Sémiologie élémentaire de Sémiologie élémentaire de l`examen EMG

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Sémiologie élémentaire de
l’examen EMG
Emmanuel Fournier
Département de Neurophysiologie clinique
Hôpital La Salpêtrière
Techniques de « détection »
ou « Examen
E
EMG » proprementt dit
• Pas de stimulation électrique
• Enregistrement simple
− par une électrode-aiguille
− de l’activité
l activité électrique naturelle d’une
d une petite
région musculaire autour de l’aiguille
– vise à étudier l’organisation fonctionnelle des unités
motrices dans la région du muscle enregistrée
– et à préciser le mécanisme d’atteinte
Principe de l’examen EMG
• Enregistrement des activités électriques du muscle
– Étude des fonctions électriques du muscle
à ll’origine
origine des propriétés mécaniques
– Diagnostic des pathologies par des anomalies de fonctionnement
électrique (dysfonctions électriques)
• L’EMG n’étudie pas :
–
–
–
–
Les fonctions mécaniques du muscle (clinique,
(clinique testing…)
testing )
Les anomalies morphologiques (microscope, anapath…)
Les anomalies biochimiques
Les anomalies génétiques
• Un point de vue fonctionnel particulier sur les pathologies
Matériel et principes techniques
Types dd’aiguilles
aiguilles
bi l i monofilaire
bipolaire
fil i
bipolaire
bi
l i monofilaire
fil i
« fibre unique »
monopolaire
bipolaire bifilaire
Calibre d’aiguilles
d aiguilles
Calibre de
l’aiguille
Volume
Nombre de Nombre de
d’enreg.
PUMs
FM/UM
(diamètre)
0 3 mm
0,3
0 6 mm
0,6
12 à 20
< 15
0,46
, mm
1 mm
20 à 30
< 35
Décomposition des sensations
d’ i ill
d’aiguille
• Traversée de la peau : sensation de piqûre inévitable
–
–
–
•
Liée au calibre +++ :
• douloureuse avec grosse aiguille
• à peine perceptible avec aiguille fine
Affûtage du biseau
I
Impact
dde l’
l’aiguille
i ill sur la
l peau plus
l que le
l percement en lui-même
l i ê
Présence de ll’aiguille
aiguille dans le muscle : en principe imperceptible , sauf :
– Piqûre de la région des plaques motrices au centre du muscle, ou au contraire
dans un tendon à l’extrémité du muscle
– Piqûre
Pi û d’un
d’ « point
i sensible
ibl » : déplacer
dé l
l’
l’aiguille
i ill de
d 1 mm
– Lors de la contraction musculaire : raccourcissement des fibres, mouvement de
bascule de l’aiguille
Piquer sans faire mal
•
Aiguille 0,3 mm plutôt que 0,46 mm
•
Passage de la peau
– Se poser sur la peau, éviter de percuter
– Éviter
É
la région des plaques motrices,
des insertions tendineuses…
– Piquer en oblique de bas en haut
– éventuellement anesthésie locale :
pommade Emla
– voire Kalinox
•
Maintien du muscle en conditions
i
isométriques
ét i
pendant
d t la
l contraction
t ti
EMG d’un muscle normal
Unités motrices
• Unité motrice (UM)
– Ensemble constitué par un motoneurone,
motoneurone sa
fibre nerveuse et toutes les fibres musculaires
(FM) qu’il innerve
– Unité anatomique donc, mais aussi fonctionnelle
= un élément
élé
t mis
i en jeu
j en bloc,
bl sans
fractionnement possible
= le quantum de force que peut développer un
muscle
MN α
• Taille des unités motrices
– Liée à la précision des mouvements dans
lesquels est impliqué le muscle
– Muscles oculomoteurs : 10 à 20 FM/UM
– Muscles des mains : 100 à 200 FM/UM
((mvts fins,, précis,
p
, gradués)
g
)
– Ext des MInf : 1000 à 2000 FM/UM
(mvts puissants, peu graduables)
• Chevauchement du territoire des UM
5 à 10 mm
– Fibres de 15 à 30 UM dans un cm2
EMG normal - 1.
1 Repos
•
Repos
p du motoneurone =
repos des fibres musculaires
•
Normal :
pas d’activité EMG de repos
Activités d’insertion - Potentiels de plaque
Activité d’insertion
Potentiels de plaque
Contraction volontaire
• Distinction PFM
PFM-PUM
PUM
– PFM : potentiel de fibre musculaire
– PUM : potentiel d’unité
d unité motrice
• Les UM ont des FM hors volume
d’enregistrement de l’aiguille
EMG normal - 2.
