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spécial _ science et pratique I
CAD/CAM
1_2014
qu’ils sont démunis de protéines
autologues. C’est ainsi que des
cas de lésions intra-osseuses
critiques, c’est-à-dire de lésions
nécessitant un traitement spé -
cifique pour reconstruire le
contour original, ont mené au
développement progressif d’une
philosophie de traitement plus
moderne. Ce nouveau concept
vise à éviter les greffes auto-
logues et à préférer l’utilisa-
tion de matériaux permettant
d’épargner l’os, combinés aux
propres cellules souches du patient. Par conséquent,
contrairement à la traditionnelle greffe osseuse (ac-
compagnée de tous ses problèmes inhérents), cette
nouvelle méthode associant cellules souches et ma-
tières minéralisées, fait intervenir une greffe viable qui
contient les propres cellules du patient, sans la nécessité
d’un prélèvement chirurgical osseux.
Jusqu’à récemment, aucune étude n’avait encore
comparé les différentes méthodes, permettant l’utilisa-
tion de cellules souches de moelle pour la reconstruc-
tion osseuse. Dans les paragraphes qui suivent, je réca-
pitule une étude menée par notre équipe de recherche.
Des lapins, chez qui des lésions intra-osseuses critiques
ont été induites, ont été traités par chacun des quatre
principaux protocoles généralement utilisés pour la
thérapie par cellules souches, afin de comparer leur
efficacité en termes de consolidation osseuse1:
_moelle osseuse fraîche (sans aucun traitement préa-
lable) ;
_concentré de cellules souches de moelle osseuse ;
_culture de cellules souches de moelle osseuse ; et
_
culture de cellules souches de tissu adipeux (Figs. 6 et 7).
Un cinquième groupe d’animaux n’a reçu aucune
thérapie cellulaire (groupe témoin). Les meilleurs résul-
tats de régénération osseuse ont été observés dans les
groupes traités par un concentré de cellules souches
de moelle et une culture de cellules souches de moelle,
tandis que le groupe témoin a présenté les plus mauvais
résultats. En conséquence, il a été conclu que l’efficacité
des cellules souches de moelle était supérieure à celle
des cellules souches dérivées des tissus adipeux pour
la reconstruction osseuse, et qu’un protocole faisant
intervenir un simple concentré de cellules souches
(qui nécessite quelques heures seulement) permettait
d’obtenir des résultats identiques à ceux des procédés
de culture cellulaire complexes (qui durent en moyenne
trois à quatre semaines ; Figs. 8a et b)._
Des études similaires réalisées chez l’homme ont
corroboré le résultat, en démontrant une amélioration
de la réparation de lésions intra-osseuses causées par
un traumatisme, des extractions dentaires ou des
tumeurs par les cellules souches de moelle. Les images
histologiques présentées dans cet article illustrent le
potentiel des matériaux d’épargne osseuse, associés aux
cellules souches pour la reconstruction osseuse (Fig. 9).
Il est clair que le taux de tissu minéralisé est consi -
dérablement plus élevé dans les zones où les cellules
souches ont été utilisées (Figs. 10a et b).
De toute évidence, bien que les techniques faisant
intervenir les cellules souches de moelle pour la recons-
truction osseuse soient très proches d’un usage en rou-
tine clinique, une extrême prudence s’impose avant de
préconiser cette solution. Cette technique requiert une
équipe de chirurgiens et de laborantins dûment formée,
ainsi que la disponibilité des ressources nécessaires (Figs.
11 a–h, les photos ont été prises pendant la ma nipulation
de cellules souches de moelle, au laboratoire de la faculté
d’odontologie de Sâo Leopoldo Mandic au Brésil)._
Note de la rédaction : une liste complète des références
est disponible auprès de l’éditeur. Cet article est paru dans
la version anglaise de CAD/CAM, numéro 2/2013.
Fig. 11g_Le culot contenant
les cellules mononuclées
de moelle osseuse,
après la seconde centrifugation.
Fig. 11h_Greffon osseux d’origine
bovine combiné avec
un concentré de cellules souches
de moelle osseuse.
Toutes les images ont été reproduites
avec l’autorisation de células
Tronco Implantodontia.2
Dr André Antonio Pelegrine est
un chirurgien-dentiste spécialisé
en parodontologie et implantologie
(Conselho Federal de Odontologia
– Brésil). Il est titulaire d’une
maîtrise ès sciences (MSc) en
implantologie (UNISA), et d’un
doctorat (PhD) en médecine clinique
(université de Campinas). Il a terminé une recherche
postdoctorale en chirurgie de transplantation (université
fédérale de Sâo Paulo). Il est chargé d’enseignement,
associé à la section implantologie à la faculté d’odontologie
de Sâo Leopoldo Mandic, et coordinateur de l’équipe
dentaire d’implantologie prothétique sous périostée,
à l’université de Campinas au Brésil. Il est possible de le
CAD/CAM
_l’auteur
Fig. 11hFig. 11g