
osseuses) ou une tomodensitométrie abdominopelvienne
pour évaluer la présence ou l’absence d’adénopathies. L’ap-
proche thérapeutique sera ainsi déterminée selon l’âge, les
maladies concomitantes et l’espérance de vie.
Les études ont montré que le dépistage est surtout associé
à la découverte d’un cancer localisé (RR de 1,79) et, dans un
degré moindre, d’un cancer avancé (RR de 0,80). À la suite
d’un diagnostic de cancer de la prostate localisé, différentes
options de prise en charge peuvent être évoquées, notam-
ment l’observation, la surveillance active, la prostatectomie
radicale et la radiothérapie (tableau IV16). L’espérance de
vie estimée, les autres maladies du patient, le risque d’un
cancer évolutif ainsi que les effets indé sirables de chaque
intervention comptent parmi les facteurs dont il faut tenir
compte dans le processus décisionnel16 (ta bleau IV16). Les
dernières années ont vu émerger la stra tégie de surveil-
lance active d’un cancer de la prostate localisé à faible
risque d’évolution. Il s’agit de reporter le moment du
traitement définitif afin d’éviter les effets néfastes des
interven tions. Cette approche nécessite un suivi attentif
associé à la répé tition des touchers rectaux, du dosage
de l’APS et des biopsies de la prostate (souvent chaque
année). Elle vise à réduire au minimum les traitements
excessifs, sans pour autant compromettre la survie à long
terme. Plusieurs nouveaux tests permettront possible-
ment de mieux distinguer les patients ayant un cancer
plus agressif de ceux où la surveillance active est appro-
priée, notamment les tests de l’oncotype DX spécifique à
la prostate, Prolaris ou PCA3 (surexpression de Prostate
Cancer Antigen 3). Certains patients peuvent ressentir de
l’anxiété en se sachant atteints d’un cancer de la prostate
non traité et décider, après quelques années, de passer au
traitement curatif, soit une intervention chirurgicale ou
la radiothérapie. La surveillance active est différente de
l’observation (watchful waiting), cette dernière consistant
à observer un patient souffrant d’une maladie localisée
asymptomatique qui ne bénéficierait probablement pas
d’un traitement radical, soit en raison d’une espérance de
vie plus courte du patient ou de maladies concomitantes
importantes. Lorsqu’on choisit l’observation, un traitement
palliatif, par exemple à base d’hormonothérapie, est institué
dès qu’une évolution du cancer est notée. Par ailleurs, tant
la prostatectomie radicale que la radiothérapie peuvent
offrir un potentiel curatif, mais ont des effets indésirables
qui leur sont propres. La décision thérapeutique découle
évidemment d’un consentement libre et éclairé après dis-
cussion, avec le patient, des avantages et inconvénients de
chaque stratégie. La découverte d’un cancer incurable au
moment du dépistage représente malheureusement l’échec
de cette stratégie à prévenir la mortalité attribuable à cette
maladie. Le diagnostic par le dépistage plutôt qu’à l’appari-
tion de symptômes est toutefois certainement avantageux
en ce qui a trait à la morbidité attribuable au cancer. De
plus, grâce aux progrès des dernières années dans le trai-
tement du cancer de la prostate métastatique, la qualité de
vie autant que la survie des patients se trouvent améliorées.
CONCLUSION
Bien que les études actuelles ne montrent probablement
pas suffisamment d’avantages à instaurer un processus de
dépistage systématique dans la population, comme celui
qui existe pour le cancer du sein, les données probantes
penchent tout de même pour un dépistage personnalisé
après consentement éclairé. Malheureusement, au Qué-
bec, beaucoup d’hommes n’ont pas accès à un médecin
de famille de façon régulière ou ne font affaire qu’avec un
service de consultation sans rendez-vous. Les patients
les plus en forme et possiblement les plus susceptibles
de bénéficier d’un dépistage risquent ainsi d’échapper à
un diagnostic au moment opportun alors qu’un dépistage
systématique aurait pu les rejoindre.
RETOUR AU CAS DE MONSIEUR P.
Après vos explications judicieuses et un toucher rectal
normal, Monsieur Provencher a pris le temps de réfléchir.
À la visite subséquente, il opte pour le dosage sanguin de
l’APS. Son résultat étant de 4,8 ng/ml, vous le dirigez en
urologie pour une évaluation clinique plus approfondie. //
Date de réception : le 30 mai 2014
Date d’acceptation : le 13 juin 2014
La Dre Catherine Sperlich et le Dr Trung Nghia Nguyen n’ont signalé
aucun intérêt conflictuel
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POUR EN SAVOIR PLUS...
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Le Médecin du Québec, volume 49, numéro 11, novembre 2014