2 Contraction faible
• Tracé
cé simple
s pe
– un potentiel d’unité motrice
– battant à faible fréquence
14 Hz
• Mesure du PUM
– amplitude (mV)
– durée (ms)
– forme
0,5 à
1,5
mV
2 ms
Méthodes d’isolement des PUMs
• Méthodes de seuil :
– à faible force
– réglage d’une barre de seuil
– sélection par l’amplitude
– un PUM à la fois
• Analyse
A l
multi-PUMs
l i PUM :
– logiciel de reconnaissance
– plusieurs PUMs d’un
d un coup
– pas tous dans les meilleures
conditions
Positionnement de l’aiguille
3 Formes acceptables pour
3.
la mesure
1.
Analyse « en vrac »
préliminaire »
2.
Positionnement optimal de
ll’aiguille
aiguille pour les mesures
– pointe négative
– amplitude maximale
– pente
t de
d montée
té raide
id
– son sec, le plus aigu
Principaux
p
pparamètres mesurés
– 0,5 à 1,5 mV
– si l’aiguille
l aiguille est
bien placée
1,8 à 2,3 ms
Autres :
– surface
– épaisseur
– index de taille…
Durées des PUMs
et calibre des
aiguilles
Aiguille 0,45
0 45 mm
0,3
, mm
12 à 20 PUM/tracé
10 à 15 FM/PUM
2 à 4 FM/pointe
Durée
totale
Durée de
pointe
10 5 ms
10,5
4 2 ms
4,2
6 ms
2,0 ms
0,46 mm
0,3 mm
[[1,8
, –2,3
, ms]]
EMG normal - 3.
3 Contraction forte
• Recrutement temporo-spatial
– accélération des PUMs
– nouveaux PUMs
• Tracé
T é interférentiel
i t fé ti l
Pourquoi accélérer la décharge augmente la force ?
• Sommation des secousses mécaniques
• Phénomène de tétanisation
Atteintes neuropathiques
Atteintes neuropathiques - 1. Repos
•
Fibrillation : potentiels de fibre musculaire
– fib
fibres musculaires
l i coupées
é de
d leur
l
innervation
i
i
– dépolarisation, insertion de canaux Na+
– dans les atteintes aiguës (trauma...) après un délai
et pendant environ deux ans
• Pointes positives ou
Potentiels lents de dénervation (PLD)
Cotation de la fibrillation
Fib ill ti + (provoquée)
Fibrillation
(
é )
Fibrillation ++ (spontanée)
Fib ill ti +++ (très
Fibrillation
(t è abondante)
b d t )
Salves pseudo-myotoniques
Dans les atteintes chroniques :
- Amplitude et fréquence constantes
- Début et fin brusques
- Véritable activité rythmique « pacemaker »
Fasciculations
Potentiels d’unité motrice spontanés :
- Amplitude d’un PUM (supérieure à celle
d’un potentiel de fibrillation)
- Visible si UM en surface du muscle
- N’est pas un signe de dénervation
- Hyperexcitabilité axonale
- Origine proximale (radiculaire) ou distale
Atteintes neuropathiques
2. Contraction volontaire
• Tracé « neurogène »
– pauvre simple accéléré
– manque d’unités motrices
fonctionnelles
– avec accélération compensatoire
• Limite
– On peut accélérer un PUM seul
jusqu’à 20 Hz (50 ms d’écart)
– Au-delà (> 20 Hz) : il est anormal de
n’avoir
n
avoir qu
qu’un
un PUM
Atteintes neuropathiques
Degré d’atteinte
Max. : p
pas d’activité volontaire
Pauvre simple accéléré
Pauvre intermédiaire accéléré
Interférentiel
Atteintes neuropathiques
Signification d’un tracé pauvre
Tracéé pauvre = manque
T
d’unités motrices
f
fonctionnelles
Dégénérescence axonale
(+/- fibrillation et réduction
d’amplitude des réponses motrices
en stimulo-détection)
Bloc de conduction
+/- blocs en stimulo-détection
Atteintes neuropathiques - 3. Analyse des PUMs
Récupération par réinnervation collatérale
Potentiels polyphasiques
Grands potentiels > 5 mV
Potentiels géants > 10 mV
• Augmentation de taille des PUMs
– amplitude et durée
– augmentation du nombre de fibres
musculaires par unité motrice
– parfois sans amyotrophie ni réduction
d’amplitude des réponses motrices…
13 mV
3 8 ms
3,8
Récupération par
repousse axonale
Potentiels naissants
puis polyphasiques
Atteintes myopathiques
Atteintes myopathiques - 1. Repos
• Fibrillation
– potentiels de fibre musculaire
– dans les atteintes aiguës ou évolutives
– myosites, rhabdomyolyse…
Autres activités de repos
•
Salves myotoniques
– Échappement à la loi du tout ou rien
– dysfonction des canaux ioniques
membranaires
spontanées
provoquées
•
Salves pseudo-myotoniques
– fibrillation rythmique
– dans
d
l atteintes
les
i
chroniques
h i
Atteintes myopathiques
2. Contraction volontaire
• Tracé « myogène »
– microvolté
– trop riche pour la force
(compensatoire du désordre initial)
– conséquence indirecte du manque
de fibres fonctionnelles
Atteintes myopathiques – 3. Analyse des PUMs
• Réduction de taille des PUMs
– durée (et amplitude)
– manque de fibres musculaires
fonctionnelles par unité motrice
0,8
à
1,2 ms
Potentiels polyphasiques dans les syndromes
myopathiques
mais
i potentiels
i l élémentaires
élé
i
tous de durée réduite
Donc :
• Pourquoi une analyse systématique des PUMs ?
