souvent minimes ou non-existants, si bien
que les personnes infectées peuvent ne pas
les remarquer. C’est pourquoi un dépistage
fréquent de la syphilis est important pour les
personnes sexuellement actives. Fait troublant,
cependant, il arrive que l’on retrouve des
tréponèmes (les bactéries qui causent la
syphilis) dans le liquide céphalorachidien de
personnes atteintes de syphilis primaire, que
ces dernières soient ou non co-infectées par le
VIH. Lorsqu’une telle découverte est faite, cela
signie que les tréponèmes ont pénétré dans
le système nerveux central et qu’ils peuvent
s’attaquer au cerveau même dans les cas de
syphilis primaire. Lorsque les tréponèmes
gagnent le cerveau, la maladie peut évoluer
vers la neurosyphilis.
Syphilis secondaire
Au second stade, qui survient généralement
de deux à 12 semaines après l’apparition de la
lésion, des symptômes traduisant une infection
généralisée peuvent se manifester. Ces
symptômes peuvent varier considérablement
d’une personne à l’autre, mais les plus
courants sont les suivants :
éruptions cutanées
faible èvre
manque d’énergie
maux de gorge
perte d’appétit
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Il arrive que l’éruption se déclare d’abord sur
le tronc, mais elle peut aussi bien apparaître
n’importe où sur le corps, y compris la paume
des mains et la plante des pieds. Si l’éruption
survient sur une partie poilue ou chevelue
du corps, elle peut provoquer une perte
temporaire de cheveux ou de poils. Ainsi, un
amincissement des sourcils, de la barbe ou de
la chevelure en certains endroits peut être
attribuable à une éruption syphilitique.
Des lésions indolores, appelées « plaques
muqueuses », peuvent apparaître sur les
tissus humides des organes génitaux, de la
bouche, de la gorge et des amygdales. Ces
lésions regorgent de tréponèmes et sont
extrêmement infectieuses.
Une infection du cerveau et de la moelle
épinière (système nerveux central) peut
survenir chez les personnes atteintes de
syphilis secondaire dans une proportion qui
peut atteindre 40 % des cas. Il arrive que
cette infection soit asymptomatique, mais des
symptômes tels que ceux énumérés ci-dessous
peuvent également être observés.
bourdonnements d’oreilles
diminution de l’acuité auditive
diminution de l’acuité visuelle
maux de tête
Syphilis tardive (ou tertiaire)
Si elle n’est pas traitée, la syphilis secondaire
évoluera vers le stade tardif de la maladie
(qu’on appelle aussi syphilis tertiaire ou
latente). Ceci peut se développer de deux
à trente ans après l’infection. À ce stade,
la personne infectée ne présente aucun
symptôme et seule une analyse sanguine
permet de déceler l’infection. La maladie
continue néanmoins de faire des ravages.
À ce stade de la maladie, l’infection par
T. pallidum et l’inammation qu’elle
occasionne peuvent toucher n’importe quel
organe du corps. La syphilis tardive peut
causer des dommages au système nerveux
(neurosyphilis ce qui peut amplier les
troubles neurocognitifs liés au VIH), au
cœur et aux vaisseaux sanguins (syphilis
cardiovasculaire), au foie (ce qui peut se
traduire par des atteintes hépatiques ou
une hépatite), aux reins, aux yeux et à
pratiquement tous les organes du corps.
En l’absence de traitement, la syphilis tertiaire
peut entraîner des complications, notamment
les suivantes :
difculté à s’endormir
troubles de la vision
neuropathie périphérique (dommages aux
nerfs du système nerveux périphérique)
dysfonction érectile
altération de la personnalité
troubles de la mémoire
perte de lucidité et diminution de la
capacité de discernement
méningite
piètre contrôle musculaire
dommages aux articulations
crises d’épilepsie
accident vasculaire cérébral
Dans quelques rares cas, la syphilis peut être
mortelle si elle n’est pas traitée.
