Groupe de travail SANTÉ n° 3 « La démographie médicale » Le 18 avril 2013 à la CCM Etaient présents : Mrs : Yves Bouloux (Président de la CCM, Maire de Montmorillon), Raymond Gallet (Maire de Coulonges-Les Hérolles), Philippe Rose (maire d’Adriers), Joël Faugeroux (Maire d’Availles Limouzine), Jean Claude Poiron (Maire de Verrières), Jean-Patrick Robert (Chirurgien dentiste conseil à la MSA 79 – représentant du conseil de l’ordre des chirurgiens dentistes), Eric Sury (Conseil de l’ordre des médecins), Patrick Moncel (Directeur CCM/SMPM). Mmes : Régine Compain (adjointe mairie de L’Isle Jourdain, Vice-présidente du CCAS), Maire Claude Finsterlé (adjointe mairie Le Vigeant), Jeanine Noël (Ville de Montmorillon, CCM), Danielle Maytrault (Maire de Millac), Véronique Godet (Infirmière Mauprévoir), Cécile de Bideran (ARS), Sylvie Brossard (Chef de service Santé Handicap Région Poitou-Charentes), Véronique Bounaud (ORS), Anne Keller (Centre hospitalier de Montmorillon, présidente de la communauté médicale d’Etablissement), Elise Perret (responsable MAIA Nord-Vienne), Béatrice Harent (Animatrice santé SMPM), Nathalie Penin (secrétaire SMPM). Etaient excusés : Mrs : Jean Claude Cubaud (Mairie L’isle Jourdain), Arnaud Tranchant (ARS). Béatrice Harent, Animatrice Santé sur le territoire du Montmorillonnais, ouvre la séance et remercie la Communauté de Communes du Montmorillonnais d’accueillir ce groupe de travail. Elle rappelle les échéances de travail, et en particulier l’objectif d’une signature des CLS de la CCM et de la CCL pour le mois de novembre prochain. Le but de ce groupe de travail est double : une meilleure connaissance des acteurs et des structures en place sur le local (grâce au tour de table), et une réflexion active sur la thématique, par la méthode des « post-it », afin d’aboutir à l’élaboration des fiches actions du CLS suite à cette concertation. Cécile de Bideran de l’Agence Régionale de Santé (ARS) co-animera cette réunion. Yves Bouloux, président de la CCM introduit le sujet en précisant que c’est dans le secteur d’Availles Limouzine que la situation de la démographie médicale est la plus préoccupante. Il y a une insuffisance notable des médecins généralistes. Le but du groupe de travail est d’examiner, analyser, et trouver les actions à mettre en œuvre pour améliorer la situation. Selon Yves Bouloux, il y a différentes solutions, dont les stages pour les étudiants en médecine. C’est en tout cas un sujet crucial pour notre territoire. Cécile de Bideran précise qu’au niveau de l’ARS, c’est un territoire très prioritaire car en grande difficulté par rapport au niveau départemental. 47% de nos praticiens ont plus de 55 ans. Elle souligne qu’il y a une implication très forte du conseil de l’ordre des médecins sur cette problématique dans le territoire. Elle évoque le pacte territoire santé qui est à son amorce et informe que le référent à l’ARS sur ce pacte est le Dr Stéphane Bouge. Dans un premier temps, un tour de table des acteurs permet à chacun de présenter ses actions, sa structure, ses idées, souhaits ou son réseau. Jeanine Noel, conseillère municipale à Montmorillon, déléguée à la CCM, conseil de surveillance de l’Hôpital de Montmorillon. Régine Compain, adjointe au maire, et vice-présidente du CCAS de L’Isle Jourdain. A L’Isle Jourdain, il y a deux médecins généralistes habilités à recevoir des stagiaires, et il y a un projet de maison de santé. Les médecins sont âgés. Danielle Maytrault, Maire de Millac, s’interroge sur la possibilité d’une maison de convalescence à la sortie de l’hôpital. Ce projet serait à étudier avec les départements limitrophes. Philippe Rose, maire d’Adriers. A Adriers, il reste un seul médecin, qui est à 7/8 ans de la retraite, mais son cabinet n’est pas aux normes accessibilité, et il n’y a pas de travaux de prévus. Le maire est très inquiet pour l’avenir sur sa commune. Sylvie Brossard, Chef de service Santé-Handicap à la Région Poitou-Charentes, précise que la Région fait un soutien à l’investissement pour