Étiologies
Elle peut être d’origine hypothalamo-hypophysaire
(déficit en ACTH) ou surrénalienne (ACTH élevée). Le
déficit en ACTH est caractérisé par : 1) dans la quasi-
totalité des cas, il est associé à un déficit en d’autres
hormones hypophysaires, en particulier en GH ; 2) il n’y a
pas de syndrome de perte de sel puisque l’ACTH ne
contrôle pas la sécrétion d’aldostérone. L’insuffisance sur-
rénale d’origine périphérique est le plus souvent secon-
daire à un déficit enzymatique sur la synthèse du cortisol
et de l’aldostérone. La diminution du cortisol induit une
augmentation de la sécrétion d’ACTH. Cette augmenta-
tion induit une hyperplasie congénitale des surrénales
(HCS) avec une hyperproduction des hormones surréna-
liennes qui ne nécessitent pas l’enzyme déficitaire, en
particulier la testostérone. L’HCS est une affection réces-
sive autosomique due le plus souvent à un déficit en
21-hydroxylase par anomalie de son gène. Ilyaune
corrélation entre le génotype et le phénotype [4]. Dans la
forme néonatale ou classique, l’activité enzymatique est
nulle ou très faible. Dans la plupart des cas, ilyaundéficit
de la synthèse d’aldostérone responsable d’un syndrome
de perte de sel. La fréquence de l’HCS néonatale se situe
autour de 1/8 000 naissances. Son dépistage néonatal est
fait de manière systématique par le dosage de 17OHP.
Cependant, le résultat de celui-ci n’étant obtenu qu’après
quelques jours, il faut essayer de faire le diagnostic plus
tôt.
Signes cliniques
Dans la forme la plus fréquente qui est l’insuffisance
surrénale du nouveau-né secondaire à un déficit en
21-hydroxylase, les manifestations cliniques et biologi-
ques sont secondaires à : 1) l’insuffisance en cortisol qui
peut donner une hypoglycémie, une hypotension arté-
rielle ; 2) l’insuffisance en aldostérone qui donne un syn-
drome de perte de sel dans les urines, se manifeste par une
non-prise de poids et participe au collapsus ; 3) la virilisa-
tion des organes génitaux externes du fœtus féminin. Le
degré de virilisation est variable allant d’une simple hyper-
trophie du clitoris (Prader I) à un aspect complètement
virilisé des organes génitaux externes (Prader V). L’élé-
ment qui guide vers le diagnostic, chez ce nouveau-né qui
a des organes génitaux d’aspect masculin, est l’absence de
testicule palpable dans les bourses donnant un aspect
« d’ectopie testiculaire ».
Examens complémentaires
Le diagnostic d’HCS par déficit en 21-hydroxylase est
fait par la mesure du taux plasmatique de 17OHP. Ce
métabolite surrénalien est très élevé (> 3 ng/mL) car il est
situé en amont du bloc. Il faut tenir compte dans l’inter-
prétation du résultat du fait que la 17OHP est physiologi-
quement plus élevée dans les premiers jours de vie, en
particulier chez le prématuré. L’association à des taux
plasmatiques élevés d’ACTH dans les deux sexes et de
testostérone chez la fille (> 0,3 ng/mL) apporte un argu-
ment supplémentaire au diagnostic.
Le syndrome de perte de sel est défini par la persis-
tance de sodium dans les urines alors que la natrémie est
inférieure à 132 mmol/L. La mesure du sodium doit être
faite sur les urines concomitantes au prélèvement sanguin.
La présence de sodium dans les urines sans hyponatrémie
ne suffit pas à faire le diagnostic de syndrome de perte de
sel. L’hyponatrémie est associée à une hyperkaliémie et à
une hypercalcémie. Ceci survient souvent après 4 à
5 jours de vie avec dans l’ordre d’apparition une hyper-
calcémie, puis une hyperkaliémie puis une hyponatrémie.
La rénine plasmatique est augmentée.
Traitement
L’insuffisance surrénale aiguë est une urgence théra-
peutique. Dès le prélèvement sanguin fait (17OHP, ACTH,
cortisol, testostérone et activité rénine), il faut débuter le
traitement (tableau 2). Une fois la phase aiguë passée, le
traitement est donné par voie orale et comporte :
–un glucocorticoïde : hydrocortisone (gélules prépa-
rées à 1 mg), 4-6 mg/24 h chez le nouveau-né, en 3 prises ;
–un minéralocorticoide : Florinef
®
(cpà10et50
gamma ou lg), 30 à 200 lg/24 h en 2 prises ;
–un supplément de 2 g de NaCl/24 h jusqu’à l’âge de
1-2 ans.
Ce traitement ne doit pas être interrompu. Il doit être
régulier. Une carte est donnée aux familles indiquant le
risque d’insuffisance surrénale aiguë et les modifications à
apporter au traitement en cas de problème aigu intercur-
rent : 1) doubler la dose d’hydrocortisone durant l’épisode
aigu, s’il n’y a pas de trouble digestif ; 2) remplacer la voie
orale par la voie injectable en cas de diarrhée, de vomis-
sement ou d’intervention chirurgicale. Une plastie fémi-
nine est ultérieurement nécessaire.
Anomalies des organes génitaux
L’anomalie des organes génitaux est une urgence néo-
natale pour deux raisons : ilyaunrisque vital si elle est
Tableau 2.Traitement en urgence
de l’insuffisance surrénale aiguë par anomalie des surrénales
Ne pas attendre le résultat des dosages hormonaux
1. Glucocorticoides : Hydrocortisone
®
IM (ampoules de 100 mg),
5 mg × 3/24 h
2. Minéralocorticoides : Syncortil
®
IM (ampoules de 10 mg),
2 à 3 mg × 1/24 h
3. Apport de NaCl, perfusion IV, 10 à 15 mEq/kg/24 h, moitié
dans les 6 premières heures
4. Corriger une hypoglycémie
Surveiller toutes les 6 heures :
– poids, tension artérielle, fréquence cardiaque
– Na et K dans le sang et les urines (sur miction concomitante)
– Passage à la voie orale après2à3jours
mt pédiatrie, vol. 8, n° 5-6, septembre-décembre 2005 369
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