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CHIRURGIE THORACIQUE ET CARDIO-VASCULAIRE - 2013 ; 17(4) : 228-233 229
c h i r u rg i e t h o r a c i q u e
La grande majorité des diagnostics de cancer du poumon est
obtenue à partir de biopsies de petite taille, réalisées au cours
de procédures non chirurgicales. La petite taille des prélè-
vements et la faible quantité de tissu obtenue à partir de ces
différentes méthodes peuvent rendre difficile voire impossible
la réalisation de l’ensemble des examens anatomopatholo-
giques. La fiabilité du diagnostic peut alors être remise en
cause.
Notre étude a pour but, à partir d’une série de patients pris
en charge dans le service de chirurgie thoracique au CHU de
Nice, de comparer les diagnostics histologiques préopératoires
obtenus par des méthodes non chirurgicales aux diagnostics
définitifs anatomopathologiques de la pièce opératoire.
2. MATÉRIEL ET MÉTHODE
Notre essai était une étude clinique rétrospective et mono-
centrique. La durée d’inclusion était de 3 ans (1er janvier
2010 - 31 décembre 2012).
L’objectif de cette étude était de vérifier la concordance entre
le diagnostic histologique préopératoire et les données anato-
mopathologiques postopératoires.
Un diagnostic formel préopératoire de carcinome broncho-
pulmonaire devait donc être obtenu par méthode médicale
(fibroscopie, ponction transbronchique [TBNA], écho-endos-
copie [EBUS], ponction sous scanner). Le diagnostic définitif
était obtenu uniquement par méthode chirurgicale (résection
atypique, biopsies pleurales, segmentectomie, lobectomie,
pneumonectomie, pleuropneumonectomie, biopsies gan-
glionnaires).
Chaque patient avait un bilan carcinologique complet, com-
portant : un examen clinique, une radiographie du thorax
(face et profil), un scanner thoracique, abdominal et cérébral,
un TEP-scanner et une fibroscopie bronchique.
Le bilan d’opérabilité comportait : un ECG, des épreuves
fonctionnelles respiratoires, une gazométrie, un bilan bio-
logique. Dans les cas nécessaires, des explorations plus
complexes complétaient le bilan : échographie cardiaque,
épreuve d’effort cardiaque et cardiorespiratoire, scintigraphie
myocardique et de ventilation/perfusion.
Pour chaque patient ont été étudiés le type histologique pré-
opératoire, la méthode diagnostique préopératoire, le type
histologique postopératoire, la méthode diagnostique posto-
pératoire.
Étaient donc exclus les patients ayant un diagnostic préopéra-
toire autre que carcinome bronchopulmonaire et les patients
n’ayant pas de diagnostic préopératoire.
Avaient été définies comme « diagnostic concordant » les
histologies pré et postopératoires identiques. Avaient été
définis comme « diagnostic erroné » un diagnostic final de
cancer non confirmé ou des types histologiques pré et post-
opératoires différents. Avaient été définis comme « diagnostic
incomplet » une histologie finale de tumeur composite ou un
diagnostic de tumeur indifférenciée, précisée par la chirurgie.
Les résultats des concordances étaient exprimés en pourcen-
tage.
Au total, de janvier 2010 à décembre 2012, 743 patients ont
été suivis dans notre service pour un cancer bronchopulmo-
naire. Six cent trente-trois avaient eu un geste chirurgical à
but diagnostique ou thérapeutique. Parmi ces derniers, 218
avaient un diagnostic préopératoire et étaient inclus dans
l’étude.
3. RÉSULTATS
Deux cent dix-huit patients ont été inclus dans l’étude. La
moyenne d’âge était de 63 ans. Cent trente-huit étaient des
hommes (63 %) et 80 étaient des femmes (37 %).
Les diagnostics préopératoires ont été obtenus par 129 fibros-
copies, 15 TBNA, 13 EBUS, 61 ponctions sous scanner [ta-
bleau 1]. Les diagnostics postopératoires ont été obtenus par
123 lobectomies, 37 pneumonectomies, 1 pleuropneumo-
nectomie, 3 segmentectomies, 10 résections atypiques, 10
biopsies pleurales, 29 vidéomédiastinoscopies, 1 médiastino-
tomie antérieure, 5 cervicotomies [figure 1].
Cent cinquante-deux patients, soit 69,5 %, avaient une his-
tologie préopératoire correspondant au diagnostic définitif :
66 adénocarcinomes (ADK) (43,5 %) ; 67 carcinomes épider-
moïdes (CE) (44 %) ; 14 tumeurs carcinoïdes (8 typiques et
6 atypiques) (9 %) ; 2 carcinomes à petites cellules (CPC)
(1,5 %) ; 2 carcinomes non à petites cellules (CNPC) (1,5 %) ;
1 tumeur sarcomatoïde (0,5 %).
Vingt-trois patients avaient un diagnostic erroné (10,5 %) : 11
avaient des diagnostics pré et postopératoires différents (5 %) ;
12 patients, soit 5,5 %, avaient un diagnostic de cicatrice fibro-
élastosique sans qu’aucun reliquat tumoral n’ait été retrouvé
sur la pièce opératoire. Dans 3 cas, les patients avaient béné-
ficié d’un traitement néo-adjuvant.
Dans 20 % des cas, le diagnostic préopératoire était incom-
plet (n = 43). Vingt-trois patients (10,5 %) avaient au final des
diagnostics de tumeur composite, ayant au moins 2 sous-types
histologiques. Pour 20 patients (9 %) ayant un diagnostic ini-
tial de carcinome indifférencié, la chirurgie a pu préciser le
type histologique [figure 2].
Tableau 1. Méthodes diagnostiques préopératoires.
Nombre d’examens
réalisés
Nombre de
diagnostics obtenus Pourcentage
Fibroscopie 214 129 60,2 %
Ponction transbronchique 19 15 79 %
Écho-endoscopie 17 13 76,5 %
Ponction sous scanner 61 61 100 %