Transmission de la syphilis de la mère à son
bébé (syphilis congénitale)
Chez la femme enceinte, la syphilis peut
provoquer un avortement spontané ou causer
la mort du fœtus ou du bébé. Outre une
éruption cutanée dans certains cas, la majorité
des bébés infectés ne présentent pas de
symptômes. Si la syphilis congénitale n’est pas
traitée, le bébé peut présenter des troubles du
développement et souffrir de crises d’épilepsie
ou d’autres problèmes de santé graves.
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Dépistage et diagnostic
En règle générale, le diagnostic de la syphilis
est établi au moyen d’analyses sanguines
visant à déceler la présence d’anticorps contre
des protéines non apparentées à T. pallidum,
mais que le corps produit en cas de syphilis.
Les tests de dépistage de la syphilis les plus
couramment utilisés sont les suivants :
le test VDRL (laboratoire de recherche sur
les maladies vénériennes)
le test RPR (test rapide de la réagine
plasmatique)
Chez les personnes atteintes de syphilis
primaire ou latente, ces tests de dépistage
indirects ne fonctionnent pas toujours. Il est
possible que le résultat du test soit négatif,
même si la personne est infectée. Pour cette
raison, l’Agence de la santé publique du
Canada (ASPC) recommande aux médecins, qui
soupçonnent une syphilis chez leurs patients
malgré un résultat négatif, de demander à
leurs patients de se soumettre de nouveau
au test indirect après un délai de quelques
semaines. Elle recommande également de
recourir à des tests plus précis qui décèlent
les anticorps contre T. pallidum. Ces tests
comprennent les suivants :
l’essai immuno-enzymatique (EIA)
tréponémique
le test d’immunouorescence absorbée
(FTA-ABS)
le test de microhémagglutination pour la
détection de Treponema pallidum (MHA-TP)
Certains laboratoires provinciaux inversent
l’ordre de ces tests et ont recours en premier
lieu aux tests qui permettent d’évaluer
la présence d’anticorps dirigés contre
T. pallidum. Pour en savoir plus sur les tests
offerts dans votre région, consultez votre
médecin ou communiquez avec le laboratoire
de votre région.
Dans certains cas, le diagnostic de la syphilis
peut être établi par l’examen au microscope
d’un échantillon de tissu prélevé sur le
chancre infectieux.
Un test de dépistage est recommandé pour les
personnes suivantes : les partenaires sexuels
susceptibles d’avoir contracté la syphilis,
les femmes enceintes, les hommes ayant
des rapports sexuels avec d’autres hommes,
les utilisateurs de drogues injectables, les
travailleurs et travailleuses du sexe et les
personnes qui ont eu des rapports sexuels avec
des personnes provenant de pays où la maladie
est endémique. Toutes les femmes enceintes
devraient se soumettre à un test de dépistage,
car, lorsqu’elle n’est pas traitée, la syphilis
peut infecter le bébé pendant la grossesse
ou lors de l’accouchement, et lui causer un
tort considérable.
Des chercheurs des Pays-Bas ont laissé
entendre qu’il serait utile de faire passer des
tests de dépistage sanguins de la syphilis aux
HARSAH porteurs du VIH, car au stade précoce,
la syphilis peut être asymptomatique.
Notication des partenaires
La syphilis est une maladie à déclaration
obligatoire. Cela signie que lorsqu’une
infection est conrmée par une clinique, un
médecin ou un laboratoire, le cas doit être
signalé aux autorités de la santé publique.
Lorsqu’une personne a un diagnostic de
syphilis conrmé, il lui sera demandé par le
fournisseur de soins de santé ou une inrmière
de la santé publique de contacter ou fournir
les coordonnées de tous les partenaires
sexuels qu’elle a eus au cours de la période
de traçabilité de son infection (soit la période
précédant l’apparition des symptômes ou,
dans le cas d’une infection asymptomatique,
le délai écoulé avant le prélèvement des
échantillons) compte tenu du stade de son
infection par la syphilis.
