Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2001 - vol.25 - n°6 343
G. Jerusalem
Pour obtenir des renseignements
complémentaires concernant ces dif-
férents aspects, nous référons le lec-
teur à l’article de Young et coll. pu-
blié dans l’European Journal of Can-
cer [4].
Chimiothérapie néoadjuvante
(première)
ðLa réponse à la chimiothérapie
néoadjuvante en imagerie conven-
tionnelle est un facteur pronostique
important. Le taux de survie à 5 ans
est presque de 90 % pour les patien-
tes qui présentent une réponse pa-
thologique complète [5]. Une mé-
thode d’imagerie qui permet d’iden-
tifier rapidement les patientes qui
vont présenter une réponse complète
est indispensable pour décider de
poursuivre un traitement efficace ou
pour adapter ce traitement si la pro-
babilité d’obtenir un résultat satisfai-
sant est faible. Malheureusement,
l’imagerie conventionnelle (mammo-
graphie, résonance magnétique nu-
cléaire, échographie) n’identifie que
tardivement les répondeurs et ne
peut faire la différence entre une
masse cicatricielle et tumorale.
Wahl et coll. [6] ont étudié par TEP 11
patientes traitées par hormono- et
chimiothérapie néoadjuvantes, au dia-
gnostic et après 1, 2 et 3 cycles théra-
peutiques. Une diminution rapide et
significative du métabolisme glucidi-
que intratumoral a été mise en évi-
dence chez les patientes répondant
au traitement. La fixation relative du
18F-FDG (SUV) était diminuée à 68 %
et à 52 % des valeurs de base après 1
cycle et après 3 cycles thérapeutiques
respectivement. La réduction du mé-
tabolisme tumoral précédait la régres-
sion clinique et radiologique du vo-
lume tumoral. Les 3 patientes réfrac-
taires à la chimiothérapie ont été iden-
tifiées plus rapidement par la TEP que
par l’imagerie conventionnelle.
Aucune modification significative du
SUV n’a été observée chez les non-
répondantes. Des résultats similaires
ont été obtenus par Jansson et coll.
[7] et Bassa et coll. [8]. Jansson et coll.
[7] ont étudié 16 patientes, 6 à 13 jours
après la première cure de chimiothé-
rapie. Une diminution significative de
la fixation du radiotraceur est obser-
vée chez 8 des 12 répondantes.
L’étude de Bassa et coll. [8] a inclus
13 patientes recevant une chimiothé-
rapie préopératoire. Une réduction de
la fixation du 18F-FDG au niveau tu-
moral est observée chez les patien-
tes qui répondent à mi-traitement. Il
existe une bonne corrélation entre le
résultat de la TEP et la réponse patho-
logique. Récemment, deux études
importantes ont été publiées incluant
un plus grand nombre de patientes.
Schelling et coll. [9] ont étudié par
TEP 22 patientes. La fixation du 18F-
FDG (SUV) après 1 cycle et 2 cycles
de chimiothérapie a été comparée à
la valeur de base au diagnostic. Une
différence significative dans la dimi-
nution de la fixation du 18F-FDG est
observée entre les répondantes et les
non-répondantes dès la première
cure de chimiothérapie. Une diminu-
tion du SUV en dessous de 55 % de
la valeur de base après une cure de
chimiothérapie permet d’identifier
correctement, avec une sensibilité de
100% et une spécificité de 85 %, les
répondantes. Smith et coll. [10] ont
inclus dans leur étude 30 patientes
avec un cancer du sein non inflam-
matoire >3 cm ou localement avancé.
Les patientes ont reçu 8 cures de chi-
miothérapie. La TEP est réalisée avant
le premier, le deuxième et le cin-
quième cycle ainsi qu’après le der-
nier cycle de chimiothérapie. La ré-
duction du SUV après un cycle de
chimiothérapie est significativement
plus importante pour les patientes qui
vont présenter une réponse partielle
(p=0.013), une réponse macroscopi-
quement complète (p=0.003) ou
microscopiquement complète
(p=0.001) par rapport aux non-répon-
dantes. La TEP est capable de prévoir
après une cure, avec une sensibilité
de 90 % et une spécificité de 74 %, la
survenue ultérieure d’une réponse
pathologique complète.
Cancer du sein métastatique –
chimiothérapie palliative
ðMalheureusement, le cancer du sein
au stade métastatique est habituelle-
ment une maladie incurable. Le but
de la chimiothérapie palliative est de
prolonger la survie et surtout d’amé-
liorer la qualité de vie. Dans ce con-
texte, il est particulièrement impor-
tant de pouvoir déterminer rapide-
ment l’efficacité du traitement afin
d’éviter d’exposer les patientes aux
effets toxiques d’un traitement inef-
ficace. Un changement thérapeutique
peut ainsi être envisagé. Inversement,
les patientes présentant une évolution
favorable doivent poursuivre le
même traitement.
Depuis mars 1999, nous avons étudié
21 patientes souffrant d’un cancer du
sein métastatique. Une TEP a été réa-
lisée au diagnostic, après 1 cycle, après
3 cycles et après 6 cycles de chimio-
thérapie [11]. La réponse métabolique
a été déterminée selon les recomman-
dations de l’EORTC pour l’étude
semi-quantitative de la fixation du 18F-
FDG (SUV). Quinze patientes ont reçu
au moins 6 cycles de chimiothérapie,
2 patientes sont décédées précoce-
ment du cancer, 1 patiente a arrêté le
traitement après 4 cycles à cause de
la neurotoxicité et 3 patientes sont
toujours sous traitement. La majorité
des patientes (n=18) ont été traitées
par chimiothérapie à base de taxanes
(prétraitement par anthracyclines), les
autres ont reçu des anthracyclines.
Une patiente a été exclue de l’étude
parce que ses métastases ne fixaient
pas le 18F-FDG. Sur base de la TEP
après un cycle, 7 patientes présentent
une réponse partielle, 10 patientes ont
une maladie stable et 3 patientes sont
en progression tumorale. Deux pa-
tientes qui ne montrent aucune mo-
dification du métabolisme tumoral
sur base de la TEP meurent précoce-
ment du cancer. Toutes les autres, y
compris celles avec maladie métabo-
lique progressive, vont présenter une
réponse clinique subjective (amélio-
ration des symptômes cliniques) ou
objective (marqueurs tumoraux, ima-
gerie conventionnelle) indépendam-
ment de la TEP. Après 3 cycles de chi-
miothérapie, la TEP indique 2 répon-
ses complètes, 14 réponses partielles
et 3 maladies stables. Une des deux
patientes en réponse complète re-
chute précocement, l’autre est encore
sous traitement. Après 6 cycles de
chimiothérapie, la TEP indique 3 ré-
ponses complètes, 5 réponses partiel-
les et 6 progressions tumorales. Parmi
les 8 patientes répondantes (réponse
complète ou partielle), 4 présentent
une progression de la maladie après