Éditorial
Éditorial
Martine François
Service ORL, hôpital Robert Debré, Paris
L’
otite moyenne aiguë est une des
infections les plus courantes chez
l’enfant de 6 mois à 5 ans, avec un pic
de fréquence entre 12 et 24 mois. Nous
parlons ici des otites aiguës avec épan-
chement rétrotympanique, ce qui ex-
clut tant les otites congestives (sans
épanchement rétrotympanique) que les
otites séreuses, encore appelées otites
séromuqueuses, qui comportent un
épanchement retrotympanique mais
dont l’évolution est chronique
puisqu’on ne peut parler d’otite séreuse
que si l’épanchement évolue depuis
plus de deux mois.
Un des signes les plus évocateurs
d’otite moyenne aiguë est l’otalgie,
cependant celle-ci n’est pas toujours
due à une pathologie de l’oreille
moyenne et ne dispense pas d’une
otoscopie ! L’efficacité du traitement
de l’otite moyenne aiguë sur ses symp-
tômes s’apprécie par comparaison
avec son évolution spontanée qu’il est
bon de rappeler.
Les otites moyennes aiguës sont
probablement pour une grande part
virales au début, mais au moment du
diagnostic il y a une surinfection bac-
térienne. Les germes les plus fréquem-
ment retrouvés dans les prélèvements
d’otite moyenne aiguë sont, comme il
y a vingt ans, Hæmophilus influenzae,
Streptococcus pneumoniae et Mo-
raxella catarrhalis. Ce qui a changé,
ce sont les fréquences relatives de ces
germes et surtout leur profil de résis-
tance aux antibiotiques disponibles
sur le marché.
Certains critères cliniques peuvent
orienter vers un germe plutôt que vers
un autre. C’est ainsi que l’association
d’une conjonctivite purulente à une
otite moyenne aiguë évoque la respon-
sabilité d’un Hæmophilus influenzae.
L’infection de l’oreille moyenne
étant bactérienne, il est logique de
proposer une antibiothérapie. L’anti-
biotique prescrit doit l’être en fonction
des données épidémiologiques les
plus récentes. Mais il apparaît que
l’antibiothérapie n’est pas nécessaire
dans tous les cas. Les systèmes de
défense de l’oreille moyenne peuvent
suffire à enrayer l’infection. Des étu-
des récentes ont tenté de cerner dans
quel groupe d’enfants l’antibiothéra-
pie n’est pas nécessaire de première
intention.
Le problème de l’otite moyenne
aiguë ne se résume pas au traitement
d’un épisode donné. Certains enfants
font beaucoup plus d’otites que
d’autres. Pour espacer les épisodes, il
est utile de faire quelques examens à
la recherche d’un facteur favorisant
sur lequel on peut agir, soit en
modifiant les habitudes de vie, soit par
un traitement médicamenteux ou chi-
rurgical. Dans ce cadre, l’avancée la
plus récente concerne la responsabi-
lité possible d’un reflux gastro-
œsophagien, le plus souvent sans
aucun signe digestif d’appel.
Cette surinfection de l’oreille
moyenne se fait à partir des propres
germes de l’enfant présents dans son
rhinopharynx et remontant vers la
caisse du tympan par la trompe
d’Eustache. L’oreille moyenne est un
milieu normalement stérile et les cavi-
tés de l’oreille moyenne remplies
d’air. L’oreille moyenne se défend
contre les bactéries remontant du
rhinopharynx grâce à un ensemble de
moyens de défense non spécifiques
comme la clearance mucociliaire et
des moyens de défense spécifiques
avec en particulier une immunité hu-
morale mais aussi locale. L’immunité
peut être favorisée par des vaccins
antibactériens, mais aussi antiviraux.
doi: 10.1684/mtp.2007.0108
mt pédiatrie, vol. 10, n° 3, mai-juin 2007 147
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