Les périodes de traçabilité dans le cas de la
syphilis sont les suivantes :
syphilis primaire trois mois
syphilis secondaire six mois
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latente précoce un an
latente tardive/tertiaire : selon le moment
estimé de l’infection initiale, les partenaires
à long terme (conjoints) et enfants doivent
être examinés.
Si aucun des partenaires pendant la période de
traçabilité recommandée n’obtient un résultat
positif au dépistage de la syphilis, le dernier
partenaire le plus récent hors de la période de
traçabilité doit alors être avisé.
Si le client choisit de ne pas communiquer
avec ses partenaires sexuels, le professionnel
de la santé ou l’inrmière de la santé publique
vont tenter de joindre les partenaires et les
inciter à se prêter à un test de dépistage
et, le cas échéant, à recevoir un traitement
antisyphilitique. Le nom du client d’origine
n’est pas donné aux partenaires sexuels quand
ils sont contactés pour tenter de conserver son
anonymat. L’ASPC recommande que tous les
partenaires notiés soient traités sans attendre
les résultats des tests.
Traitement
Un antibiotique du nom de benzathine
(pénicilline G) est considéré comme le
traitement antisyphilitique de référence. Si le
diagnostic de la syphilis est établi dans l’année
qui suit l’infection, une dose unique de ce type
de pénicilline (par injection intramusculaire à
raison de 2,4 millions d’unités, habituellement
dans une fesse) suft généralement à traiter la
maladie. Il importe de souligner cependant que
cette dose est insufsante pour les personnes
atteintes de neurosyphilis.
Le traitement des personnes dont l’infection
remonte à plus d’un an requiert des doses plus
importantes de médicaments et s’étend sur
une plus longue période.
Dans les cas de neurosyphilis, les lignes
directrices canadiennes recommandent une
préparation intraveineuse de pénicilline,
comme la pénicilline G. Lorsqu’on l’utilise
pour traiter une neurosyphilis, cette
préparation intraveineuse de pénicilline est
administrée en une dose de plusieurs millions
d’unités toutes les quatre heures sur une
période comprise entre 10 et 14 jours. Certains
médecins peuvent même choisir de prolonger
la période de traitement quand la gravité des
symptômes le justie.
D’autres antibiotiques, telle la doxycycline
qui entrave la croissance des tréponèmes, sont
parfois utilisés chez les patients présentant
une allergie à la pénicilline. Il faut garder
à l’esprit cependant, que, contrairement à
la pénicilline, la doxycycline ne détruit pas
les tréponèmes et qu’elle peut se révéler
moins efcace chez les personnes dont le
système immunitaire est très affaibli. Plutôt
que d’opter pour la doxycycline, certains
spécialistes préfèrent soumettre leurs patients
allergiques à la pénicilline et leurs patientes
enceintes atteintes de syphilis à un processus
de désensibilisation qui consiste à administrer,
sous étroite supervision, de petites doses qui
augmentent graduellement jusqu’à ce que
leurs patients soient à même de tolérer une
dose complète.
L’antibiotique azithromycine (Zithromax) a
déjà été utilisé pour traiter la syphilis, mais
des cas de syphilis présentant une résistance
à l’azithromycine ont été signalés au Canada,
aux États-Unis et dans d’autres pays, en
particulier chez les HARSAH. Par conséquent,
l’ASPC ne recommande pas d’utiliser cet
antibiotique comme traitement courant contre
la syphilis. De la même manière, il n’est pas
recommandé de recourir à la ceftriaxone dans
le traitement courant de la syphilis au Canada.
Qu’en est-il de la co-infection par
le VIH?
Le traitement des personnes co-infectées par
le VIH est controversé. Certains médecins
privilégient le même traitement que pour
les personnes séronégatives, soit une seule
injection intramusculaire de benzathine
(pénicilline G). D’autres cependant optent
pour un traitement plus énergique chez les
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