les pôles et maisons de santé, ainsi que pour les stages en médecine. Joël Faugeroux, Maire d’Availles Limouzine. Concernant le projet de Maison de Santé d’Availles Limouzine, le bâtiment sera livré en juillet. A ce jour, sont prévus un dentiste et une infirmière qui vont s’y installer. Sur Availles, il ne reste qu’un médecin âgé, qui hésite (il lui reste 2/3 ans à faire). La capacité de la maison de santé est de 2 médecins, 2 kinés, 1 dentiste, 1infirmière, plus un espace pour accueillir des permanences de spécialistes de l’hôpital e Confolens. Marie Claude Finsterle, adjointe à la mairie du Vigeant, évoque le projet de Maison d’accueil temporaire sur Le Vigeant. Raymond Gallet, Maire de Coulonges, pour le canton de La Trimouille dénonce la baisse du nombre de médecins sur le canton : 5 il y a peu de temps, 3 maintenant. Il y a sur le canton un projet de pôle de santé en cours, qui s’oriente plutôt en termes de réorganisation. Pour lui, le problème principal est l’installation des jeunes médecins, il faut leur donner envie, se dévouer pour rencontrer les médecins, et les séduire pour les faire venir. Il y a aussi selon lui un problème de communication avec les hôpitaux. Patrick Moncel, directeur général des services de la CCM répond aux propos de Raymond Gallet et évoque la discussion lors du groupe de travail de la veille au sein de la CCM, dans le cadre de la réflexion sur l’évolution des compétences de la CCM. Lors de ce groupe sur la santé et les personnes âgées, il a été évoqué longuement la problématique de « comment vendre notre territoire » en particulier lors de l’accueil des stagiaires. Il évoque également le problème de l’installation du couple, et où trouver du travail pour le conjoint. Il faudrait combattre les images préconçues sur le secteur rural. Et établir une collaboration entre la commune d’accueil et la CCM qui vendrait le territoire, mettre en place une logique de réseaux pour accueillir et vendre le territoire. Il précise que par rapport à la population des personnes âgées, il y a également un vrai problème de formation des intervenants. Elise Perret, responsable MAIA Nord-Vienne, vient pour anticiper la couverture du Sud-Vienne par un projet de MAIA, Maison d’Accueil pour l’Intégration des malades Alzheimer (le dossier est déposé auprès de l’ARS). La question qu’elle se pose est de savoir comment travailler avec les professionnels libéraux qui croisent le parcours des personnes âgées. Cécile de Bideran de l’ARS trouve que les sujets évoqués pour le moment font voir la réalité du terrain. Cependant, on ne pourra pas avoir des médecins dans toutes les communes. Il faut donc avoir une vision cohérente, une organisation importante en pôles de santé pour arriver à une meilleure couverture médicale. Jean Claude Poiron, Maire de Verrières, ancien médecin. Monsieur Poiron fait part de l’expérience réussie de Verrières. Il a fait partie des personnes à l’origine de la création du pôle médical en 1998. A l’époque, la commune regroupait 2 vétérinaires, 2 médecins, 2 infirmiers pratiquant dans un garage, 1 kiné, et 1 dentiste qui venait une journée par semaine. Il précise qu’il a fallu beaucoup de démarchage et de conviction pour mettre en place ce concept, à l’époque. Mais avec un recul de 15 ans, cela fonctionne, puisque le pôle regroupe aujourd’hui 5 vétérinaires, 2 dentistes en temps plein, 2 médecins, 3 infirmières… et qu’une pharmacie neuve s’est construite tout prêt avec 2 diplômés en pharmacie. Reste cependant à ce jour la problématique du kiné qui est malade et non encore remplacé. Monsieur Poiron précise que le pôle de santé de Verrières est totalement autofinancé par les professionnels, il ne bénéficie pas d’aides. Il ne faut pas non plus négliger l’importance des emplois supplémentaires créés (assistants, secrétariat, etc…) Véronique Bounaud, de l’ORS, précise qu’elle est ici pour enrichir le diagnostic santé en cours sur le territoire, qui sera terminé en juin. L’objectif d’un diagnostic santé en général est de déterminer les