Un sondage sur l`utilisation croissante de la médecine parallèle

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Un sondage sur l'utilisation croissante de la médecine parallèle
Automne 1999
Le docteur Allan Best de l'université de la Colombie-Britannique a révélé aux délégués des
sections pendant la séance de la recherche du congrès 1999 que quelque 50 à 60 pour cent des
personnes atteintes d'une maladie chronique, y compris les MII, font appel à la médecine
parallèle.
Quatre-vingt-quinze pour cent d'entre eux continuent d'utiliser leurs médicaments traditionnels.
Ce qui inquiète surtout les médecins, c'est que de nombreux patients ne les informent pas des
médicaments ou produits parallèles qu'ils utilisent.
«C'est préoccupant parce que toutes sortes d'interactions peuvent se produire entre une herbe
que vous prenez ici et un stéroïde que vous prenez là. Qui sait ce que ça risque de vous faire ?»
a expliqué le docteur Best, scientifique principal au centre d'épidémiologie clinique et
d'évaluation.
Le docteur Best a ensuite donné un aperçu de la médecine parallèle et a décrit son projet de
recherche financé par la FCMII intitulé L'utilisation de la médecine parallèle par les personnes
atteintes d'une MII au Canada : La prévalence, les déterminants et les avantages perçus.
La médecine parallèle peut se définir par les traitements qu'obtient un patient mais pour lesquels
son médecin n'a pas été formé à la faculté de médecine et qui ne sont généralement pas
recommandés par un médecin. Elle inclut les régimes spéciaux, les vitamines, les suppléments à
base de plantes médicinales, les techniques de visualisation, les massages, la prière et bien
d'autre chose encore.
La Fondation a remis une subvention en aide à la recherche au docteur Best et à ses
cochercheurs, les docteurs Robert Hilsden et Marja Verhoef, tous deux de l'université de Calgary,
afin de sonder les personnes atteintes d'une MII. Ces chercheurs tenteront d'établir qui utilise la
médecine parallèle, le modèle d'utilisation par région et si la gravité de la maladie influence la
décision des gens à utiliser la médecine parallèle.
«Il nous faut connaître tous les aspects du traitement. Il est important de savoir si les gens
utilisent à la fois la médecine parallèle et la médecine traditionnelle et comment ces deux types
de médecine s'imbriquent entre eux» a expliqué le docteur Best.
Une fois ces renseignements en main, «nous pourrons commencer à poser quelques questions
de recherche. Nous pourrons établir vers où orienter la recherche, puis décider quelles études
seront les plus susceptibles d'être profitables, de nous en apprendre le plus et de contribuer le
mieux aux soins généraux des patients», a expliqué le docteur Best.
Lorsqu'on se demande pourquoi les gens font appel à la médecine parallèle, le docteur Best
décrit le processus comme une «poussée» et une «retenue». La poussée provient du fait connu
que la médecine traditionnelle ne procure pas toutes les réponses. L'efficacité de la médecine
traditionnelle est limitée, et les effets secondaires peuvent être dérangeants. Lorsque les
personnes atteintes éprouvent des problèmes ou des symptômes que la médecine traditionnelle
ne peut régler, ils recherchent d'autres solutions.
Divers autres facteurs incitent l'individu à se tourner vers la médecine parallèle. Bien des
dispensateurs de médecine parallèle adoptent en effet une philosophie globale. Ils s'intéressent à
toute la personne et ne se contentent pas de traiter seulement la maladie ou le système
organique. Ils veulent se pencher sur l'âme, le corps, l'esprit et la personne dans son ensemble.
«Enfin, l'une des principales raisons pour lesquelles les gens se tournent vers la médecine
parallèle, c'est peut-être parce qu'elle leur donne de l'espoir.»
L'utilisation de la médecine parallèle préoccupe les médecins et les personnes atteintes
d'une MII
Les vitamines, les plantes médicinales, l'homéopathie... De plus en plus de personnes se
tournent vers la médecine parallèle pour soigner leur maladie de Crohn ou leur colite ulcéreuse.
Pourtant, un chercheur de l'université de Calgary souligne que les patients et les médecins
devraient y réfléchir.
Le docteur Robert Hilsden a expliqué à un public de médecins et de gastro-entérologues que la
médecine parallèle a pris une expansion exponentielle depuis dix ans. Parmi les personnes
atteintes d'une MII, environ la moitié de celles qui ont été sondées dans le cadre d'une étude en
1998 ont admis faire appel à la médecine parallèle pour se soigner.
«En général, ils donnaient comme raison les effets secondaires (40 pour cent) ou l'absence
d'avantages du traitement traditionnel (35 pour cent)», a précisé le docteur Hilsden.
Cependant, le docteur Hilsden a souligné plusieurs points auxquels les patients et les médecins
devraient penser.
D'abord, les personnes qui se tournent vers la médecine parallèle utilisent généralement plus
d'une médecine douce. Quelque 63 pour cent utilisent deux traitements simultanément, et 25
pour cent quatre traitements ou plus à la fois. C'est un problème parce qu'il est difficile d'établir
quel traitement fait effet ou entraîne des effets secondaires.
De plus, de nombreux patients continuent d'utiliser leur médicament ou leur traitement
traditionnel en plus de la médecine parallèle. Par conséquent, il est difficile de savoir à quel
traitement attribuer les effets secondaires ou les améliorations.
Une autre découverte de l'étude de 1988 soulève des préoccupations. En effet, 38 pour cent des
patients n'avertissent pas leur médecin qu'ils utilisent des médecines parallèles.
«La raison la plus citée pour ne pas avertir le médecin, c'est la peur du rejet du traitement, la
conviction que le médecin ne sait pas grand-chose à ce sujet, qu'il n'est pas intéressé et qu'il ne
comprend pas la vie du patient», a expliqué le docteur Hilsden.
Internet est devenu une source de plus en plus fréquente d'information au sujet des médecines
parallèles a ajouté le docteur Hilsden, mais cet outil devrait être utilisé avec circonspection tant
par les patients que par les médecins. Les sites Web ont un aspect très professionnel, ils
contiennent quantité de renseignements, font la promotion de produits qui traitent soi-disant les
maladies et offrent des témoignages de ceux qui ont essayé les produits. Ces sites «semblent
très crédibles», convient le docteur Hilsden, mais il y a lieu de s'inquiéter quant à l'exactitude de
l'information et à l'effacité et à la sûreté des produits. Il existe peu ou pas de documentation
véritable sur l'efficacité de ces produits.
Le docteur Hilsden a conclu en encourageant les médecins à mieux comprendre la médecines
parallèles pour améliorer leur relation avec leurs patients. Il a incité le public de professionnels de
la santé à discuter de la question avec leurs patients, «sans porter de jugement.»
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