Éditorial Éditorial Martine François Service ORL, hôpital Robert Debré, Paris doi: 10.1684/mtp.2007.0108 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. L’ otite moyenne aiguë est une des infections les plus courantes chez l’enfant de 6 mois à 5 ans, avec un pic de fréquence entre 12 et 24 mois. Nous parlons ici des otites aiguës avec épanchement rétrotympanique, ce qui exclut tant les otites congestives (sans épanchement rétrotympanique) que les otites séreuses, encore appelées otites séromuqueuses, qui comportent un épanchement retrotympanique mais dont l’évolution est chronique puisqu’on ne peut parler d’otite séreuse que si l’épanchement évolue depuis plus de deux mois. Un des signes les plus évocateurs d’otite moyenne aiguë est l’otalgie, cependant celle-ci n’est pas toujours due à une pathologie de l’oreille moyenne et ne dispense pas d’une otoscopie ! L’efficacité du traitement de l’otite moyenne aiguë sur ses symptômes s’apprécie par comparaison avec son évolution spontanée qu’il est bon de rappeler. Les otites moyennes aiguës sont probablement pour une grande part virales au début, mais au moment du diagnostic il y a une surinfection bactérienne. Les germes les plus fréquemment retrouvés dans les prélèvements d’otite moyenne aiguë sont, comme il y a vingt ans, Hæmophilus influenzae, Streptococcus pneumoniae et Moraxella catarrhalis. Ce qui a changé, ce sont les fréquences relatives de ces germes et surtout leur profil de résistance aux antibiotiques disponibles sur le marché. Certains critères cliniques peuvent orienter vers un germe plutôt que vers un autre. C’est ainsi que l’association d’une conjonctivite purulente à une otite moyenne aiguë évoque la responsabilité d’un Hæmophilus influenzae. L’infection de l’oreille moyenne étant bactérienne, il est logique de mt pédiatrie, vol. 10, n° 3, mai-juin 2007 proposer une antibiothérapie. L’antibiotique prescrit doit l’être en fonction des données épidémiologiques les plus récentes. Mais il apparaît que l’antibiothérapie n’est pas nécessaire dans tous les cas. Les systèmes de défense de l’oreille moyenne peuvent suffire à enrayer l’infection. Des études récentes ont tenté de cerner dans quel groupe d’enfants l’antibiothérapie n’est pas nécessaire de première intention. Le problème de l’otite moyenne aiguë ne se résume pas au traitement d’un épisode donné. Certains enfants font beaucoup plus d’otites que d’autres. Pour espacer les épisodes, il est utile de faire quelques examens à la recherche d’un facteur favorisant sur lequel on peut agir, soit en modifiant les habitudes de vie, soit par un traitement médicamenteux ou chirurgical. Dans ce cadre, l’avancée la plus récente concerne la responsabilité possible d’un reflux gastroœsophagien, le plus souvent sans aucun signe digestif d’appel. Cette surinfection de l’oreille moyenne se fait à partir des propres germes de l’enfant présents dans son rhinopharynx et remontant vers la caisse du tympan par la trompe d’Eustache. L’oreille moyenne est un milieu normalement stérile et les cavités de l’oreille moyenne remplies d’air. L’oreille moyenne se défend contre les bactéries remontant du rhinopharynx grâce à un ensemble de moyens de défense non spécifiques comme la clearance mucociliaire et des moyens de défense spécifiques avec en particulier une immunité humorale mais aussi locale. L’immunité peut être favorisée par des vaccins antibactériens, mais aussi antiviraux. 147