axes prioritaires, mais le Montmorillonnais est un cas particulier puisque les axes sont déjà déterminés. Elle évoque la création prochaine d’un tableau de bord des diagnostics santé, avec les constats qui seront mis à jour annuellement Anne Keller, praticienne à l’Hôpital de Montmorillon et présidente de la communauté médicale d’établissement. Elle alerte sur le fait que l’hôpital ne fonctionne que par les praticiens qui adressent les patients à l’hôpital, et que sans médecins, l’hôpital ne vit pas. Le centre hospitalier de Montmorillon élabore un projet d’établissement pour les cinq ans à venir. L’hôpital envisage la création de postes d’internes en médecine générale (2 postes à partir d’octobre) afin de mieux leur faire connaitre la structure hospitalière, mais aussi le travail avec les médecins libéraux. Mais « Montmorillon, c’est loin ». Mme KELLER estime qu’il est important d’avoir une bonne communication. Il pourrait être envisagé une plaquette pour diffuser l’information auprès des médecins et des maires, des services que propose l’hôpital de Montmorillon. Le problème de démographie médicale se pose aussi à l’hôpital. Montmorillon est depuis un an en direction commune avec le CHU de Poitiers. L’un des objectifs est de faire venir de jeunes médecins, mais Mme Keller précise que bien souvent les jeunes médecins cherchent plutôt à faire carrière en hôpital de ville (que de campagne). Eric Sury, représentant du conseil de l’ordre des médecins, président de la conférence de territoire, maitre de stage à l’université de médecine de Poitiers. Au sein du conseil de l’ordre, le Dr Sury suit les maisons de santé. Il estime qu’il est primordial d’avoir avant tout un projet, et la volonté de travailler ensemble, avant de monter le bâtiment. La profession de médecin évolue, 60 % des étudiants sont des femmes. Plus de 50% des médecins partent en hôpital, moins de la moitié exercent donc la médecine libérale. De plus, beaucoup d’étudiants sont d’origine urbaine, et ont donc tendance à retourner vers un poste urbain. Le nombre d’étudiants a été augmenté de 80 à 120 par promotion. Il y a une forte carence en maîtres de stage. Jean Patrick Robert, Chirurgien dentiste conseil à la MSA, et représentant du conseil de l’ordre des chirurgiens dentistes. Il évoque une grosse problématique rencontrée dans sa profession, l’afflux de praticiens étrangers (en particuliers roumains) et le départ des praticiens français. Ceci peut s’expliquer par l’internationalité des diplômes dans la zone européenne, mais pose un véritable problème de communication avec les patients, du fait de la barrière de la langue. Son expérience à Niort lui a démontré que les bonnes relations entre praticiens libéraux et hôpital sont faisables, mais également indispensables. Véronique Godet, infirmière à Mauprévoir, est très inquiète au niveau de l’âge des praticiens. Elle évoque les changements intervenus dans la façon de travailler. Il y a 20 ans, on installait son cabinet à son domicile, ce qui permettait un confort de vie. Aujourd’hui apparait un besoin de se regrouper, et une forte hausse des taches administratives (par exemple, pour la télétransmission). Une grosse partie de la population est très âgée et nécessite des connaissances en gérontologie. Sur Mauprévoir, elle travaille beaucoup avec les hôpitaux de Confolens et Ruffec très proches géographiquement. Elle précise que le médecin de Mauprévoir est très réfractaire au principe de prendre des stagiaires et prêt à le faire uniquement si cela lui permet d’assurer sa succession. Elle relève la difficulté de bien faire accepter les stagiaires par les patients en milieu rural. Le Docteur Sury lui répond que c’est souvent une problématique d’organisation du travail, et qu’à chaque fois qu’il a été confronté à ce sujet, il n’y avait pas de soucis, à partir du moment où on ne discute pas du patient en sa présence, mais en dehors. Quelquefois même s’instaure une relation privilégiée entre le patient et l’interne (plus accessible dans l’esprit du