– Nécessaire à l’interprétation visuelle des tracés EMG
– Objectivation des impressions auditives par un support visuel
– Permet une interprétation en termes physiopathologiques
• Comment, en pratique ?
–
–
–
–
Combien de PUMs/muscle ? 3 à 4 « choisis »
Que mesurer ? Amplitude, durée de pointe
Mais analyse souvent plus qualitative plus que quantitative
À compléter par le reste de l’examen (polysémie des anomalies)
Intérêt de l’analyse
y des PUMs ?
L’aspect global du tracé ne
permet pas de prédire l’état
d PUMs
des
PUM
Complémentarité
p
des ppoints de vue
Myosite à inclusions
Fléchisseur radial du carpe
Interprétations techniques et
pathologiques des tracés pauvres
Tracés p
pauvres,, ggrands p
potentiels
Interprétations techniques (faux-positifs)
• Aiguille mal placée
– dans
d
l tendon
le
t d
– trop superficielle
• Potentiels positifs des gros muscles
• Muscles de la face
• Effort sous-maximal
– manque de participation
– atteinte centrale
Tracés pseudo-neurogènes
p
g
Mauvais positionnement d’aiguille
dans le tendon
trop superficielle
repositionnement
p
Tracés pseudo-neurogènes
p
g
Grands potentiels des gros muscles
Quadriceps : éphapses ?
déplacement de l’aiguille
Tracés pseudo-neurogènes
p
g
Muscles de la face
« tirer sur les coins de la bouche »
« serrer les
l lèvres
lè
»
Tracés pseudo-neurogènes
p
g
Manque de participation ou atteinte centrale
Paralysie hystérique
Atteinte centrale
après AVC
= Tracés pauvres
sans accélération
Tracés pauvres
p
Interprétations pathologiques
•
Réduction
Réd
i
d
du
nombre
b
d
de
fib
fibres
nerveuses fonctionnelles par atteinte
neuropathique
– Atteinte axonale
– Bloc de conduction
•
Réduction du nombre d’unités motrices
fonctionnelles par atteinte myopathique sévère
– destruction d’unités motrices entières
Tracés pauvres dans les myopathies
« neurogènes »
Manque d’unités motrices fonctionnelles
• Par dysfonction d’unités motrices entières
• Mais réduction de durée des PUM restants
– manque
q primitif
p
de FM fonctionnelles
– avec parfois amplitude augmentée…
Analyser les PUMs restants avant d’interpréter un tracé pauvre
Interprétations techniques et
pathologiques des tracés trop riches
Tracés pseudo-myogènes
p
y g
Mauvais positionnement d’aiguille
repositionnement
p
Potentiels brefs
f non pathologiques
p
gq
2,9 ms
• Aiguille mal placée
1,1 ms
PUMs brefs
f dans les réinnervations
Tracés trop riches, microvoltés, « myogènes »
Interprétations pathologiques
Manque de fibres musculaires fonctionnelles par unité motrice
Myopathies
Syndromes
myasthéniques
Atteintes
neuropathiques
avec blocage des
terminaisons
nerveuses
distales
PUMs brefs
f dans les syndromes
y
myasthéniques
y
q
Étudier la transmission neuromusculaire
PUMs brefs
f dans les syndromes
y
neuropathiques
p
q
GBS, PRN, SLA…
• EMG dde muscles
l plus
l altérés
lé é
• Étudier la conduction nerveuse
Conclusions
• Revoir le vocabulaire et et les raisonnements
– « manque d’unités motrices fonctionnelles »
– « manque de fibres musculaires fonctionnelles »
– Plutôt que « neurogènes »,
» « myogènes » qui bloquent la
compréhension des cas difficiles
• Aucune anomalie EMG n’est pathognomonique
– Nécessité de rapprocher les signes électrophysiologiques
– C
Constituer
i
des
d tableaux
bl
et les
l rapprocher
h des
d syndromes
d
connus
• Rigueur technique et d’interprétation
Activités de repos anormales
Principales activités EMG spontanées
d’ i i musculaire
d’origine
l i (faites
(f it de
d potentiels
