Extrait de «Les troubles d’apprentissage: comprendre et intervenir» par Denise Destrempes-Marquez et Louise Lafleur, Éditions Ste-Justine, 1999
Retranscrit en septembre 2006
En résumé, on peut dire que:
la dysphasie est une forme de trouble d’apprentissage qui nuit principalement au langage ;
le quotient intellectuel de l’enfant qui en souffre est normal ;
la dysphasie est un trouble permanent qui a des répercussions sur la vie affective, sociale, familiale et scolaire ; de
telles répercussions sont d’autant plus sévères que le trouble n’est pas dépisté ;
le degré d’atteinte est variable (léger, modéré ou sévère) ;
ce trouble peut se manifester sous des formes différentes tout au long de la croissance ;
il n’existe ni médicament, ni intervention chirurgicale pour soigner la dysphasie. Le diagnostic se fait en situation de
« testing » multidisciplinaire (psychologue, orthophoniste, audiologiste, neuropédiatre). Le diagnostic doit être posé
par une orthophoniste, car ce trouble relève du domaine du langage ;
le seul traitement possible consiste en la rééducation orthophonique du langage et le développement de moyens
compensatoires (visuels). Le soutien orthopédagogique est nécessaire à l’école ; l’intervention d’un psychomotricien,
d’un ergothérapeute ou d’un psychologue est aussi souvent requise.
ÉTIOLOGIE DES SYNDROMES DYSPHASIQUES
Les chercheurs s’accordent pour affirmer que les syndromes dysphasiques sont d’origine neurologique. Pour certains
chercheurs, le dysphasique est « brain different ». Pour d’autres, les dysphasies reflètent une variété de dysfonctions des
circuits cérébraux requis pour la compréhension, l’élaboration et la programmation du langage. La nature de ces
dysfonctions est inconnue; celles-ci peuvent provenir, dans la plupart des cas, d’un problème génétique, ou de lésions
précoces au cerveau encore immature (pendant la grossesse, anoxie à la naissance).
Ce problème était présent dès la naissance et n’est pas acquis à la suite d’un traumatisme affectif. Les examens
neurologiques standard ne nous révèlent pas nécessairement des informations sur ce sujet. L’observation à long terme et
la mise en commun des données de tous les intervenants sont, aujourd’hui encore, le seul moyen véritable de bien cerner
la présence et l’impact de ces troubles chez un enfant. Le trouble du langage oral de nature dysphasique a des
conséquences sur le plan du langage écrit. Il s’agit alors d’un trouble spécifique dans l’apprentissage de la lecture et de
l’écriture qui existe à des degrés variables. Lorsque l’atteinte dysphasique est légère, elle ne peut être décelée en bas
âge, car les manifestations sont très discrètes, elles ne sont souvent évidentes qu’au moment des apprentissages
scolaires. Lorsque l’atteinte est légère ou modérée, l’enfant peut fonctionner dans une classe ordinaire à l’aide d’un
soutien orthophonique et orthopédagogique. Atteint à un degré modéré à sévère, l’enfant sera confié dans une classe de
langage.
INTERVENTIONS
Certaines attitudes favorisent la communication chez le jeune enfant :
capter l’attention de l’enfant en l’appelant par son nom ou en le touchant doucement ;
choisir un thème qui suscite son intérêt ;
adapter la façon de parler au niveau de langage de l’enfant ;
parler lentement, en utilisant peu de mots à la fois et en articulant bien ;
ne pas hésiter à répéter plusieurs fois ;
mettre de l’intonation dans la voix, utiliser des gestes et recourir au contexte ;
favoriser l’utilisation d’une seule langue ;
établir une relation favorable : toutes les formes de communication (gestes, regards, etc.) sont acceptables ;
s’amuser avec l’enfant : sans communication, il n’y a pas d’apprentissage ;
élaborer des moyens compensatoires en exploitant les atouts de l’enfant ;
utiliser les outils visuels pour favoriser la communication ;
placer l’enfant en garderie dès le bas âge afin de permettre le développement de moyens compensatoires.