patient, que le médecin). Les avantages pour le médecin sont nombreux : cela apporte au praticien le fait de ne pas être seul, et d’avoir une vision différente des choses, mais aussi, les deux apprennent, et l’interne peut remplacer le médecin en cas de surbooking. Il ne faut pas sous-estimer le risque de « burn out » des médecins. Jeanine Noel revient sur le sujet de la communication et informe que Mr Bouloux souhaite que le sujet soit évoqué lors du prochain conseil de surveillance de l’hôpital. Cécile de Bideran revient sur la réaction du patient à la présence de stagiaires, et dit que la CPAM propose que des courriers d’information soient envoyés auprès de la patientèle pour positiver cette présence de stagiaires. Raymond Gallet dit qu’il faut aussi arrêter de faire peur aux jeunes médecins avec l’image des médecins de campagne qui ne prennent pas de vacances, et que le problème de garde est un faux problème. Béatrice Harent précise que depuis le début de l’année 2013, cinq médecins du territoire se sont positionnés pour faire la formation de maitres de stage et accueillir des stagiaires. Sylvie Brossard note l’intérêt des stagiaires en milieu rural, puisque dans la plupart des cas, un stage effectué ainsi permet au stagiaire de dédramatiser le travail du médecin en milieu rural. Il ressort aussi que généralement, ils le trouvent intéressant, car varié, et que cela induit un pourcentage de médecins s’installant en milieu rural plus important chez les internes y ayant effectué leur stage que sur la population globale de jeunes médecins. Elle informe également de l’existence d’une aide financière de la Région envers les stagiaires de second cycle en milieu rural, ainsi que vers leur maitre de stage. Il faut savoir que si la commune ne fait pas partie des zones répertoriées par la région pour ces aides, il existe en revanche des dérogations dans le cadre de projet de maison de santé ou de pôle de santé. La participation active : la méthode des « postpost-it » (voir le récapitulatif exhaustif en document joint). Eléments de débat complémentaires / idées à retenir ou développer Eric Sury informe qu’en septembre a lieu un salon à la faculté de Médecine de Poitiers, et qu’il est possible pour les collectivités d’avoir un stand afin de présenter le territoire. Il se pose la question du nombre d’étudiants issus du Montmorillonnais/Lussacois en faculté de médecine. Sylvie Brossard précise que c’est une donnée difficile à avoir par les facultés, étant donné que les étudiants peuvent faire leurs études hors département, mais qu’il serait peut-être intéressant de faire une enquête à ce propos via les conseils municipaux (voir exemple en pays d’Horte et Tardoire). Actions concrètes proposées : Faire connaitre le territoire au niveau professionnel, ainsi qu’au niveau cadre de vie ; Travailler avec le conseil de l’ordre pour des réunions d’échange ; Faire un accueil personnalisé pour aider à l’installation. Patrick Moncel : travailler la personnalisation, l’accueil, le réseau. Il faut à tout prix « vendre » le principe, donc il faut y croire, et en premier lieu monter le projet de santé afin de pouvoir le promouvoir. Eric Sury : on peut communiquer avec les étudiants par le biais de leurs associations et syndicats. Sylvie Brossard : les étudiants sont prêts à se déplacer pour échanger. Attention à la concurrence entre territoires. Jean Claude Poiron : on est de toute façon dans le domaine concurrentiel, il faut convaincre. Raymond Gallet : il ne faut pas oublier aussi le problème des écoles, qui contribuent à l’attractivité du milieu. Béatrice Harent remercie les participants de leur participation très riche à cette réflexion, et les informe que leur parviendra un compte-rendu de ce groupe de travail, reprenant dans le détail, thématique par thématique, toutes les idées phares issues de la réflexion commune. Grâce à cela, les fiches actions seront pré-rédigées, et Béatrice Harent et l’ARS reviendront vers les professionnels pour valider et enrichir cette rédaction.