t ti l de
d fibre
fib musculaire)
l i )
Fibrillation et ondes positives
Salve pseudo-myotonique
pseudo myotonique
Salve myotonique
Classification des activités de repos
anormales
Potentiels de fibre musculaire
Potentiels d’unité motrice
(ou de fragment d’unité motrice)
Indépendants
Fibrillation
Pointes positives
Fasciculations
Décharges
répétitives
Salves pseudo-myotoniques
Décharges répétitives complexes
Salves myotoniques
Doublets, triplets, multiplets
Décharges myokymiques
Salves neuromyotoniques
Activité d’unité motrice continue
Crampes
Déclenchement
écle c e e t ou renforcement
e fo ce e t des
activités d’origine musculaire par le
déplacement de l’aiguille ou la percussion
Principales activités EMG spontanées
d’ i i axonale
d’origine
l (faites
(f it de
d potentiels
t ti l d’unité
d’ ité motrice)
ti )
Fasciculations
Bouffée myokymique
Activité d’unité motrice continue
Salve neuromyotonique
Crampe (avec un potentiel de fasciculation)
Multiplets
L’idéal
L
idéal : une ligne de base aussi fine et aussi plate que possible…
possible
Artefacts…
Artefacts discrets pseudo-neurophysiologiques
Électricité statique
Pacemaker
Artefacts de câbles
Artefacts périodiques
Radio FM
Stimulation cérébrale
Artefact de secteur
sinusoïdale à 50 Hz : période (temps entre les portions répétitives des
ondes)
d ) : en principe
i i 20 ms (1/50e
(1/50 de
d seconde),
d ) soit
it 5 pics
i en 100 ms
distorsions et
variantes…
variantes
Origines
g
de l’artefact
f de secteur
•
Fuites provenant de l’appareil d’EMG
– fuites de courant alternatif à partir du transformateur d’alimentation
– gêne pour l’enregistrement + risque d’électrocution pour le patient
– normes en principe très strictes (et systèmes dd’isolation)
isolation) pour réduire ces fuites
•
Fuites à partir des appareils électriques en contact avec le patient
– lit élévateur électrique, seringue électrique
– patient : chemin par lequel les courants de fuite peuvent s’écouler à la terre
•
Champs électriques de voisinage
– appareils électriques à distance du patient,
patient fils électriques dans les murs mêmes
de la pièce d’examen : créent un champ électrique de 50 Hz
L bruit
Le
b it dde secteur
t
s’introduit
’i t d it dans
d
le
l système
tè d’enregistrement
d’
it
t :
– par les petites capacitances entre le patient ou les fils d’électrodes et la terre
(couplage capacitif)
– par les boucles que forment les fils d’électrodes, selon un effet d’induction
(couplage électromagnétique).
Lutte contre ll’artefact
artefact de secteur
• Traitement des sources de secteur
–
–
–
•
Débrancher
Déb
h (pas
(
seulement
l
t éteindre)
ét i d ) les
l appareils
il électriques
él t i
de
d
voisinage (lit élévateur, seringue électrique, ventilateurs,
chauffages…)
Él i
Éloigner
l’appareil
l’
il EMG du
d patient
ti t
Vérifier l’appareil lui-même
Traitement symptomatique du secteur
Traitement symptomatique
y p
q du secteur
– Mise à la terre du patient
• Vérifier la chaîne de terre
(en la débranchant)
• Chercher les défauts de contact
ou de branchement
– Diminuer les voies dd’entrée
entrée du secteur ((= les phénomènes de couplage
électromagnétique ou capacitif)
• Dénouer les fils d'électrodes, supprimer les boucles et les croisements
• Utiliser
Utili des
d fils
fil d'électrodes
d'él t d courts
t ou des
d fils
fil réunis
é i dans
d
un câble
âbl blindé
bli dé
Pour en savoir plus…
3e éd. 2013 :
Vol. 1
Vol. 2
Vol. 3
Vol. 4
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